Sortie début novembre, la Gibson Robot associe la légende de la marque et les nouvelles technologies. Fender avait déjà ouvert la brèche grâce à la Stratocaster VG, mais dans le cas de la Robot, la technologie ne sera pas utilisée pour la même finalité. La Gibson Robot mise tout sur l’accordage.

Gibson Robot : quand la technologie rencontre la légende…

Sortie début novembre, la Gibson Robot associe la légende de la marque et les nouvelles technologies. Fender avait déjà ouvert la brèche grâce à la Stratocaster VG, mais dans le cas de la Robot, la technologie ne sera pas utilisée pour la même finalité. La Gibson Robot mise tout sur l’accordage. 2000 euros pour s'accorder, ça fait pas un peu cher ?
Par Kevin Cintas

 

 

Lutherie
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est bon de préciser que la Gibson Robot est conçue sur une base de Les Paul Studio : manche acajou, touche palissandre, 22 cases avec frettes medium/jumbo, table érable et corps acajou, deux micros humbucker dont un 490R et un 498T (pour rester fidèle à la chaleur et au son massif des Les Paul), deux volumes et deux tonalités, tune-o-matic. Aucun changement a priori.
Seulement a priori, car la Robot bénéficie d’un corps creusé. Deux raisons à cela sont avancées : un gain de poids non négligeable, quand on connaît la masse importante et le déséquilibre des Les Paul et, dans un second temps, les cavités creusées et recouvertes par la table en érable donneraient une meilleure résonance à la guitare. Sur ces points, je resterai assez sceptique, car même si la guitare parait être un peu plus équilibrée, le poids reste tout de même important et, à vide, la guitare sonne toujours aussi bien qu’une Les Paul.
Côté finition, un simple binding sur le manche et un « sunburst » bleu très « moderne » rappelant curieusement la Gibson HD-6x. Il est d’ailleurs dommage que Gibson n’ait pas choisit une finition plus standard car celle-ci donne à la guitare un côté gadget qui ne plaira probablement pas aux fans de la marque. J’ai pu croiser lors de ma visite du Showroom Gibson, un modèle sunburst bien plus appétissant. Dommage que celui-ci n’ait pas été le modèle principal…

 

Le système d’accordage
Le principe est simple : grâce à des capteurs intégrés dans le chevalet, le système va analyser les vibrations émises par la corde et va renvoyer aux mécaniques motorisées les informations nécessaires à l’ajustement de l’accordage demandé, le tout étant alimenté par une batterie nécessitant un appareil spécial pour la charger. Expliqué de la sorte, tout cela a l’air bien barbare et complexe, mais finalement l’utilisation reste relativement simple.

Les réglages d’usine de la guitare permettent donc bien des accordages.
- Le plus courant de tous, l’accordage standard E A D G B E,
- Le très usé open tuning de G (les cordes tapées à vide donnent un accord de Sol majeur),
- L’open de Mi majeur
- Le fameux DADGAD, accordage cher aux guitaristes adeptes du finger-picking
- Le D drop tuning, accordage standard avec la corde de Mi grave accordée en Ré
- Sa variante comprenant en plus la corde de Mi aiguë accordée en Ré
- Et pour terminer un accordage standard mais descendu d’un demi-ton.

Et tout cela que pour les réglages standards. Car la Gibson Robot recèle bien d’autres trésors.

Il est en effet possible de modifier l’étalonnage de l’accordage. Par défaut, l’étalonnage est de 440hz mais il est modifiable de 435 à 446Hz (ce qui permet d’accorder son instrument légèrement plus haut ou plus bas tout en respectant la justesse des accordages). La manipulation est un peu moins simple à effectuer que l’accordage standard : l’emploi de la notice (en anglais malheureusement) sera donc indispensable.

D’autres possibilités sont offertes, comme la capacité d’enregistrer ses propres réglages ou le rappel d’un précédent accordage : encore moins simples à effectuer que le changement d’étalonnage.

 

 

L’utilisation
Si l’on ne prend en compte que l’utilisation des fonctions « standard » de la Gibson Robot, tout est assez simple. Mais n’espérez pas pouvoir changer d’accordage au beau milieu d’un morceau, car la guitare a besoin de temps, entre 10 secondes et 40 secondes (selon des raisons qui parfois nous échappent…), pour arriver à un accordage fiable. La simple vérification d’un accordage par ce moyen reste donc fastidieuse et n’est pas indispensable pour le guitariste lambda qui sait s’accorder.
D’ailleurs, finalement, à qui peut s’adresser la Gibson Robot ?
Certes, le débutant sera ravi que sa guitare s’accorde toute seule, mais un accordeur fera tout aussi bien le travail… et pour moins cher. On imagine également mal un novice utiliser des open tuning différents de manière régulière, la compréhension d’un seul accordage étant suffisamment long.

 

 

Le guitariste de niveau moyen, à condition qu’il soit un adepte des open tuning, pourra avec un seul et même instrument, s’amuser avec les quelques open qu’il aime jouer. Mais alors qui peut vraiment avoir l’utilité d’un tel engin offrant de telles possibilités ?
Plus probablement, l’amateur éclairé ou le professionnel qui joue sur scène ou au moins en groupe. Norbert « Nono » Krief (guitariste de Trust et de Johnny Hallyday) lui-même me confiait, lors de la soirée de présentation de la guitare, utiliser deux à trois accordages différents lors de ses concerts.
Le concept de la Gibson Robot prend alors tout son sens. Et 2000€, pour plus de confort sur scène, n’a rien d’exorbitant pour un pro.

 

En conclusion
Malgré le fait que le système existait déjà depuis quelques années, Gibson a su lui donner une légitimité et un concept global cohérent. Il n’en reste pas moins que le coût de la guitare, auquel s’ajoutent l’électronique pointue du système d’accordage et les connaissances nécessaires pour comprendre et utiliser pleinement celui-ci, ne font pas de la Gibson Robot un outil pour tous.
Le temps nous donnera aussi la mesure de la fiabilité de l’électronique, qui pourrait laisser dans la panade un musicien sur scène. Et oui, quand on choisit de n’avoir qu’un instrument sur scène, on redoute que celui-ci ait un problème électronique ou simplement une panne de batterie inopinée… Un peu comme un chanteur dont le micro sans fil se retrouverait à plat. Quoi ? C’est déjà arrivé ?

 

Lutherie et son fidèles à la légende Gibson
Utilisation relativement simple
Possibilités de réglage importantes
S'adresse essentiellement aux pros
Un seul modèle est disponible (uniquement Les Paul)

 

Fiche technique
- Corps : Acajou
- Table : Erable
- Manche : Acajou, 22 cases frettes medium Jumbo
- Touche : Palissandre
- Repères de touche : Ivoire
- Micros : un humbucker 490R et un humbucker 498T
- Deux réglages de volume, deux régalges de tonalité dont un utilisé pour l'accordage (master control knob)
- Un sélecteur trois positions
- Finition : Burst Blue
- Chevalet : Tune-O-Matic (intégrant le dispositif d'analyse du son)
- Mécanique : Powerhead tronical

Prix : 2000€ en édition limitée

Gibson Robot : quand la technologie rencontre la légende…