Vétéran du punk rock au même titre que Green Day, The Offspring peine à se réinventer comme le trio avec American Idiot. Days Go By, second essai avec Bob Rock, s'inscrit dans la tradition des chansons faciles et entraînantes écrites par la bande à Dexter Holland. Ce dernier, de passage à Paris pour un concert au Bataclan en avant première de la sortie de Days Go By, nous a accueillis dans sa loge pour échanger quelques mots.
Days Go By devait initialement sortir en 2010 et les dates de sortie n'ont pas arrêté d'être repoussées jusqu'à juin 2012. Comment cela se fait-il ? Est-ce qu'à un moment vous avez « effacé » l'album pour reprendre le travail à zéro avec de nouvelles compositions ?
Dexter Holland : Ca fait si longtemps (rires) ? Nous prenons toujours plus de temps que prévu. En 2010, nous n'étions qu'au début de ce qu'il allait devenir. Days Go By est notre neuvième album et nous voulions nous assurer que nous offrions quelque chose de neuf à nos fans. Certes, certains de mes groupes préférés comme les Ramones ou AC/DC font toujours à peu près le même album mais au sein de The Offspring je veux être sûr qu'on repousse nos limites quelque peu. Cela prend du temps, d'autant plus que nous apportons un maximum de soin à chacune des chansons de l'album.
Apparemment lors des sessions de Rise And Fall, Rage And Grace, vous aviez mis de côté plusieurs titres. Ont-ils été la base de Days Go By ou avez-vous tout simplement recommencé le processus d'écriture ?
D. H. : C'est vrai que nous avions environ vingt-cinq morceaux à l'état de démo. Certains n'étaient pas très aboutis. Je pensais initialement utiliser ces chansons pour commencer le travail sur Days Go By mais en définitive cela n'a pas été le cas. Nous avons tout de même réenregistré Dirty Magic qui est un titre figurant à l'origine sur Ignition. C'est un album sorti avant Smash que finalement peu de gens connaissent. Mais ceux qui l'ont entendu adorent généralement ce titre donc nous avons voulu lui donner un coup de jeune en le réinterprétant sur le nouvel album.
Est-ce que ça t'arrive souvent d'écouter les anciens disques de The Offspring, notamment lorsque tu composes un nouveau ?
D. H. : Mmmmmh.... En tout cas, beaucoup de gens trouvent que Days Go By est un mélange de tous nos albums. Je trouve cela assez juste. Quand je réécoute Ignition, c'est difficile car je ne peux m'empêcher de vouloir nous « réécrire ». Donc je préfère écouter des trucs totalement différents. Par exemple Bob Marley. Alors, je me demande comment nous aurions pu écrire un morceau de reggae. C'est comme ça que nous nous retrouvons à utiliser des mariachis ou des trucs exotiques dans notre propre musique.
Vous jouez Ignition en entier lors de quelques concerts pour les vingt ans. Durant ces vingt ans, votre son a évolué et surtout votre niveau technique qui n'était quand même pas terrible sur Ignition (rires). Ca ne te fait pas bizarre de rejouer ces vieux titres dans l'ordre ?
D. H. : Si car comme tu le dis, notre son était vraiment pas bon ! Mais il y a de gros fans de ce disque. Du coup, je suis toujours assez fier de cet album. Par contre il faut que les gens sachent : aucun groupe ne fait un album comme ça exprès. Nous n'avions juste pas les moyens techniques de faire mieux. Nous ne pouvions pas jouer mieux ou nous payer un équipement de meilleure qualité. Certains albums de groupes que j'adore ont ce charme d'une production approximative. Mais c'est toujours par défaut. Je préfère bien entendu notre son actuel.
D'autant que vous avez retrouvé Bob Rock sur Days Go By...
D. H. : Oui. Ses qualités sont immenses.
Plus de vingt ans après et sans remasterisation, le Black Album n'a pas perdu toute sa puissance sonore. C'est incroyable !
D. H. : C'est clair. Avant de bosser avec Bob pour la première fois, je ne connaissais que ses productions avec Metallica et Mötley Crüe. Dans les années 80, il avait pourtant bossé avec plein de groupes de punk à Vancouver. Il a un background commun avec nous. Nous nous sommes très bien entendus. J'avais hésité tout de même à bosser de nouveau avec lui car nous aurions pu bâtir quelque chose de plus fort grâce à notre bonne entente tout aussi bien que nous installer dans une relation plan-plan sans créativité. Heureusement, nous avons réussi à aller encore plus loin, à exprimer davantage d'idées saugrenues et à expérimenter encore plus.
The Offspring par le passé a connu de gros succès en France. Néanmoins, ces dernières années le public semble vous avoir un peu oubliés. En tout cas, il ne soutient plus autant vos dernières productions. Tu penses que Days Go By peut ramener vos fans vers vous ?
D. H. : Oh mon dieu, c'est impossible à dire ! Chaque groupe a des albums qui marchent plus ou moins fort. L'année dernière nous avons joué au Zénith et nous avons eu de bons échos. L'année d'avant nous étions à Rock en Seine. Ca va mais c'est vrai que nous n'avons plus le succès comme avec Pretty Fly où nous avions été propulsés à Bercy. Néanmoins, nous sommes très contents du public français qui doit supporter notre musique alors que nous ne parlons pas leur langue. J'adore nos fans français qui chantent toujours nos morceaux avec un soutien indéfectible.
En tout cas, le public attend toujours autant les hits ! C'est également le cas à l'étranger et aux Etats-Unis en particulier ou est-ce que certains pays sont plus friands des « morceaux obscurs » ?
D. H. : Nous avons deux types de public car nous avons bénéficié du soutien des radios dans la plupart des pays du monde ! Beaucoup de gens ne nous connaissent que par nos « greatest hits » mais une frange de nos fans est constituée de types à bloc qui veulent qu'Offspring joue Mota ou une chansons « oubliée » sur un de nos albums. C'est un peu pour ça que nous sommes là ce soir. Nous avons réalisé il y a quelques mois qu'Ignition était sorti il y a 20 ans. Nous avons joué un show dans un club de notre quartier à Los Angeles et ça s'est tellement bien passé que nous avons exporté le concept dans quelques clubs européens aussi. A Long Beach, il y avait quelques centaines de personnes et malgré le fait que les clubs en Europe soit un peu plus grands les gens connaissent super bien ce disque !
Les gens vont attendre quelque chose du même style dans deux ans pour Smash, non ?
D. H. : Nous pourrons continuer ce concept longtemps à célébrer tous les albums (rires) ! Je ne sais pas si nous ferons quelque chose ou non car pour Ignition c'est vraiment arrivé par hasard sans réelle volonté de marquer le coup ! En tout cas c'est hyper fun pour nous car ça nous rappelle cette époque. Même si j'adore jouer sur un festival comme Rock En Seine avec l'énergie de dizaines de milliers de personnes, il y a une intensité dans les concerts donnés dans des clubs qu'il est impossible de retrouver ailleurs !
The Offspring – Days Go By
Columbia