Lorsque l’édition spéciale de Rise est sortie, vous sembliez déjà avoir composé une grande partie de votre second album. Finalement, ce sont ces chansons que vous avez utilisées ou êtes-vous partis sur d’autres pistes ?
Paul Mahon : Je crois que seules deux ou trois ont été conservées pour les sessions finales et une seule se trouve finalement dans l’album. Et encore, uniquement après avoir été radicalement réarrangée. Il s’agit de « On And On ». Il est vrai que nous avions beaucoup de morceaux à l’époque où nous t’avions parlé. Mais en fait ils n’étaient pas aussi aboutis que nous le pensions initialement. Or, pour un second album, il faut frapper fort ! Après notre tournée en Hollande, nous sommes allés en studio et notre magie a opéré ! Deux ou trois bons titres sont venus d’un seul coup. Nos jams nous menaient tout de suite à des morceaux. C’était vraiment bon. Ça ne nous a pris que trois ou quatre semaines pour tout faire. Je crois que nous sommes passés par une longue phase de gestation mais ensuite nous nous sommes lâchés !Quelles différences y a-t-il entre Everyday Demons et les premières chansons que vous aviez écrites pour cet album ?
Paul Mahon : Les nouvelles donnent plus d’importance aux jams car elles ont été écrites comme ça. Notre chanteur nous rejoignait au dernier moment. Les premières chansons manquaient de cohérence. Néanmoins, elles dégageaient quelque chose de bon ce qui nous a permis d’aborder la session suivante dans de bonnes conditions. Après avoir écrit ensemble, nous n’hésitons pas à améliorer les choses chacun de notre côté et à partager nos idées démocratiquement. C’est ce qui nous permet d’avoir un produit final à la hauteur de nos espérances, je crois.
C’est difficile d’avoir une identité avec un jeune groupe. Je pense qu’il faut généralement trois disques pour y voir clair. C’est votre second alors à ton avis quelle sera votre identité d’ici quelques années (rires) ?
Paul Mahon : Déjà, je pense que tu as totalement raison. Il faut au moins trois disques ! The Verve n’est sans doute pas notre modèle absolu mais je ne souviens de Richard Ashcroft qui disait que leur premier disque était celui de leur arrivée, le deuxième celui de leur voyage et le troisième celui de leur intégration par le public et…
(le coupant) C’est aussi l’album de leur split !
Paul Mahon : Oui, bien vu (rires). Ils ont eu trois gros hits et ils ont explosé en vol… En tout cas, oui il faut environ trois albums pour s’installer. Même Metallica n’a pas sonné de manière adulte jusqu’à Master Of Puppets. Pour en revenir à The Answer, je crois que nous commençons à savoir ce dont nous avons besoin en tant que groupe. Rise montrait beaucoup d’influences de Led Zeppelin et d’AC/DC avec seulement un peu de notre vraie personnalité. Pour Everyday Demons, j’espère que le rapport s’inverse. Nous commençons à oser des choses que nos influences principales n’auraient pas incorporé à leur musique. J’espère qu’une fois que notre prochain album sera sorti, les gens penseront à The Answer quand ils entendront une chanson à la radio qui ressemble à ce que nous faisons. Nous avons parcouru la moitié du chemin.
Vous ouvrez pour AC/DC en ce moment, le groupe qui est une de vos influences principales. N’y a-t-il pas un inconvénient à tourner avec eux tellement ça paraît évident ? Les gens auront une raison supplémentaire de vous affilier avec le groupe australien…
Paul Mahon : Ça se défend. J’espère que nous sommes suffisamment différents d’AC/DC pour qu’on ne nous confonde pas et suffisamment similaires pour que leurs fans nous apprécient. Je pense que si Airbourne le faisait ça serait plus difficile pour eux. Je n’ai rien contre Airbourne mais je trouve simplement leur musique très proche de celle d’AC/DC. De la même manière, je pense qu’il ne serait pas judicieux pour nous d’ouvrir pour Led Zeppelin. En tout cas, nous ne voulons pas être connus comme le groupe qui a ouvert pour AC/DC… Nous voyons cette tournée comme un tremplin vers nos propres tournées qui, espérons-le, se tiendront dans des salles de plus en plus grandes.
Ce n’est pas un peu étrange de jouer tous les soirs devant dix à vingt mille personnes qui, au moins au début du show, s’en foutent complètement de votre musique et n’attendent que AC/DC ? Ils ont déjà attendu huit ans alors j’imagine qu’on ne vous voit pas toujours du bon œil quand vous arrivez sur scène (rires) !
Paul Mahon : C’est vrai qu’on sent une vraie impatience de voir AC/DC car après tout il s’agit peut-être de leur dernière tournée. Tout le monde doit se battre pour obtenir ces billets et là-dedans nous devons nous tailler notre place. Buddy Guy avait ouvert pour AC/DC en Allemagne et il s’est fait jeter à coups de bouteille par le public ! Ça nous ne rassurait pas que ça arrive à une légende comme lui ! En Pennsylvanie, pour le premier soir, nous étions très nerveux de prendre la scène. Nous nous sommes surtout focalisés sur le fait de ne pas commettre d’erreurs. Mais au bout de trois concerts, nous avons pris nos marques. Toutefois, quand nous sommes arrivés sur la côte Ouest, c’était dur. Le public y est tellement indifférent qu’il ne se lâchait presque pas pour AC/DC non plus (rires). En Europe, nous n’avons pour le moment donné que quatre concerts mais il semblerait qu’il faille vraiment se donner pour gagner le respect du public. C’est un vrai public averti.
Quels trucs et astuces conseillerais-tu à un jeune groupe qui ouvre pour AC/DC afin d’éviter de subir le même sort que le pauvre Buddy Guy (rires) ?
Paul Mahon : Dans ce genre de gros shows, tout est une question de charisme et de manière de se mettre le public dans la poche. Dans un petit club intime, il faut travailler l’ambiance, ce qui est impossible à faire dans un stade ou une salle comme Bercy. Il faut faire réagir le public par des gestes un peu provocateurs. Et puis il suffit de dire un truc sympa sur AC/DC pour recevoir une pluie d’applaudissements (rires). « You guys like rock’n’roll, drinking beer and AC/DC ! » ou « We’ll play one more song and AC/DC will come along ! » (rires) Un mot d’ordre : la simplicité.
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