La Starla est un tremolo boutique embarquant un grand nombre de possibilités sonores dans un petit boitier. Fabriqué à la main en Croatie, il mélange analogique et digital et annonce des caractéristiques alléchantes : 8 formes d’ondes, tap temp, synchronisation…penchons-nous sur le sujet.
Bien qu’occupant une grande place dans l’offre de pédales dites « boutique», les américains ne sont pas les seuls acteurs de ce marché. La preuve avec la société Dawner Prince Effects, créée à Imotski (Croatie) en 2009 par Zoran Kraljievic, ingénieur et musicien expérimenté, qui a commencé à fabriquer ses effets pour le guitariste de son groupe. Ces créations ont eu ensuite un certains succès…ce qui nous mène quelques années après au Starla.
La Forme
Même si l’industrie guitaristique tend ces derniers temps vers la miniaturisation des équipements (et particulièrement des pédales), les dispositifs embarquant un tap tempo (donc 2 footswitchs, avec le ON/OFF) n’occupent généralement pas les boitiers les plus compacts, de type MXR ou ZVex . Et C’est donc cette caractéristiques physique qui saute aux yeux avec la (ou le ?) Starla, en plus de son très beau revêtement violet pailleté. En alu, d’une taille d’environ 11cm sur 6, ce tremolo est un des plus compact de l’industrie, et trouvera sa place sur les pedalboards déjà bien fournis. Pour faciliter son montage et sa “velcroïsation” le boitier ne comporte d’ailleurs aucun patins caoutchouc (un plus pour certains, un moins pour ceux qui ont l’habitude de poser leurs pédales à même le sol). Il peut être alimenté en 9 ou 18 volts, sur secteur ou pile, si on prend le temps de dévisser et ôter la partie arrière de la pédale.
Fourni dans un emballage plastique mentionnant son numéro de série, la Starla est accompagnée d’un mode d’emploi (d’ailleurs pas vraiment nécessaire pour l’utilisation de 95% de l’appareil). Mettons également en avant la qualité du boitier et de la sérigraphie, vraiment réussis !
Toutes Options !
Coté équipement, ce trémolo embarque donc 2 solides footswitch qui s’occuperont de mettre en fonction/arrêt l’effet pour celui de droite (Status) et d’en déterminer le tempo par celui de gauche (tempo d’ailleurs annoncé par la LED se situant au dessus, information essentielle lorsque l’effet n’est pas activé). A noter que cet interrupteur est « silencieux », à savoir qu’il n’y a pas de détente et qu’il n’est pas nécessaire de l’enfoncer avec beaucoup d’insistance pour qu’il prenne en compte la pulsation. Le footswitch d’activation est true-bypass, couplé à un relay.
Nous restons dans le coté simple et clair avec les 4 gros potentiomètres que sont le Volume, le Speed, le Depth et enfin le Waforme. Ces 3 premiers contrôleurs sont des standards pour ce type d’effet (et pour d’ailleurs un grand nombre d’autres !) : tandis que le Speed détermine la vitesse de l’effet et le Depth son intensité, le volume permettra de compenser l’impression de baisse du niveau sonore (effet de psycho acoustique) liée à l’utilisation du tremolo et son alternance de crêtes et de creux dans la courbe du son. Il est d’ailleurs possible, en réglant la vitesse et l’intensité/profondeur au minimum et en jouant sur le réglage de volume, d’utiliser le Starla en Clean Boost – il peut pousser le signal jusqu'à + 14dB - !
Le paramétrage de la rapidité du cycle de la forme d’ondes peut donc se faire de différentes manières : manuellement via le Speed, ou au pied en tapant le tempo souhaité sur le footswitch dédié. Notons que le tempo s’adapte après seulement deux pulsations, ce qui n’est pas gage d’un résultat optimal pour coller à un morceau. Cela n’est cependant absolument pas la faute du fabricant mais plutôt celle de l’utilisateur (vous, donc !). En effet, les quelques recherches sur le sujet ont apparemment démontré que les batteurs étalonnaient le mieux un tempo avec 4 pulsations plutôt que deux ou trois. Cela semble tout à fait logique et humain car il faut un minimum de temps pour « s’installer » dans un tempo (si cela à un sens). Cela dit, pour plus de « sécurité », rien ne vous empêche de « coller » votre pulsation au tempo en tapant votre pied dans le vide et ensuite de pousser 2 fois le footswitch …
Il y a encore une troisième manière d’assigner une vitesse au Starla, via le port peu courant nommé « Sync », sur le coté gauche de l’appareil. Cette prise est dédiée à être raccordée à un autre appareil (pédales, switcher, tap tempo externe) pour se synchroniser et, soit recevoir l’indication de Tempo ou alors la lui envoyer (selon le paramétrage du réglage interne).
Ces contrôleurs de vitesse (indépendants les uns des autres) voient tous leur fonctionnement couplé au petit interrupteur 3 positions « 1/2/3 ». Il va permettre de doubler ou tripler la valeur choisie par le premier contrôleur, ce qui facilite grandement la tache de taper un tempo de 180bpm par exemple… Il suffira ainsi d’exercer une pulsation de 60bpm sur le TAP/SYNC et de positionner l’interrupteur sur 3 (3x60 = 180 n’est ce pas). L’interrupteur peut être actionné avant ou après le réglage manuel ou le tap tempo , la vitesse changera automatiquement et permettra des effets très intéressants et déroutants. La démonstration vidéo sera cela dit plus parlante.
Le cœur
Le centre névralgique de la Starla se trouve dans le potentiomètre nommé Waveform : il s’agit du sélecteur des 8 formes d’ondes disponibles. En plus de la basique sinusoïdale et des classiques triangulaire et carrée, Dawner Prince nous offre deux dents de scie (courbe inversée), deux ondes en forme de cloches (convexe et concave) et enfin une forme d’ondes « random », hasardeuse donc !
Tandis que certaines positions offrent des résultats reconnaissables et distinctifs, d’autres sont plus compliqués à identifier et différencier, car vraiment très précis. Le seul gros bémol de cette pédale se trouve ici : pour changer de forme d’ondes, il suffit de tourner le potard lentement jusqu'à ce que le changement audio se fasse entendre… lorsqu ‘il se fait entendre ! La différence entre certaines formes d’ondes est tellement infime (par exemple les jumelles inversées dents de scie ou cloches) qu’il est parfois nécessaire de positionner le réglage Depth à son maximum pour vraiment entendre la différence et se rendre ainsi compte que nous sommes bien sur la forme d’ondes désirée. La sérigraphie, même si parfaitement exécutée, et le positionnement des pictogrammes de formes d’ondes ne sont pas des indicateurs suffisamment précis dans l’utilisation du potentiomètre et le choix des formes d’ondes. Il est ainsi très dommage que ce potentiomètre ne soit pas cranté.
Ce grand nombre de possibilités est couplé au mini-potentiomètre Duty présent sur le coté du boitier : il permet de fixer librement le point de départ du son sur la forme d’ondes sélectionnée (exceptée logiquement la « Random »). Pour expliquer son action, prenons par exemple la forme « Triangle » et positionnons le Depth à son maximum. Par défaut, le signal sonore va commencer son cycle à 0 (pas de son donc) pour ensuite progressivement monter jusqu’à son pic (100% = volume maximum) et ensuite redescendre à la même vitesse que la montée et se retrouver à 0 (pas de son). Le Duty permet de décider que le début du cycle ne sera pas à 0, mais par exemple au milieu de la montée, disons à 60%.
Même si le souhait de proposer un grand nombre d’options et de réglages au guitariste est louable, j’ai personnellement de grands doutes quant à la réelle utilité de cette option… Mais elle est dans le boitier, ne prend pas de place et peut-être certains trouveront cela très pertinent !
Analogique ET digitale ?
Certains se demanderont comment il est possible de faire cohabiter ces deux notions dans un seul boitier.
Un effet tremolo peut-être conçu autour de différentes technologies (ici, l’association d’une DEL et d’une photorésistance, couple nommé « Vactrol »). Dans tous les cas, il s’agit d’un ou plusieurs composants (analogiques) qui provoquent une réduction du volume du signal selon une fréquence précise (vitesse) et en suivant une courbe prédéfinie (forme d’ondes). Le choix de plusieurs formes d’ondes au sein d’un même boitier ou encore l’analyse d’une pulsation exercée sur un interrupteur sont techniquement impossibles dans un environnement de contrôle 100% analogique. Ces diverses options de paramétrage nécessitent ainsi un processeur digital.
Dawner Prince Effects propose ici une Starla au sein de laquelle le signal suit un chemin 100% analogique, de son entrée à sa sortie, traversant des composants analogiques (résistances), ces derniers recevant leurs instructions de fonctionnement (8 formes d’ondes, tap tempo notamment) de processeurs numériques.
Conclusion
Dawner Prince Effects est une petite société (Zoran et son amie) qui propose actuellement 3 produits en plus de cette Starla (un preamp/overdrive/distorsion, une distorsion et une vibe). Leur approche est extrêmement pertinente et cette pédale est un véritable couteau suisse du tremolo condensé dans un petit boitier au look très réussi. Très simple d’utilisation mais technologiquement aboutie et très flexible, la Starla est une belle réussite, proposée à 210€ , un prix certes élevé pour beaucoup, mais totalement justifié au regard de la qualité et de l’intelligence du produit !
Prix : 210 euros
Les Plus
8 formes d’ondes
Tap Tempo
Taille réduite et look
Beaucoup d’options de contrôle mais simplicité d’utilisation
Les Moins
L’absence de crantage sur le sélecteur de forme d’ondes.
Plus d’informations sur http://dawnerprince.com/products/Starla