Découverte
Nous avons donc entre les mains une boite cartonnée plutôt quelconque, tamponnée du logo de Pettyjohn, une manchette indiquant marque, nom du produit, numéro de série et un (long) texte faisant la promotion du produit (avec quelques précisions techniques).
A l'intérieur, on trouve la pédale ainsi qu'un petit dépliant reprenant le même texte technique accompagné d'un mode d'emploi/liste de composants.
On note que la pédale n'a pas de pieds en caoutchouc: Pettyjohn met en avant le caractère "pedalboard friendly" de ses réalisations, celle-ci ayant des connecteurs montés sur le haut de la pédale. Petit aparté sur les vis du “fond” des pédales (sur celle-ci ou beaucoup d'autres) que les constructeurs choisissent à tête ronde (je comprends aisément leur volonté de ne pas fraiser la plaque du dos pour chaque vis): avec cette protubérance sous les bandes velcro, l'adhérence à la structure est parfois remise en question... c'est un détail.
La pédale est lourde (1,133kg), bâtie comme un tank - nous écrivons souvent cela... mais là c'est encore plus justifié. Au dos, sortie et entrée encadrent une embase pour alimentation secteur (il est possible d'alimenter de 9 à 18V: le voltage sera ensuite doublé en interne afin d'augmenter la plage de dynamique). Ici, pas de possibilité d'utiliser une batterie 9 volts. Sur le modèle reçu l'embase n'était pas fixée très solidement au châssis.
Sur la face avant, personne ne sera perdu : nous sommes ici en terre anglo-saxonne, avec des contrôles qui semblent habituels: Level / Gain / Low / Highs. Les mediums ont quant à eux un traitement différents de l'équipement "de base", en étant gérés par un binôme que nous allons découvrir.
Plus en détails...
La particularité de cette Gold réside sous le capot de la section d'égalisation – le mode d'emploi nous donne quelques nombres et noms qui paraitront sans doute anecdotiques à la majorité d'entre nous – et pourtant loin de là!
Avant d'expliquer ce qu'il en est, commençons par rappeler ce qu'est la section EQ d'un ampli Marshall. Ce type d'égalisation est nommée "tone stack" ou "FMV tone stack" (pour Fender/Marshall/Vox) et comprend donc 3 contrôles. Nous ne rentrerons pas dans les détails du fonctionnement de tout cela, car des gens plus compétents le font très bien (ici par exemple). Nous rappellerons simplement que ce circuit passif (il ne permet pas de "booster", mais simplement d'atténuer les fréquences) est composé de filtres passe-haut et passe-bas (qui font exactement ce qu'on peut supposer) et qu'à l'inverse de ce qu'on l'on pense souvent, avoir tous les potentiomètres à midi ne délivre absolument pas un signal plat/équilibré... car ces 3 contrôles ne sont pas indépendants les uns des autres et interagissent (et comprendre tout cela vous fera revoir votre manière de régler votre matériel) - ce qui implique donc certaines limites dans l'amplitude des réglages et possibilités offertes.
Stephen Pettyjohn a souhaité ici offrir un produit beaucoup plus flexible et s'est servi de son expérience d'ingénieur du son dans la conception de la pédale. Il a donc décidé d'implémenter une section EQ inspirée de ce que l'on retrouve sur les consoles en studio. Pour les mediums, il s'agit d'un filtre en cloche: le premier mini-potentiomètre va indiquer la fréquence centrale souhaitée (entre 200 et 2000Hz) et le second va permettre de l'accentuer ou réduire, et ce jusqu'à 8dB. Les contrôles Low et High ont quant à eux un fonctionnement inhabituels (pour une pédale de drive) : il s'agit de filtres passe-haut et passe-bas indépendants. Nous allons via le potentiomètre sélectionner une fréquence (entre 20 à 750 Hz pour le Low et 1 à 20Hz pour le High) et tout ce qui se trouvera au dessus (Low) et au dessous (High) sera coupé. Comme vous pourrez l'entendre, ce circuit a un impact drastique et donne effectivement une flexibilité immense pour sculpter votre son.
Ainsi, en positionnant les Low et Highs à leur maximum et le volume Medium à 12h, la "courbe"/personnalité tonale de cette pédale est "neutre" ou transparente, dans le sens où lorsqu'on active le circuit de la Gold, il n'y a pas variation de fréquences (comme c'est le cas par exemple avec la bosse medium caractéristiques d'une Tube Screamer).
La Gold a une particularité supplémentaire, en offrant le choix de la capacité associée au filtre High : en l'ouvrant, on trouve un interrupteur deux positions qui alternera entre une capacité Auri-Cap aux qualités audiophile (donc transparente) ou une capacité "légendaire/mythologique" Orange Drop pour un rendu plus doux, "vintage" pour reprendre les termes du concepteur. C'est cette seconde option que nous avons préférée – et que vous entendrez donc dans la vidéo de test. Précisons que juste à coté se trouve un second interrupteur 2 positions qui permettra lui de définir la plage de dynamique (la pédale réagissant différemment d'un mode à l'autre).
Un énorme footswtich (true-bypass) permettra d'activer ou désactiver la pédale, et une toute aussi imposante LED relaiera cette information, tout deux positionnés sur un pan incliné, qui empêchera votre imposante chaussure de toucher les potentiomètres cités précédemment. Pettyjohn propose sur son site une solution de d'interrupteur relai silencieux (option payant également proposé lors de la commande en ligne).
A l'écoute
Nous branchons la pédale... (pas d'indication IN et OUT, mais on va supposer que c'est de droite à gauche comme la plupart du temps).
L'unity gain de la pédale s'atteint avec un Volume positionné sur 6 environ, sachant que jouer avec le Gain aura un impact raisonnable dessus. Il n'y aura pas vraiment de clean avec la Gold, même avec le gain au minimum. On trouve ici un son très légèrement sali, qu'on pourra “cleaner” avec le volume de l'instrument. Le potentiomètre de gain est extrêmement réactif et délivre un bel overdrive dès le 1er quart de sa course. La pédale répond exceptionnellement bien aux variations de jeu et aux différents micros. A coté d'autres pédales ayant le même objectif de donner vie au Plexi, la Gold se démarque avec un relief certain, une meilleur dimension (tout abstraits que ces mots soient). Comme évoqué précédemment, le potentiomètre High est à nos oreilles plus agréable lorsque commandant une capacité Orange Drop, autorisant des aigus peut-être moins criards (qui font partis de l'ADN du modèle historique).
Le gain quant à lui autorise un overdrive bien droit jusqu'à une distorsion fournie. Dans la première moitié de la course, le son est ouvert, stable, rond... un vrai plaisir! On sent la compression agir à partir du milieu de la course de la pédale, et les aigus se faire de la place.
Cependant, nous sommes surpris de la charge de Gain maximum, qui bien que généreuse, s'arrête bien avant le maximum que nous attendions.
Comme vous pourrez l'écouter et le voir dans la vidéo ci-dessous, le binôme de contrôle de medium permettra d'importantes et intéressantes variations et sculptage du son, dans ses plus extrêmes retranchements.
Seul bémol : même avec un réglage de Low à son maximum (donc sans filtrer), la Gold peine à délivrer une assise de basses, ce qui manquera à l'ensemble pour avoir une équilibre parfait.
Conclusion
Depuis quelques temps, Pettyjohn se faire ainsi beaucoup entendre, lire et regarder. Et il est vrai que ces pédales sont excellentes. Esthétiquement très réussie, la Gold délivre surtout de magnifiques sonorités, extrêmement réactives – comme sur un véritable ampli à lampe, et retransmet fidèlement toutes les nuances, qu'elles émanent de vos doigts ou des réglages de l'instrument. Nous avons eu une affection particulière pour un réglage low/ mid gain avec un potentiomètre au ¼ de sa course, laissant la guitare s'exprimer et surtout respirer.
Proposée à un prix catalogue de 259€, la Pettyjohn Gold se positionne parmi les pédales haut de gamme, mais se démarque sans problème par son caractère, autant esthétique que sonore.
Prix : 259€ T.T.C.
Site constructeur : https://pettyjohnelectronics.com/shop/gold-pedal/
Distributeur : Filling Distribution