Une petite dose d'humour se glisse subrepticement dans le texte, et hop ! tu lâches la pression qui t'oppresse inutilement. Et quand t'es un groupe de metal breton, tu te dois d'envoyer du lourd. Et du lourd, Teska en envoie sur l'excellent Primal Scream. Ce deuxième album est d'une efficacité franche et immédiate, jusqu'au graphisme de la cover. Si c'est aussi précis aujourd'hui, c'est force d'une recherche en continu, de rencontres qui se font écho, d'une volonté d'assumer pleinement ce à quoi ils aspirent. Seulement pour les découvrir sur scène, en Bretagne tu iras. Si Teska a toutes les qualités artistiques requises pour jouer hors région, ils ont conscience du travail en amont et de l'investissement supplémentaire que cela demande. C'est loin d'être "donné" à tout le monde. Bravo à ceux qui l'osent. Ah, pourquoi tout est si compliqué ? Parce que perso, j'aurais tellement aimé me prendre le son net et incisif de leur guitare en direct live. Tous les espoirs nous sont permis puisque Teska est en évolution constante... Serait-ce le prochain challenge à suivre ? Go ! Oh et puis... vive la Bretagne !
Teska voit le jour en 2001, mais en se concentrant essentiellement sur des reprises, ce n'est donc pas exactement ce qui nous intéresse ici. Premier virage enclenché avec l'arrivée de Guillaume au chant, sortie du 1er album en 2013, arrivée d'Anthony à la basse en 2014, sortie de Primal Scream en 2016...
Ça ne regarde que moi, certes, mais j'ai le sentiment que c'est avec ce 2ème album (tonitruant !), que TESKA trouve sa véritable identité et, non pas que l'histoire commence ce serait exagéré, mais prend son envol... Corrigez-moi tout de suite en nous parlant de la genèse du groupe !
Erwann (batterie) et Alain (guitare) jouent ensemble dans différentes formations depuis fin 1996. C'est à la rentrée de septembre 2000 qu'Erwann rencontre Franck en formation, avec qui le courant passe tout de suite et qui s'avère être un très bon soliste. Assez vite, les trois se mettent à jouer ensemble, et rien de tel effectivement que les reprises pour se définir un langage commun. A l'époque, Teska est plutôt orienté sur un rock teinté de metal que sur un metal pur et dur, et ça se ressent d'ailleurs sur le premier album.
Après plusieurs mois de recherche, c'est à la rentrée 2001 que Luc, le premier bassiste, est recruté et vient apporter le complément mélodique. Les premiers concerts ont lieu dès la fin d'année et ce line-up va perdurer près de dix ans, jusqu'à l'arrivée de Guillaume au chant début 2011. Jusque-là, c'est Alain qui s'occupait du chant, mais il souhaitait pouvoir se concentrer totalement sur son instrument.
Son arrivée va effectivement constituer un premier tournant. D'une part, le style de composition va commencer à s'orienter plus franchement vers le metal. Et d'autre part, dans les mois suivant son arrivée, auront lieu plusieurs rencontres déterminantes, qui nous permettront d'être accompagnés pour le booking et la communication, de nous produire sur des plateaux orientés metal et même d'envisager l'enregistrement d'un premier album. Il a eu lieu au printemps 2012 et l'album est sorti début 2013. Nous étions très heureux de pouvoir le faire, et de clore de la sorte le premier chapitre de la vie du groupe.
Au moment de la sortie du premier album, le travail de composition pour ce qui allait devenir « Primal Scream » avait déjà débuté et nous sentions bien que la tonalité allait être nettement plus orientée metal. C'est notamment pour cette raison que nos chemins se sont séparés avec le bassiste d'origine et qu'Anthony nous a rejoints en 2014. Comme Guillaume avant lui, il a amené un autre regard sur notre musique, et des influences nouvelles et plus extrêmes au sein du groupe, ce qui a fait évoluer l'ensemble jusqu'à aujourd'hui. En ce sens, « Primal Scream » constitue effectivement une bonne définition de notre identité musicale actuelle.
En même temps, un album est toujours une photo d'une période, dans la vie du groupe et de chacun de ses musiciens. A l'époque, le premier album définissait déjà bien notre identité, mais comportait plein de défauts de jeunesse, que l'on a eu à cœur de corriger avec ce deuxième album. Et il est certain que les compositions à venir intègreront à leur tour des éléments nouveaux, qui reflèteront ce que nous sommes musicalement depuis que nous avons fini d'enregistrer « Primal Scream ».
Le mieux, c'est de l'écouter, on est tous d'accord, mais avec quels mots définiriez-vous votre musique ? Quelles sont vos influences ?
Nous dirions authentique, énergique, puissante, fédératrice. Cinq mecs qui se défoulent dans un hangar et qui veulent se faire plaisir avant tout.
Pour ce qui est des influences, disons qu'on a un socle commun d'influences metal. On peut citer Metallica, Machine Head, In Flames, Stone Sour, System Of A Down, Gojira, François Valéry, Avenged Sevenfold, Trivium, Of Mice & Men...
Après, chacun a ses goûts plus spécifiques. Par exemple, Alain et Erwann aiment bien le prog, Franck peut écouter de l'électro, et Anthony les trucs en « core » !
Qui fait quoi ? Comment s'organise votre travail de composition et de répet ? Vous arrivez à répéter chaque semaine dans votre propre local, malgré un éloignement géographique. Ça gère chez Teska !
On a toujours eu nos vies chacun de notre côté. Le local, c'est vraiment l'endroit où on se retrouve trois heures par semaine pour faire du bruit et travailler. Quand on y est, on bosse. Pas de téléphone, peu de pauses.
La plupart des riffs ne se trouvent pas pendant la répet, le travail de composition est assuré par les guitaristes (Franck et Alain), chacun de leur côté, qui poussent les idées assez loin. Ils arrivent avec des structures de chansons quasi complètes et du coup, assez différentes dans l'inspiration, ce qui donne la variété qu'on entend sur l'album.
Il arrive qu'un truc qui sonne en sortie du séquenceur ne fonctionne pas forcément en vrai. Les répétitions permettent de défricher les différents riffs, de voir comment ils sonnent en groupe et de valider la structure d'ensemble. On a une station de travail sur place, comme ça, on peut ramener à la maison ce qu'on fait en répet. Après, quand ça fonctionne, une ligne de chant émerge assez naturellement, et c'est à ce moment-là que le travail d'écriture des paroles peut être finalisé par Guillaume et Alain.
Ça s'est déroulé comme ça pour « Primal Scream », ça a plutôt bien marché, donc on va continuer. Mais on essaiera certainement de nouvelles choses pour les compos à venir, comme par exemple, écrire la musique à partir d'un texte, ou d'un plan de batterie...
Cet album a atteint une belle dimension. Où et dans quelles conditions a-t-il été enregistré ; avec qui ?
L'album a été réalisé par Gwen Kerjan, dans son Slab Sound Studio à Lorient (56). On a découvert son travail par le biais de productions qu'il avait assurées pour des groupes locaux, et on trouvait déjà le résultat impressionnant à l'époque (fin 2012). Quand on a eu besoin de masteriser le premier album, on a fait appel à lui, et le contact était déjà très bien passé. On a donc logiquement fait appel à lui pour le deuxième album.
Toutes les prises (guitares, basse et chant) ont été réalisées dans le studio qu'il a monté à son domicile. Les prises de batterie ont, quant à elles, été réalisées dans un studio à proximité. C'était très confortable d'enregistrer dans ces conditions. Et ça a surtout été génial de travailler avec lui.
C'est quelqu'un de très impliqué dans ce qu'il fait. Avant la première prise, il savait où on allait, il a un grand talent d'arrangeur. Il nous a amenés à sortir le meilleur des chansons, mais aussi de nous-mêmes, tout ça dans un état d'esprit « relax ». Cet enregistrement a clairement été un grand moment dans notre vie de musicien, et on est ressortis de là plus sûrs de nous, grâce à lui. Si troisième album il y a, ce sera sans aucun doute avec lui qu'on le fera.
Côté guitares, amplis, effets, quel matériel a été utilisé ?
Pour les rythmiques, c'est la guitare d'Alain qui a été utilisée. C'est une Schecter Blackjack Solo-II ATX, un format inspiré de la LesPaul avec des micros actifs Seymour Duncan Blackouts. Pour les soli, Franck a utilisé sa guitare de prédilection, une ESP M-II montée en EMG 81.
Pour les prises, on enregistrait sur deux voies : une première via un Kemper où deux-trois sons types ont été définis pour donner une direction au son que l'on voulait, et une seconde en DI pour le reamping à venir. Gwen a plusieurs têtes pour reamper, et c'est la ENGL Savage qui a été utilisée au final.
En live, on a des rigs très simples : Alain joue sur Laboga (tête Mr.Hector + baffle 2x12), Franck sur Engl (tête Fireball + baffle 2x12), un delay et un chorus chacun, plus une wah-wah pour Franck.
Quels sont les actus et projets ?
Après une série de concerts en novembre, on va retourner dans notre grotte poursuivre l'écriture de nouveaux morceaux. On passera la tête dehors en janvier pour aller jouer pour la première fois à Nantes (44), avec Affect et Sound of Memories.
Pour 2017, on a pour projet de réaliser deux nouvelles vidéos et on espère être de la saison des festivals. Et pour 2018, on espère pouvoir être en mesure d'enregistrer le successeur de « Primal Scream ».
Vous êtes soutenus par Polly Musique Production sur le booking et la communication. Pouvez-vous nous parler d'eux, comment a démarré votre collaboration et comment se déroule-t-elle concrètement ? Vous êtes en auto-prod, je précise.
Suite à l'arrivée de Guillaume, on a eu l'opportunité de jouer dans une soirée étudiante, vu qu'il était lui-même étudiant à l'époque. On partageait l'affiche avec un jeune groupe nommé Studio 107, accompagné de leur copine manageuse, Lily Bellenger. Elle fondera Polly Musique Production quelques mois plus tard, afin d'accompagner les groupes locaux émergents dans leur démarche.
En 2013, Erwann et Guillaume étaient en train de démarcher un bar pour s'y produire, et y ont retrouvé Lily, qui se rappelait de nous et a vivement encouragé le patron à nous prendre. Le contact s'est noué à ce moment-là. On suivait les groupes qu'elle accompagnait, on savait ce qu'elle faisait pour eux, et on trouvait la démarche très intéressante, car c'était précisément là où on péchait, sur la communication et surtout la prospection concerts. On n'avait pas accès aux réseaux associatifs des SMAC ou des MJC qui offrent aux groupes qui répètent chez eux des opportunités de se produire.
Donc quand l'association a pu s'ouvrir à de nouveaux groupes, on a soumis notre candidature pour la rejoindre et on a été accepté. Dans les mois qui ont suivi notre arrivée jusqu'à l'enregistrement de « Primal Scream », on s'est mis à jouer une à deux fois par mois, ce qui n'était jamais arrivé jusque-là.
Concrètement, Polly Musique Production s'occupe de notre booking, en fonction des contraintes imposées par nos emplois du temps respectifs ; de la communication sous toutes ses formes (réseaux sociaux, affichage, presse papier et Web, radio...) ; de la diffusion de la musique sur les plateformes légales ; de la distribution du merchandising sur le shop en ligne (pollyprod.bigcartel.com). On a également eu un soutien technique pour l'enregistrement de la maquette de l'album.
Lors des concerts, des bénévoles se rendent disponibles pour venir nous aider sur certains aspects que l'on ne peut pas forcément gérer pendant qu'on se prépare (catering, tenue du stand merch ou de la billetterie...), nous soutenir pendant qu'on joue.
Tout ça constitue pour nous un soutien précieux.
Vous tournez beaucoup en Bretagne. A quelles principales difficultés les groupes se heurtent-ils pour parvenir à jouer hors région ?
Jouer hors région, ça demande quelqu'un qui a les contacts et/ou le temps pour démarcher, du temps libre pour pouvoir se déplacer et jouer, mais aussi de l'argent à investir.
En tant que musicien amateur, les cachets ou défraiements couvrent rarement la totalité des coûts de déplacement et d'hébergement. Ça nous est arrivé de traverser la région (Rennes par exemple est à 200 km) pour aller jouer pour presque rien. Et puis jouer hors région, c'est aussi débarquer dans une zone où le groupe n'est pas connu, il y a donc de la communication à faire en amont. Tout ça, c'est un investissement supplémentaire pour le groupe, et quand on décide de le faire, il faut que ça reste à peu près rationnel.
A notre niveau, entre ceux qui travaillent le samedi, ceux qui ont des congés imposés en août, ceux qui ont des familles avec enfants, les plans concerts hors région sont assez compliqués à mettre en place.
De qui, de quoi auriez-vous besoin pour le bon développement du groupe, en plus de Polly bien sûr ?
Un label, sur lequel on pourrait s'appuyer pour la diffusion hors région justement, pour nous aider sur un nouveau tirage de l'album, pour soutenir la démarche sur l'enregistrement d'un troisième album...
Des sponsors, pour nous permettre de financer les projets à venir du groupe
Si on arrive à mettre ça en place, il y aura sans doute besoin d'un tourneur derrière. Mais nous n'en sommes pas encore là.
Pas de question, la voie est libre pour dire ce que vous voulez. Pas interdit de se lâcher !
On peut se lâcher ? Très bien !
PROUT (x5)
Et sinon : https://www.youtube.com/watch?v=PcRyjkYdDxM
Comme dirait Valérie T., merci pour ce moment, et longue vie à Guitariste.com ! m/
Dates de concerts :
21/01/2017 : La Scène Michelet – Nantes (44) – Avec AFFECT et SOUND OF MEMORIES
Liens Internet :
https://www.facebook.com/teskamusic
https://www.youtube.com/user/teskamusic
https://www.facebook.com/PollyProd
Crédit Photo : Forban-Photographie
Cette rubrique est aussi la vôtre, alors n'hésitez pas à envoyer vos productions pour être interviewé par Maritta Calvez à maritta[a]guitariste.com (remplacez le [a] par @).
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