Moi : "Hein, quoi ? Sunn Beta Lead ? Qu'est-ce que c'est ? Un ordinateur ? Un logiciel de comptabilité ? De la lessive ?". Christophe : "Non mais en fait t'y connais rien en amplis ! Fallait le dire avant ! C'est un ampli guitare de légende. Nirvana, les Melvins et Red Fang ont joué dessus ". Moi : "Ah d'accord. Et ça ressemble à quoi ? " Christophe : "C'est une tête de 100 watts à transistors ". Moi : "A transistors ? Non merci ! J'avais un Fender JAM75 quand j'avais quinze ans et ça m'a suffi ! ". Christophe : "Tu me désoles. Vraiment..."

Donc si comme moi vous êtes un inculte total doté d’un penchant notoire pour les a priori, cet article est fait pour vous.


A PRIORI QUAND TU NOUS TIENS

Comme beaucoup de guitaristes, j’en étais garni sur la question des amplis à transistors. En voici donc un petit florilège :

  • - Les transistors ça sonne froid voire glacial.
  • - Les transistors ça produit des harmoniques peu flatteuses.
  • - Les transistors c’est faiblard en volume
  • - Et pour finir le plus intelligent de tous : Les transistors c’est quand on a 15 ans et qu’on n’a pas un rond.

Pour tenter de casser ces préjugés, j’ai travaillé d’arrache-pied. Des nuits entières, je me suis plongé dans des calculs sans fin à inconnues multiples. J’ai étudié les travaux des plus éminents spécialistes de la question et j’en suis arrivé à cette simple conclusion :

"Eh bien les amplis à transistors, c’est juste différent. Et puis c’est tout. "

Nombre de grands artistes ont aussi choisi ce type de matériel durant leur carrière. Carlos Santana, BB King, Georges Benson, Andy Summers, Frank Zappa, Jonny Greenwood, Josh Homme, pour ne citer qu’eux.

UN PEU D’HISTOIRE

Courant 1963, confronté à l’ampleur de leur succès, The Kingsmen, un groupe de Beat Garage originaire de Portland dans l’Oregon, se retrouve rapidement dans la situation où leur équipement ne peut plus faire face à la taille des salles qui les accueillent. Norm Sundholm, alors bassiste du groupe, s’engage avec son frère, Conrad, dans la réalisation d’un puissant ampli basse. Ils se voient rapidement dépassés par le succès suscité par leur création. L’étroit garage familial ne suffit plus à répondre aux demandes. La liste d’attente s’allonge au point qu’en 1965, naît Sunn Musical Equipment Company, à Tualatin, Oregon.

Très vite, Sunn devient la marque d’ampli haut de gamme dans le vent. Les plus grands groupes de l’époque la choisissent pour leurs de tournées : The Jimi Hendrix Experience (Noel Reeding), The Who, The Rolling Stones... rien que ça. Cette publicité suscite bien entendu un intérêt certain chez nombre d’investisseurs et industriels américains. C’est Bill Hartzell, patron de Hartzell Industries qui leur fait le premier une offre qu’ils ne pourront refuser.

Mais le monde de la musique étant ce qu’il est à cette époque, c’est à dire un tumulte permanent de créativité, de modes et de bouleversements, Sunn voit aussitôt l’attrait qu’il suscite, s’amenuiser au bénéfice d’un certain Jim Marshall, qui introduit fin 1965 ses premiers puissants Plexi de 100 watts. La roue tourne... mais pas dans sens de Sunn.

Pour atteindre le marché du grand public, Hartzell décide alors purement et simplement d’abandonner la production des amplis à lampes de la marque au profit uniquement d’amplis à transistors. Ces derniers sont plus légers, moins chers à produire et du coup, bien plus intéressants en termes de marge.

Ainsi, en 1979 naît la gamme Beta composée principalement du Beta Lead et du Beta Bass. Même si le Beta Lead se destine principalement aux guitaristes, ces deux amplis sont très similaires.

Enfin, en 1982 Fender rachète Sunn et continuera à produire quelques modèles de la marque (Sunn Model T & Sunn T50C) jusqu’à son abandon définitif en 2002. En dernier hommage, Fender transplantera néanmoins les circuits du Sunn 300T dans son Fender Bassman 300.

LES MAINS DANS LE CAMBOUIS

La Beta lead est le fruit de grandes avancées en matière d’ampli à transistors. Il utilise aussi de nouvelles technologies pour l’époque qui lui offrent ce son si particulier qui lui appartient pleinement.

On peut d’ailleurs lire sur la face avant de l’ampli, la mention "Digital C-Mos Technology ". Les puces d’amplification C-MOS sont une association de transistors MOSFET qui ont la particularité d’offrir une saturation agréable à l’oreille. Le Beta doit l’essentiel de sa sonorité à cette technologie.

Côté utilisateur, le Beta Lead est un ampli de 100 watts (très puissant) qui présente deux canaux identiques. Chacun dispose d’un Drive, d’une EQ à trois bandes, d’une reverb et d’un volume indépendant. Un master volume, fort pratique, permet aussi de contrôler le niveau de sortie des deux canaux.  
Le gros plus de cet ampli est aussi qu’il dispose d’une entrée guitare dite "Blend " qui permet de jouer simultanément sur les réglages des deux canaux.

Enfin, sur la face arrière, on trouve deux entrées/sorties de boucles d’effets pour chaque canal, une entrée footswitch, deux sorties HP de 4 omhs et aussi une entrée "Power Amp " pour y connecter le "Beta Power + ".

ET LE SON ?

Eh bien ça envoie du lourd... du très lourd.

Si vous je ne jurez que par le Stoner, le Grunge, le Doom et le Metal cet ampli est bel et bien pour vous !

De manière générale, sa sonorité est plutôt typée 90’s et ce n’est pas par hasard si sa renommée s’est construite à cette époque.

Kurt Cobain (période Bleach), Buzz Ozborne, Adam Jones et plus récemment Red Fang ont joué ou jouent encore dessus. Sans oublier le groupe Sunn O))) qui a fait le choix drastique de reprendre le nom de la marque et même son logo !

Pour le reste, je vous invite à regarder notre démo. Elle sera bien plus parlante que des mots !

Enfin, si l’eau vous monte à la bouche au point de vouloir en faire l’acquisition, il est toujours possible de le trouver sur le marché de l’occasion pour un tarif très raisonnable (autour de 500 euros suivant l’état).

A très bientôt pour une nouvelle démo !

Rudy

Test tête Sunn Beta Lead

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