Il y a ce je ne sais quoi d’inquiétant dans le blues-rock de Tulsa, comme une menace que le monde vous pète à la gueule d’une seconde à l’autre. Le son de la guitare à la fois roots et chaud, la voix de Bérénice, déglinguée, toujours sur le fil, mais terriblement juste, la rythmique ténébreuse et envoûtante, vous entraînent dans les bas-fonds d’une atmosphère délicieusement chaotique, à l'instar de Patti Smith pour ne citer qu'elle. Mieux que ces quelques mots, matez le clip noir et blanc de Ode to a loser. Pas étonnant qu’ils aient été embarqués en première partie de Détroit sur plusieurs dates. Mêmes intentions, même intensité, et accessoirement, issus de la même ville : Bordeaux. A noter que Corida produit les EPs de Tulsa (ce qui, quand même hein, est une chance !), quelle sera leur prochaine étape ? Check it out.

Ah, des filles, enfin ! Mais pas que. Racontez-nous la genèse du groupe.
Bérénice : Elise et moi avons commencé à jouer dans son appartement, un peu l'air de rien. On trouvait que ça sonnait bien. Alors on a cherché un nom. Puis des musiciens. C'était en 2010. Kévin, le batteur, s'est joint à nous, ainsi qu'un guitariste-violoncelliste avec qui l'aventure s'est terminée assez rapidement. Clément, l'actuel guitariste, faisait partie de notre entourage proche et c'est vrai que le choisir était assez évident, on a juste mis un an pour s'en rendre compte ! Et le quatuor est ainsi depuis le 11/11/2011, date véridique ! 

Le mieux, c’est de l’écouter, on est tous d’accord, mais avec quels mots définiriez-vous votre musique ? Quelles sont vos influences ?
Bérénice : Etendue. Tendue aussi. Pas loin d'une catastrophe. Quant aux influences : « Paris,Texas », Tom Waits, Patti Smith, « Mystery Train », « Dead Man », Nick Cave and the Bad Seeds, The Doors, ou encore Timber Timbre ne sont jamais bien loin, pour ne citer qu'eux.

Qui fait quoi ? Comment s’articule votre travail de création ?
Bérénice : J'écris les paroles (sauf Sound of Violence qui est un texte d'Elise et Los Angeles' Car qu'on a co-écrit avec Kévin) et compose la base musicale, plus ou moins structurée et construite selon les chansons. Ensuite, tout le monde y met ses ingrédients, compose autour. Les morceaux sont souvent tordus dans tous les sens avant de prendre leur forme définitive, mais jamais dénaturalisés de leur essence. 

Où et dans quelles conditions a été enregistré l’EP ; avec qui ?
Bérénice : Nous étions au Studio Berduquet, à Cénac, Gironde, durant trois jours pour enregistrer les deux titres. Stéphane Teynié était aux commandes de la console avec ses boutons incompréhensibles. Il s'est aussi occupé du mastering. 

Côté guitares, amplis, effets, quel matériel a été utilisé ?
Bérénice : Cloches tubulaires ! Pour le reste, je passe la main.
Clément : Au niveau guitares j'ai utilisé une Epiphone Sheraton II et une vieille Blade R4 dans un Marshall JVM410. Pour les effets, une big muff wicker , une T.C. Electronics Pog 2, une wah Vox , un trémolo Pulsar et une Line 6 DL4.
Elise : Et moi, j'ai une Fender jazz bass, Geddy Lee jazz bass pour être tout à fait précise, une tête d’ampli Gallien Krueger MB Fusion et un baffle David Eden 2x10.

Votre premier EP sorti en janvier 2013 comportait 5 titres, celui-ci n’en a que 2. Pourquoi ce choix, est-ce un vrai choix d’ailleurs ?
Bérénice : Si nous avions pu enregistrer un 10 titres, on l'aurait fait ! Malheureusement, le budget ne le
permettait pas. Nous avions trois jours en tout et pour tout. C'est très court pour un enregistrement, même pour un 2 titres.

Vous êtes produits par Corida, célèbre entrepreneur de spectacles, tourneur (Manu Chao, Catherine Ringer, Phoenix, pour ne citer qu’eux…). Comment avez-vous réussi à rentrer dans leur catalogue ? Ça en ferait rêver plus d’un ici ! Parlez-nous de votre travail avec eux.
Bérénice : Nos EPs sont produits par Corida, mais nous ne sommes pas chez eux. Nous ne sommes chez personne d'ailleurs. Nous avons eu la chance de rencontrer Assaad Debs, le PDG de Corida, par le biais d'une pote à moi, ainsi que Jean-Louis Menanteau, directeur de La Cigale et anciennement de La Nef à Angoulême. Ils ont bien aimé ce que l'on faisait et nous ont soutenus comme ils le pouvaient. Grâce à leur travail de fond, nous avons rapidement enregistré le premier EP et joué dans des salles et festivals nationaux prestigieux. Mais, en définitive, nous sommes indépendants de Corida. A bon entendeur, d'ailleurs.

Vous avez notamment assuré la première partie de Détroit. Qu’est-ce que vous en retenez ?
Bérénice : Un grand pas en avant pour de grandes scènes. Un grand stress, mais qu'est-ce que c'était bon ! Des salles pleines à craquer, ça nous changeait. Un bel accueil en plus, aussi bien de la part de Détroit qui se sont montrés très soutenants et attentionnés que de leur public. C'est évidemment une chance de pouvoir vivre ça. 

Quels sont les actus et projets ?
Bérénice : Surtout le projet de faire un album. Depuis le début de l'année, nous composons avec cet objectif-là. L'idée est avant tout de faire une « maquette d'album » pour démarcher ensuite auprès de labels et/ou producteurs qui nous permettraient de rentrer en studio. On compose donc en croisant les doigts.

De qui, de quoi auriez-vous besoin pour le bon développement du groupe ?
Bérénice : D'un ami riche et généreux.

Pas de question, la voie est libre pour dire ce que vous voulez ! Yeah !
Bérénice : Cri de poule.

Dates de concerts (après le 15 juin) :
Bérénice : Chut, chut, pas de date. Affaire à suivre.

Liens Internet :
www.facebook.com/tulsamusic
https://tulsageorges.bandcamp.com

Cette rubrique est aussi la vôtre, alors n'hésitez pas à envoyer vos productions pour être interviewé par Maritta Calvez à maritta[a]guitariste.com (remplacez le [a] par @).

[Scène Ouverte] Tulsa - Onze