Premier à dégainer, Joe Satriani a toujours étonné par sa capacité à écrire inlassablement des titres instrumentaux en retombant rarement dans les mêmes schémas prévisibles. Ses derniers albums studio ne possédaient certainement pas la force d’antan mais ils se défendaient suffisamment pour ne pas remettre en cause son rôle de leader de la scène toute entière. Professor Satchafunkilus And The Musterion Of Rock n’est donc ni plus ni moins que dans la lignée des Super Colossal, Is There Love In Space et autres Strange Beautiful Music. Sans escapade technique inutile, Pr. Satch nous fait la démonstration par A + B que sa formule fonctionne toujours aussi bien sur quelques hymnes imparables comme « Musterion » ou « Asik Vaysel ». Tous les deux possèdent un côté mystérieux assez prenant et bien que le disque s’éparpille parfois dans le ridicule (« I Just Wanna Rock » et son thème débilisant), le chauve se montre encore redoutable dans ses descentes de manche et dans la construction de ses titres.
Mais à l’heure où Steve Vai verse de plus en plus, et avec succès, dans l’expérimentation, il serait bon d’entendre le maître s’écarter d’une production typée années 80, de donner un rôle plus important à la section rythmique et de prendre un peu plus de risques dans l’écriture. La magie s’évapore progressivement au fil des années et l’on a de plus en plus l’impression d’écouter des albums de commande lorsqu’il s’agit de Satriani. Même si personne n’arrive à faire de la musique comme lui, on s’en lassera irrémédiablement un jour… et pour les moins indulgents Professor Satchafunkilus And The Musterion Of Rock sonnera nécessairement le glas.
Quant à Michael Schenker, on ne peut pas l’accuser d’avoir une production eighties… Il faut plutôt aller encore une décennie en arrière. Difficile de faire autrement avec un line-up certes magistral mais terriblement passéiste : Don Airey (Deep Purple) aux claviers, Neil Murray (ex-Whitesnake et ex-Black Sabbath) à la basse et le toujours excellent Simon Philips (Toto) à la batterie. Ajoutez à cela Gary Barden derrière le micro et vous obtenez le parfait line-up pour déverser du hard-rock basique, chantant et positif (« Na Na », « Come Closer », « Competition »).
Schenker n’a jamais été très démonstratif dans ses exécutions de gamme et In The Midst Of Beauty ne fera pas presqu’aucune exception. Malgré son caractère prévisible et linéaire, ce nouvel album de MSG rectifie le tir après plusieurs années de disette qualitative. In The Midst Of Beauty n’a sans doute pas la force nécessaire pour convertir de nouveaux fans à la musique du blondinet mais il possède suffisamment de niaque pour contenter sa fanbase.
En fait, vous l’aurez compris, le plus intéressant des trois disques est celui qu’on attendait le moins. Connu du « grand public » pour son travail aux côtés de Billy Idol, Steve Stevens est un excellent guitariste revêtant sur cet album solo sa plus belle tenue de guitar hero. Il est quasiment impossible de se plier à cet exercice sans avoir l’air de composer la bande-son d’un jeu vidéo – n’est pas Steve Vai qui veut – mais Stevens s’en tire plutôt bien en n’hésitant pas à inclure un titre tel que « Water On Ares », bien loin des canons du shred avec sa lente et pernicieuse guitare acoustique, ou la reprise « Day Of The Eagle » avec Doug Pinnick de King’s X au chant.
La seconde partie du disque est encore plus recommandable, avec des morceaux aux forts accents progressifs (« Joshua Light Show » rappelle la patte de Steve Howe sans même parler du psyché « Josephine ») et un jeu de gratte extrêmement riche, autant dans sa production que dans sa réalisation. « Small Arms Fire » combine pour sa part des rythmiques metal à une intro acoustique donnant la pleine mesure de la diversité et du talent qui animent Stevens. Avec Memory Crash, il justifie sa réputation auprès de tous les connaisseurs et donne une très bonne excuse pour les néophytes de les rejoindre.Grâce à son potentiel rassembleur, cet opus pourrait, s’il était correctement distribué et promu, donner une nouvelle exposition à la guitare instrumentale. Pour nous autres, à la recherche de bon jeu partout où il se trouve, Memory Crash est un immanquable qui nous fera tenir bien plus longtemps que jusqu’à la prochaine salve de sorties !
Joe Satriani – Professor Satchafunkilus And The Musterion Of Rock
Epic – SonyBMG
www.satriani.com
Michael Schenker Group – In The Midst Of Beauty
Inakustik – Nocturne
www.michaelschenkerhimself.com
Steve Stevens – Memory Crash
Magna Carta (en import)