C'est vrai que régulièrement je peste après les marques qui copient et n'essaient pas de sortir des sempiternels modèles stratoides et LP. Notez que ça reste de la "faute du consommateur", tant qu’il achètera en masse des Strat, les marques ne se poseront pas beaucoup plus de questions.

Sans toucher à l’innovation extrême comme chez le luthier Jean-Yves Alquier avec ses formes dissidentes et ses guitares en bambou ou chez les très conceptuelles Relish Guitar, il semble que Jérémy Joye (alias J.Joye) se soit approprié une image, ait choisi une direction et, que ce soit au niveau esthétique ou sur les paramètres sonores, rien ne laisse présager que ces guitares ont été imaginées et développées au 21ème siècle.
D’autres choses sont possibles : avancer dans le passé ou retour vers le futur, il faut simplement trouver le public et l’aider à s’approprier les créations sorties de la tête des luthiers et autres fous du ciseau à bois (de la chanfrinette dirait le lutheron).



La première difficulté est souvent esthétique. Habitués à la sobriété, on est tentés de passer à côté de la Starlette en la considérant comme un guitare girly (ouais, couleur pétante et pailletée) ou réservée aux allumés de la banane (la coiffure sinon ma phrase n’a aucun sens), les blousons en cuir et passionnés par les grosses américaines (les voitures… merci…) garés aux abords d’un “diner”.
Force est de constater que cette musique n’est pas la plus populaire dans l’hexagone, même s’ il reste encore des dingues de rockab’ et autres vieilles tendances de vieux Rock n’ Roll entre les 50’s et les 60’s qui aiment quand « ça twang à mort » (comme mon pote Johann Gauthier de Hot Gang que je vous recommande chaudement et particulièrement en live).
Mais moi, j’en joue pas. Alors comment un tel instrument pourrait-il me toucher ?
C’est en écoutant Brice évoluer sur la Starlette lors de l’enregistrement de la démo que je me suis dis, “Mais pourquoi pas ?”.
La Strat n’était pas conçue pour les guitaristes de blues à la base et pourtant… La Les Paul n’avait pas effleuré le doigté doux et léger de Zakk Wylde lors de sa conception…

Il faut avant tout prendre la Starlette pour sa conception : corps en aulne, manche (collé) plutôt épais (type 59’ rounded) érable, touche ébène, micros simple bobinage (fabriqués par G&B, firme coréenne, selon les spécifications de J.Joye) et vibrato Duesenberg Les Trem II.
Ça a donc peu de chances de sonner très chaud et soft. On va plutôt retrouver une ambiance claquante et une dynamique très prononcée.
Rien à dire sur la finition des guitares. Elles sont réalisées en asie et terminées en France. On peut même dire que pour une fois, la marque est en adéquation avec le prix proposé. C’est assez rare pour être souligné, mais le prix de 999 euros (+90 euros pour la version avec vibrato) pour la Starlette ne me parait absolument pas prohibitif au regard de la prestation proposée. C’est d’ailleurs ce qu’il ressort des J.Joye que j’ai pu avoir entre les mains.



Au final, cette guitare me plaît bien. Il y a quelque chose à écouter et à ressentir. Originale, sans concessions, elle mène le guitariste vers un mood, un feeling qui lui offre des éléments pour donner vie à sa musique.

Prix public sans vibrato: 999 euros
Prix public avec vibrato: 1089 euros

Fiche technique :
Corps en aulne
Manche en érable monté collé avec talon profilé
Diapason 648mm
Touche ébène 22 cases, radius 12" avec repères sparkle
Set micros simple bobinage sweet 60's
Electronique 1 vol, 1 tone, 3 way switch. Boutons avec collerette numérotée.
Pickguard en plexi
Chevalet tune-o-matic
Mécaniques à blocage
Straps locks
Valise vintage tweed tolex
Coloris blue sparkle, red sparkle
Vibrato Duesenberg en option

J.Joye Starlette