Eric Peterson : Il était là depuis le début des sessions. Il a enregistré toutes les pistes de tous les instruments. Avant, il se focalisait plus sur le mix comme tu l'as dit. Sur The Formation of Damnation, il a aussi mis en boite quelques pistes de guitare et de batterie. Donc son rôle a été nettement plus complet sur Dark Roots Of Earth.
Est-ce que cela explique en partie le son extrêmement véloce et dynamique que je perçois sur ce disque ?
E. P. : Dès le départ, nous voulions quelque chose d'un tout petit plus old school, plus chaleureux et avec un peu moins de samples. La batterie en particulier a été travaillée en respectant son le son naturel. Nous avons envisagé Dark Roots Of Earth comme nous pensions nos vieux albums voire une approche seventies. Evidemment nous avons également bénéficié de la technologie actuelle. Et le tout a marché !
E. P. : Nous voulions avoir un souffle un peu plus épique que d'habitude. Il fallait que l'album livre ses secrets au bout de plusieurs écoutes. En tout cas, c'est vrai que globalement les morceaux sont un peu plus longs.
Qui a voulu cette orientation au départ au sein du groupe ?
E. P. : Pour l'écriture ça part généralement de moi. Ensuite, nous nous sommes mis en ordre de marche de la même manière que pour The New Order ou The Legacy avec une collaboration étroite entre Alex et moi pour soigner les riffs et les parties de guitare. Nos chansons partent presque toujours d'une idée que l'un de nous a pu avoir à la gratte. Ensuite, on passe à la batterie pour définir un tempo.
Native Blood et True American Hate sont deux des morceaux les plus directs sur Dark Roots Of Earth. Ce sont des morceaux que tu apprécies particulièrement ?
E. P. : Native Blood est notre nouveau dernier ?single et nous avons mis en avant de nouveaux éléments comme des blast beats. Sur The Gathering nous avions déjà employé utilisé des blast beats mais là ils sont carrément dans le refrain, refain hyper catchy qui plus est. C'est un vieux procédé mais nous l'avons employé à notre manière et je trouve que c'est assez novateur en fin de compte.
Il y a deux batteurs apparemment sur ce disque, Chris Adler et Gene Hoglan. J'imagine que les parties en blast beats sont jouées par Hoglan ?
E. P. : En fait, Gene joue sur tout le disque. Il a amené son incroyable capacité à mettre du relief dans nos morceaux. Il devait simplement être un musicien de session mais il a fait une partie de la tournée avec nous donc nous allons voir comment avancer avec lui. Les plannings peuvent parfois être un peu compliqués... En tout cas, nous n'avions pas fait de titres mid tempo depuis Low en 1994 et Dark Roots Of Earth présente avec Cold Embrace une chanson très fun de huit minutes. Elle montre véritablement un visage méconnu de Testament. C'est un voyage ! Nous nous devions d'écrire une ballade pour les fans. Mais nous n'avons pas fait Cold Embrace juste parce que c'était une bonne idée. C'est un morceau qui est venu naturellement malgré le propos assez sombre.
Comment expliques-tu que les groupes de thrash soient si bons en règle générale dans ce que l'on pourrait appeler les « ballades épiques » ?
E. P. : La base heavy est là. On ne fait que rajouter quelques touches mélodiques. Mais c'est une tradition qui se perd sans doute un peu. Je me souviendrai toujours de Welcome Home (Sanitarium) par Metallica. Testament a aussi fait quelques bons trucs dans le genre avec Return To Serenity. Ce n'est pas notre force principale, certes, mais ça donne un plus aux disques où nous employons ces titres.
Vous aviez bossé avec Gene Hoglan sur Demonic. Comment trouves-tu qu'il a changé depuis cette quinzaine d'années ?
E. P. : Nous avons tous évolué car nous avons connu d'autres musiciens qui par ricochets ont modifié notre jeu. Nous savions exactement ce à quoi nous attendre de la part de Gene juste après avoir rejammé avec lui. C'est le mec le plus simple du monde avec qui travailler. Il a une capacité phénoménale à apprendre rapidement nos morceaux complexes. Il a réussi à rendre possible cet album: c'est grâce à lui si on a l'impression que nous avons jammé pendant des années alors qu'en fait pas du tout...
A un moment il semblait que vous étiez également en studio avec Chris de Lamb Of God. Finalement, il joue sur cet album ?
E. P. : Oui mais sur un seul morceau (A Day In The Death). Nous aurions voulu faire plus de morceaux avec lui car l'essai a été très convaincant mais nos agendas n'ont pas réussi à se synchroniser. Pour lui ce n'était pas facile car il bossait en même temps sur l'album de son groupe...
Mis à part Lamb Of God que je sais que tu apprécies, y a-t-il d'autres groupes de la scène thrash US d'aujourd'hui qui t'impressionnent ?
E. P. : Lamb Of God en fait clairement partie, oui. Sinon.... (il réfléchit) Exodus, Megadeth, il y a pas mal de groupes ! Perso, je préfère la scène européenne. Pendant les sessions de Dark Roots Of Earth je suis également retourné écouter mes premiers amours dans la NWOBHM et d'autres styles.
Ce retour aux sources n'est sûrement pas étranger à l'enregistrement de reprises de Scorpions, Queen et Iron Maiden pour les bonus de Dark Roots Of Earth ?
E. P. : C'est clair ! Ce sont des morceaux bien old school. Ils existaient même avant que je ne fasse partie d'un groupe ! Animal Magnetism des Scorpions est un des morceaux préférés de leur public metal. Ca ne ressemble pas vraiment à Blackout ou à leurs hits radio typiques. Nous avons fait attention à ce que nos reprises ne soient pas des versions karaoké des originales. Nous avons joué Animal Magnetism plus bas ce qui renforce son atmosphère déjà très sombre. Et Chuck chante très différemment de Klaus. Dragon Attack a été joué avec une toute autre vision. Notre version est en quelque sorte la réponse à « Comment Ministry se serait approprié ce morceau ? » (rires) Écoutez-le et donnez-nous votre avis !
Testament – Dark Roots Of Earth
Nuclear Blast
www.testamentlegions.com