Vingt ans et quelques centaines d'euros séparent la Music Man Steve Morse "de base" et le modèle anniversaire Y2d. Voici un test comparatif entre l'originale et sa petite soeur.
Là, c'est autre chose : la table flammée "Tobacco sunburst" en met tout de suite plein les yeux. Bon, peut-être pas assez pour justifier l'écart de prix entre les deux instruments. C'est donc l'heure de la prise en main. Là, en toute honnêteté, pas évident de se décider : les deux manches (aarghh, les "bird-eyes" !) sont un vrai régal pour les yeux et, surtout, les doigts. A vide, les deux guitares se montrent également exemplaires, même si, en se concentrant un peu, on ressent un peu plus d'ampleur sonore du côté de la Y2d. Mais qui va s'amuser à priver une telle guitare d'un ampli digne de ce nom ?
Test en duo
Ayant deux têtes Mesa Boogie Dual Rectifier branchées aux baffles de la même marque sous la main, on enlève un camarade de jeu pour effectuer une comparaison en temps réel. Là, les choses se corsent quelque peu, car si le modèle Y2d est "simplement" équipé de deux micros doubles humbuckers et d'un micro simple made in DiMarzio, sa grande soeur est quant à elle dotée de deux doubles ET deux simples (qui a vu Steve Morse en concert avec ce modèle a d'ailleurs pu se demander comment il arrive à s'en sortir avec ces onze combinaisons possibles !). Et c’est parti pour plusieurs heures de tests et de comparaisons entre les deux guitares, histoire de ne pas passer à côté des finesses de réglages...
En son clair (qui n'est pas le point fort du Mesa Boogie, rappelons-le), le modèle original se comporte mieux que la petite dernière, particulièrement en humbuckers : force est de constater que la Music Man Y2d manque de précision par rapport à sa grande soeur, ce qui est bien dommage, surtout en position manche. Dans ce dernier cas, la rondeur du son gêne la finesse dans le jeu et on se retrouve assez vite avec une espèce de crunch si l'idée nous vient de maltraiter un peu les cordes. La situation s’arrange un peu en jouant avec une égalisation externe, mais on n'atteint vraiment pas la qualité du son clair de la Steve Morse 1998.
Par contre, tout s'arrange pour la Y2d dès que l'on commence à passer à des sons proches de la distorsion. La dynamique est incroyable et on retrouve sur ce terrain la définition qui manquait en son clair. Certes, la Music Man Steve Morse originale tient excellemment la route mais le modèle Y2D la surpasse. Un constat qui ne fait que s'amplifier une fois que l'on pousse le Rectifier dans ses derniers retranchements distordus.
Rendons à César ce qui lui appartient : le modèle Morse "de base" est une guitare extraordinaire dans ce domaine, particulièrement du fait de la diversité des sons possibles (même si certaines différences entre les positions relèvent de la légère subtilité). Mais là, rien à faire : la Y2d est l'instrument du diable. Une conclusion étonnante quand on sait que les humbuckers des deux modèles sont les mêmes. Votre serviteur va même jusqu'à commettre l'irréparable, affirmant haut et fort que cette nouvelle guitare surpasse dans ce domaine sa guitare de prédilection, la Petrucci du même constructeur. Et pourtant, les faits sont là : quelle que soit la position, quoi que l'on joue, la réponse de la Y2d est incroyable. Du hard-rock made in AC/DC au death metal le plus sauvage, tout est jouable. La Y2d réussit à avoir une personnalité propre sans que cela constitue un « handicap » comme cela peut être le cas avec, par exemple, la très typée Petrucci...
La guitare existe en version avec ou sans tremolo (hardtail).
Les points forts de la Y2d :
> La lutherie
> Le look superbe
> La qualité et la palette des sons en crunch et disto
Les points faibles :
> Des sons clairs décevants par rapport au modèle de base
> Un prix assez prohibitif, autour de 2500 euros pour la France
La description de la Music Man chez le distributeur HTD
http://www.htd.fr/Musicman_morse.htm
Le site de Steve Morse :
http://www.stevemorse.com/