Sharon den Adel : Oui, en Belgique et en Hollande où nous avons fait neuf concerts en tout.
En quoi cela diffère d’un concert normal et de votre expérience aux côtés d’un orchestre symphonique complet ?
Sharon den Adel : C’est exactement l’inverse de ce que nous avions connu avec l’orchestre en fait ! Nous avions alors une scène énorme, dix mille personnes dans le public, des figurants pour le spectacle, des effets pyrotechniques, etc. Là, nous nous produisions dans des théâtres avec des capacités d’accueil entre cinq cents et deux mille places. Ce ne sont évidemment pas les endroits les plus petits que nous ayons connus depuis nos débuts mais ils permettent tout de même d’instaurer une relation intime avec les fans. Néanmoins, nous avons pu faire de nouvelles choses pour le show comme tout ce travail avec les hologrammes où, par exemple, il était possible de voir une ballerine danser mais elle n’était pas physiquement là. Tout ce qu’on voit sur la pochette du CD – les escaliers et les chandeliers – fait également partie de ces illusions. L’ambiance générale était très mystique, à l’opposée de nos shows grandiloquents habituels. Je crois que les gens ne savaient pas trop ce qui se passait sur scène en nous regardant, ce qui ajoutait au mystère. Nous avons pris la mesure des théâtres et avons, je pense, tiré avantage de ce que leur configuration nous permettait de réaliser.
Votre identité visuelle, très forte à la base, s’affirme d’album en album et ce que vous avez fait avec An Acoustic Night At The Theatre nous le montre encore. A quel point est-ce que les membres du groupe s’impliquent eux-mêmes dans la création de cet aspect de votre univers ?
Sharon den Adel : Nous sommes très impliqués là-dedans. En ce qui concerne les éléments visuels, Robert Westerholt s’en occupe en grande partie. C’est son bébé (rires) ! Il travaille avec une équipe spécialisée et dirige leur boulot. Il reste toujours avec elle pour apprendre et donner des indications.
Est-ce que parfois cette partie-là de votre travail est plus gratifiante que la musique en elle-même (ou, dans le cas de An Acoustic Night At The Theatre, que les nouveaux arrangements de la musique) ?
Sharon den Adel : C’est une combinaison de différentes choses qui rend un show spécial à nos yeux. Nous aurions pu, pour An Acoustic Night At The Theatre, proposer quelque chose de très simple et dépouillé. Mais je crois que c’est justement ce que tout le monde pensait que nous allions faire ! Avec le résultat final, je suis sûre que nous avons surpris nos fans. Nous voulons que notre public soit toujours sur ses gardes : qu’il ne sache jamais ce que nous allons faire d’avance.
Justement, puisque tu me tends la perche, qu’allez-vous faire maintenant ?
Sharon den Adel : (rires) Bien joué (rires) ! Nous voulons faire un disque encore plus dur et organique que The Heart Of Everything. Celui-ci allait déjà dans ce sens par rapport à The Silent Force et ses nombreux effets de production. Nous allons essayer d’avoir un son assez sale et vivant. The Silent Force était absolument parfait du point de vue de l’enregistrement mais maintenant nous nous disons que ce n’est pas forcément bête d’avoir quelques aspérités par-ci par-là…
Vous planifiez toujours à l’avance ou est-ce que parfois vous allez simplement en studio sans trop savoir ce qu’il adviendra ?
Sharon den Adel : Nous sommes généralement plutôt préparés. Sur place, nous testons pas mal de matos pour voir quels sons nous pouvons obtenir. De ce fait, depuis le début jusqu’à la fin, des éléments peuvent modifier la vision de notre musique et rendre l’album spécial. Ce qui est certain est que nous ne partons pas du studio avant d’être satisfaits entièrement de la musique que nous proposons.
Vous êtes-vous fixés une date de sortie pour le disque ?
Sharon den Adel : Je pense qu’il va sortir vers octobre ou novembre de l’année prochaine. C’est pour cela aussi que nous avons sorti An Acoustic Night At The Theatre maintenant : cela donne quelque chose aux fans pour patienter et pour constater que nous sommes toujours en forme ! Nous voulons vraiment prendre notre temps pour le prochain album studio. Mais nous sommes très excités – plus que nous ne le pensions au départ, d’ailleurs – à propos de An Acoustic Night At The Theatre et l’ensemble du groupe prend du temps pour le promouvoir comme il le faut. L’année prochaine nous allons refaire dix-huit shows acoustiques. Du coup, nous prenons un peu de retard sur le prochain album… Pour limiter les risques nous ne jouerons ces concerts à nouveau qu’en Belgique et en Hollande pour toujours pouvoir nous focaliser sur la priorité du nouvel album.
Within Tempation est un groupe qui a énormément grandi commercialement. Enter, votre premier album, était très underground alors que le dernier en date a été vendu à plus de trois millions d’exemplaires dans le monde… Est-ce que vous ressentez une quelconque « pression commerciale » alors que vous êtes en train d’envisager le prochain disque ?
Sharon den Adel : (elle réfléchit) Pas vraiment dans ce sens-là. Après tant d’années à faire ce que nous faisons, nous ressentons bien entendu une pression artistique. Il faut du temps pour pouvoir définir ce que nous voulons faire passer avec un nouveau disque. Cette pression se répète sur chaque disque, sans exception. Si la musique n’est pas fidèle à la vision du groupe, si elle est fausse, de toute manière elle ne pourra pas avoir de succès… Nous voulons donc obtenir un bon résultat et ce n’est que lorsque cela est atteint que nous sommes satisfaits. Nos fans également. Ils nous voient grandir en tant que groupe.
Aimeriez-vous réenregistrer Enter un jour ?
Sharon den Adel : Ce serait difficile car les droits de ce disque sont toujours entre les mains de notre précédent label. De plus, je ne sais pas si cette idée plairait vraiment au groupe (rires)…
Within Temptation – An Acoustic Night At The Theatre
Columbia - SonyBMG
www.within-temptation.com