Nouvel entrant sur ce marché déjà très occupé des pédales d’effet (pour guitare), la marque MC Systems a été lancée par Warren McAlister, fort de plusieurs années d’expérience dans cette même industrie. Développée en Australie et fabriquée en Chine, la gamme Appolo ne se présente pas comme une série de pédales de plus car elle propose une caractéristique encore (ou rarement – ne nous connaissons pas tout !) jamais vu: le V-Switch, un footswitch réagissant à la pression…

La gamme Apollo est constituée de huit pédales (toutes analogiques, exceptés le delay et le Hybrid Chorus) couvrant la grande majorité des besoins (standards) guitaristiques. Chaque produit est livré dans un coffret cartonné assez sobre et luxueux, où figurent également un court mode d’emploi de l’effet en lui-même ainsi qu’une petite fiche explicative concernant le réglage de sensibilité du V-Switch (voir plus bas).


Ces pédales sont doublement nommées par la typologie de l’effet qu’elles embarquent (fuzz, phaser, delay…) mais également par 3 lettres – qui renvoient aux abréviations utilisées dans la désignation des aéroports internationaux.

Les boitiers de ces 8 produits sont similaires en tout point (même emplacement et nombre de contrôles) – la seule différenciation étant la couleur et bien entendu la sérigraphie. Ils sont assez lourds et paraissent totalement indestructibles. Le look est assez moderne, la finition excellente et il est important de préciser qu’en main, le produit est nettement plus compact et moins grossier que ce que les photos laissaient paraitre.
Chaque pédale fonctionne en 9 volts avec une alimentation secteur (non fournie) ou une pile – qui nécessitera d’ôter les 4 vis de la partie arrière du boitier – plaque par ailleurs recouverte entièrement d’un patin dérapant (bien pour les guitaristes ne possédant pas de pedalboard ; plus gênant pour ceux qui souhaiteraient mettre du Velcro dessus). De part et d’autre de la prise male 9 volts (située sur la tranche supérieure du boitier) on trouve les entrée et sortie au format 6.35mm (les dimensions standards d’un câble de guitare donc).

Sur chaque pédale, l’effet sera modelé via 3 paramètres. Cependant, nous constatons que le tableau de bords comporte 5 potentiomètres, 2 footswitch et un inverseur 2 positions :
La partie « Alternative »
Très simplement, MC Systems nous offre le choix de deux réglages « alternatifs » du même paramètre. Selon les modèles il s’agira soit d’une duplication du contrôleur (même courbe, même amplitude) soit deux courbes différentes (le second contrôleur commençant son action là ou le premier la termine).
Vous pouvez sélectionner un des deux réglages à la volée via le footswitch, que l’effet soit activé ou non.
Au centre de chaque appareil se trouve un troisième potentiomètre sans fonction cachée ou alternative.
Sélecteur V-Switch et ses 2 contrôles (sur la partie gauche de l’appareil)
Comme sur n’importe quelle pédale d’effet pour guitare (ou presque), l’activation de l’appareil s’effectue via un solide footswitch (ici True-Bypass). En mode ‘standard’, il active/désactive l’effet qui sera en partie modelé grâce au potentiomètre se situant le plus en haut dans l’alignement de cet interrupteur (ou d’une autre manière celui qui ne s’appelle pas « V-quelque-chose ») - jusque-là rien de nouveau.
L’interrupteur se situant au milieu du tableau de bord, lorsque positionné sur la gauche, permet d’activer une reconnaissance de la pression exercée sur le footswitch ON/OFF (mode ‘V-Switch’). Cette option va activer un capteur qui analysera la pression exercée sur le footswitch et, selon sa situation par rapport à un seuil prédéfini, dirigera le signal entrant vers le potentiomètre précédemment cité ou vers son alter ego ‘V’ se situant juste en dessous (qui est la plupart du temps un contrôle permettant d’obtenir un rendu plus affirmé de l’effet : plus de drive, plus de profondeur…). La sensibilité à la pression est réglable (nous n’avons pas tous le pied aussi lourd) via un mini potentiomètre (nécessitant un tournevis) qui se trouve au dos de la pédale, sous une petite languette de patin antidérapant.

Cette reconnaissance de pression et l’option des 2 paramétrages sont de réelles bonnes idées. Cela permet d’avoir deux choix sous le pied, ce qui peut être un réel atout au sein d’un même morceau. On peut se dire que la pédale Drive pourrait fournir un léger gain pendant un couplet et ensuite, grâce au V-Switch, délivrer un gain beaucoup plus poussé pour le refrain. C’est tout à fait possible…mais entre les deux parties (et les deux réglages) il faudra repasser par le statut OFF de la pédale : la reconnaissance de la pression se fait à partir de l’état inactif de l’effet. Ce n’est en soit pas un souci – il faut juste s’y faire (et être rapide).
Nous émettons cependant un léger bémol sur la sensibilité du capteur. Même si il est effectivement possible de l’adapter à l’utilisation de chacun, le résultat reste parfois peu précis: pour une force de pression plus ou moins équivalente on se retrouver aléatoirement avec l’un des deux réglages. Pour les besoin du test vidéo (et l’activation manuelle des pédales), nous avons réglé chaque pédale sur une sensibilité maximum à savoir (en théorie) l’indisponibilité totale du réglage 1 (ou « standard ») en mode V-Switch (rappelons que ce paramètre n°1 reste disponible à partir du moment où l’on replace l’interrupteur V-Switch sur le mode normal). Le résultat devrait donc être le suivant : peu importe l’intensité de la pression, le paramètre n°2 (ou V-paramètre) est sélectionné. Vous constaterez dans la vidéo que ce n’est pas systématiquement le cas…

Les détails de la gamme

LYN – DYNAMIC PHASER
1. Paramètres V-Switch : DEPTH et V-DEPTH / Profondeur-intensité de l’effet. Le mode V-DEPTH va permettre de créer un effet avec plus de relief – les 2 potentiomètres vont fonctionner en binôme.
2. « DEFINITION » : ajoute de la clarté au son, en en faisant ressortir les fréquences aigues.
3. Paramètre Alternate: RATE – vitesse de l’effet. L’amplitude du potentiomètre du bas commence là ou s’arrête celle du haut.
Le rendu de ce phaser analogue (FET 4 step) est assez léger, avec le son original toujours très présent (même avec l’intégralité des réglages à son maximum) – il est d’ailleurs dommage de ne pas avoir de contrôle de mix en plus des potentiomètres habituels de ce type d’effet. A noter que la courbe de l’effet est plutôt brute, avec de grosses cassures (probablement des ondes carrées).


CGN - DYNAMIC DELAY
1. Paramètre V-Switch : REGEN et V-REGEN (à savoir Régénération ou feedback). Il s’agit du choix du  nombre de répétitions du signal. A partir des ¾ de la course du potentiomètre, le REGEN délivre une répétition perpétuelle dont le volume prend le dessus sur celui du signal orignal. Bien qu’ayant une action similaire, les DEPTH et V-DEPTH fonctionnent en binôme. L’alternance entre les deux pourra donc permettre d’avoir des répétitions différentes (par exemple une qui meurt rapidement, tandis que l’autre devient perpétuelle). Dans cette configuration (et dans la mesure ou il n’est pas possible de passer de l’une à l’autre sans passer par le statut OFF de la pédale, une option « TRAIL » aurait été pertinente: il s’agit de la possibilité de faire mourir naturellement l’écho lorsque l’on passe l’effet en OFF (et non pas l’interrompre brutalement).
2. LEVEL : Volume de l’effet (de la répétition)
3. Paramètre Alternate: TIME - durée entre le son original et la répétition. Il s’agit exactement des deux mêmes contrôles avec des variables et une amplitude similaire. La durée maximum n’est pas excessivement longue.
Ce delay (très simple d’utilisation)  se place dans la tendance actuelle des récréations d’écho vintage, avec une répétition du son qui se salit petit à petit. Tout comme le permettaient les appareils originaux imités - via la bande qui servait à enregistrer/rejouer le son, il est possible en modifiant le paramètre TIME pendant le jeu de créer des parasites/sonorités très intéressantes – il est également possible de produire ces petits effets en passant d’un réglage Alternate à l’autre. On note une très légère baisse de la brillance et de la définition du signal de son lorsqu’on active l’effet.
Dans le cas de ce produit, où le réglage Alternate permet de choisir entre deux temps de répétition, on a tendance à se dire qu’un Tap Tempo aurait été plus flexible (mais la loi des process industrielle remporte le jeu).


NKM - DYNAMIC DRIVE
1. Paramètres V-Switch : DRIVE et V-DRIVE… le gain donc ! En mode V-Switch, les deux potentiomètres fonctionnent en binôme et couvrent l’exacte même progression de gain. L’alternance entre le mode standard et le mode V permettra d’avoir 2 niveaux de gain sous le pied
2. TONE : potentiomètre assez progressif qui permet de très légèrement sculpter le son sachant qu’encore une fois, l’activation de la pédale réduit la brillance du signal original
3. Paramètre Alternate : il s’agit de deux LEVEL. Cela permettra au guitariste d’avoir par exemple un réglage standard pour son morceau et un réglage plus fort pour prendre la main en solo. Sur l’exemplaire que nous avions en test, il semblait y avoir un léger défaut à savoir l’action d’un potentiomètre alors même qu’il n’était pas sélectionné : en sélectionnant le potard du haut (que l’on place sur 0) on entendait un signal très abimé en poussant le second potentiomètre à fond (et vice versa)

Il s’agit d’un overdrive plutôt modéré, dont la personnalité et le relief ne lui permettra pas réellement de se détacher de la concurrence. Cependant les possibilités qu’offrent le V-Switch et le double volume lui donneront certains avantages.

 
BWI - DYNAMIC FUZZ
1. Paramètres V-Switch : FUZZ et V-FUZZ. Il s’agit tout simplement du gain de l’effet. Le potentiomètre du bas (V-Fuzz) ajouter encore plus de gain au réglage de celui du haut
2. TONE : Tonalité…
3. Paramètres Alternate : LEVEL. Ici aussi nous retrouvons deux réglages de volume. Attention cependant car ces volumes ne permettent pas, comme pour la DRIVE, de prendre la main pour solo, le volume maximal égalisant tout juste avec le volume original du signal (pédale OFF).
Cette fuzz s’illustrera le mieux avec son gain poussé à fond.


LHR - DYNAMIC DISTORSION
1. Paramètre V-Switch : DRIVE & V-DRIVE. Il s’agit bien entendu du gain de cette distorsion. En mode V-Switch, ils fonctionneront en binôme. L’utilisation des deux réglages permet d’avoir deux « pédales » sous le pied, très pratiques.
2. LEVEL : volume de sortie de la pédale.
3. Paramètre Alternate : TONE. Ici, nous avons deux tonalités, qui permettront de modeler votre son. Les aigues sont un peu criards et accentuent légèrement le volume. J’ai personnellement des doutes quand à l’utilisation de cette option. Il aurait peut être été plus pertinent de donner le choix de deux volumes, comme sur la DRIVE ou la FUZZ, ou alors de 2 gains (à la place de V-Switch) pour éviter de devoir repasser par le mode « OFF » entre les deux.
Il s’agit d’une bonne pédale de distorsion trouvant sa zone de confort lorsque le gain est poussé. Elle pourra s’adapter à pas mal de styles  - qui ne nécessitent cependant pas un son trop propre et défini.


BSL - HYBRID CHORUS
1. Paramètres V-Switch : DEPTH & V-DEPTH. Profondeur (ou intensité) de l’effet chorus. Ils fonctionneront en binôme en mode V-Switch.
2. ACTIVE LEVEL : présenté comme un niveau/boost, ce potentiomètre sera toujours placé entre 8 et 10 pour permettre au niveau global de la pédale d’être équivalent à celui du signal original (effet off).
3. Paramètres Alternate : RATE. Il s’agit de la vitesse de l’effet. Ces deux contrôleurs ont des amplitude et fonctionnement similaires.
Cet Hybrid Chorus rassemble d’après sa notice technologies analogique et digitale. Grace à ses 2 réglages de profondeur et ses deux RATE, il offre un certain nombre de combinaisons très pertinentes sous le pied.


LAX - GLASS CHORUS
1. Paramètres V-Switch : DEPTH & V-DEPTH. Tout comme le premier chorus, nous avons ici à faire à deux réglages de profondeurs
2. GLASS : il s’agit d’un contrôleur de hautes fréquences permettant de donner beaucoup de brillance au son
3. Paramètre Alternate : RATE. Encore une fois nous nous trouvons face à deux options de vitesse
Ce chorus, analogique et fonctionnant donc avec des Bucket Brigade, produit un effet très précis et net, voir froid, typique des années 80. Il est assez modulable et progressif et se joindra parfaitement au delay.


SYD - STRING REVIVER
1. Paramètres V-Switch : DEFINITION & V-DEFINITION
2. SLOPE : sélection de la bande de fréquence à magnifier via le réglage de DEFINITION
3. Paramètres Alternate : LEVEL. Ici aussi, nous retrouvons deux propositions de volume de sortir de la pédale.
Il s’agit d’un traitement du son (pour guitares acoustiques et électriques) qui va ‘raviver’ les fréquences ciblées via le SLOPE. D’une manière générale, l’effet redonne de la brillance et du « clinquant », à votre signal – attention à ne pas trop pousser la Définition, qui ajoutera du souffle.


POUR CONCLURE
Lancées dans la seconde moitié de 2014, ces 8 pédales sont bâties comme des tanks et résisteront à n’importe quel assaut scénique. L’ensemble de la gamme Apollo se démarque grâce à son innovant V-Switch couplé à la possibilité de choisir un second réglage de paramètres Alternate. Ces deux idées sont excellentes mais auraient cependant pu être mieux adaptées pour certains effets (le delay ou la distorsion) et un peu mieux maitrisées (réglage de la sensibilité du capteur de pression à améliorer et à homogénéiser).
Proposées sur le Internet autour des 179$ (pas de distributeur attitré en France au moment de la rédaction de ces lignes), les Apollos ouvrent la voie à cette nouvelle marque aux idées excellentes et prometteuses.

Prix public : autour de 179$ selon modèles.

Les Plus :
+ De nombreuses options disponibles avec les doubles réglages V-Switch et Alternate
+ Technologie novatrice
+ Construction incassable
+ True Bypass

Les moins :
Nécessité de repasser par le statut OFF de l’effet pour alterner entres les deux réglages liés au V-Switch
La réponse du V-Switch à la pression exercée est très subtile et parfois aléatoire (même avec le réglage de la sensibilité à l’extrême) – pas la même réponse sur les 8 pédales avec le même réglages
Excellente idée du V-Switch et de l’Alternate, mais choix des paramètres parfois peu pertinent

La gamme Apollo de MC Systems passée au crible