Assuré d’une bonne réputation avec son premier album et sa participation à une tournée avec Porcupine Tree, Pure Reason Revolution n’avait pas encore eu l’étincelle suffisante pour s’imposer à un niveau plus élevé. S’il avait besoin d’une étincelle, c’est avec un lance-flamme qu’il se rappelle à notre souvenir. Avec Amor Vincit Omnia, d’ores et déjà candidat sérieux à l’album de l’année, les Anglais fusionnent à la perfection leurs influences électroniques et rock, celles-là même qui dissonaient souvent par le passé. Jon Courtney, le chef de ces créatifs, nous en dit un peu plus sur leur démarche… révolutionnaire !

Tu as déclaré que pour Amor Vincit Omnia vous n’avez pas cherché à faire un album conceptuel mais qu’en fin de compte c’est ce qui s’est passé (rires). Peux-tu expliquer ?

Jon Courtney : Oui c’est vrai que c’est ce qui s’est passé. Il y a seulement un thème global qui parcourt le disque. Je sais que ça sonne très con quand je dis ça mais je voulais que l’album résume le sentiment et l’euphorie que l’on ressent lorsque l’on est amoureux mais également la tristesse quand tout cela se finit mal. Du coup, nous avons obtenu des chansons dépravées remplies d’amour qui sont nourries par mes propres expériences et celles des gens autour de moi. Au final, l’album est plus direct que The Dark Third.

Pourtant The Dark Third était également un disque très personnel, construit de façon assez similaire…
Jon Courtney : C’est vrai. Mais je crois que la différence réside dans le fait que j’étais à fond dans le courant surréaliste au moment de The Dark Third. Le disque est donc ressorti comme plus abstrait.

Pourquoi avoir choisi d’exprimer le titre de l’album en latin ? Ne trouves-tu pas que c’est un gros cliché de la scène progressive ?
Jon Courtney : Quand j’étais à l’école, je portais une veste d’uniforme avec la devise Veritas Omnia Vincit qui veut dire « la vérité triomphe ». Comme nous parlions de chansons d’amour, le thème m’est venu et j’ai remplacé le « veritas » par « amor ». J’aimais bien la sonorité de cette phrase. C’est assez fou quand j’y pense qu’un de nos albums trouve sa source dans la veste que je portais à l’école (rires).

Oui et quand on pense qu’aujourd’hui nous sommes le 14 février et que c’est la Saint Valentin, on peut dire que ta vie tourne autour de l’amour !
Jon Courtney : (il explose de rire) C’est dommage que le disque ne soit pas sorti le 14 février, d’ailleurs. Cela aurait été parfait !

Avec ce disque, vous avez réussi à peaufiner votre style et à faire apparaître une vraie personnalité. Ça passe notamment par l’ajout de davantage de claviers. Tu es d’accord avec cette remarque ?
Jon Courtney : C’est sûr qu’il y a plus de claviers. Il n’y avait de toute façon qu’une seule manière de faire ce disque. Je ne pouvais pas composer The Dark Third II car ce n’est pas une démarche qui m’intéresse. Je crois que je me suis nourri de davantage d’influences, notamment de la musique électronique. Mais les fondamentaux restent. On entend toujours autant les Beach Boys dans les harmonies. Nous suivons aussi la ligne de conduite sur laquelle s’est batie le groupe : aucune règle prédéfinie dans l’utilisation et le choix des instruments. Les synthés ou la boîte à rythme sont tout aussi envisageables que le reste si cela convient à nos chansons.

Vous avez utilisé quelques instruments « bizarres » ce coup-ci ?
Jon Courtney : Quelques vieux claviers, oui. Je n’aime pas les synthétiseurs intégrés sur ordinateur car ça me fait bizarre de me servir de la souris… Je préfère avoir un clavier physique et me servir des boutons en direct. Nous passons souvent nos claviers par des pédales de distorsion et divers filtres pour obtenir les sons souhaités. Souvent je pense à un riff de guitare et il s’avère qu’il fonctionne nettement mieux aux claviers, après bidouillages. Il est vraiment possible d’arriver à des combinaisons très intéressantes, originales et totalement inattendues.

A l’écoute d’Amor Vincit Omnia, on a l’impression que chaque choix musical a été mûrement réfléchi, que chaque titre est parfaitement construit, etc. Est-ce que les chansons sont nées comme cela ou est-ce qu’en fait votre musique est beaucoup plus spontanée qu’elle n’y paraît ?

Jon Courtney : En jouant seul avec une boîte à rythme, une guitare ou un piano, je trouve généralement un couplet et un refrain. Cela forme un « bol » d’inspiration. Il faut raffiner le tout et trouver comment articuler la chanson dans son entier. Et là tout est permis. Ainsi, ce n’est pas rare que nos titres les plus électroniques aient été composés initialement à la guitare acoustique. Avec une grille d’accord standard, il est possible d’aller dans n’importe quelle direction. En tout cas, oui, notre style nous pousse à faire très attention aux détails et il nous serait impossible d’enregistrer un morceau en un jour (rires).

Vous avez eu plus de temps pour travailler sur Amor Vincit Omnia que sur The Dark Third ?

Jon Courtney : The Dark Third est né d’un paquet de démos faites sur ordinateur. Nous avons utilisé quelques titres supplémentaires mais la majorité d’entre eux venait de ces démos. Nous avions amélioré quelques trucs avec notre producteur. Amor Vincit Omnia a été fait titre après titre. Nous étions mieux organisés et oui au final nous avons eu un peu plus de temps pour arriver au résultat final.

Y a-t-il des chansons sur le disque dont tu te sens plus proche d’une façon ou d’une autre ?

Jon Courtney : Ce sont toutes mes bébés alors je ne peux pas choisir (rires) ! Enfin c’est vrai que parfois en écrivant je m’enflamme et j’attends beaucoup de certains titres en particulier qui au final me plaisent moins que certains autres sur lesquels j’avais moins d’espoirs. J’ai été très surpris par « AVO », le dernier morceau que nous avons fait, même si nous avions toutes les idées en tête. J’aime « Les Malheurs » aussi et… tout le disque (rires) !

Pure Reason Revolution – Amor Vincit Omnia
Superball Music
www.myspace.com/purereasonrevolution
Pure Reason Revolution : Amor Vincit Omnia l'album de l'année ?