Le 9 août 2011, la nouvelle tombe d'un coup : Pure Reason Revolution s'arrête. Les membres sont découragés par le manque de réussite de leur groupe et annoncent cinq dates live pour clore en beauté leur carrière riche d'autant d'albums studio que de petits cochons. Cette nouvelle n'affecte pas grand monde. Leur annonce sur leur page Facebook n'engendre qu'une centaine de réactions. Pure Reason Revolution n'a jamais connu la lumière et c'est sans doute cela le problème. Car ,en huit ans d'existence, ils ont livré trois excellents disques. Le deuxième, Amor Vincit Omnia, nous intéresse aujourd'hui.
La musique de Pure Reason Revolution fourmille de références à Pink Floyd, Mew, Secret Machines voire Fleetwood Mac. Mais ce prog' inventif a culminé sur The Dark Third, leur premier album. Sur Amor Vincit Omnia, on sent une volonté plus forte d'imposer un son qu'on associerait uniquement au quartette. L'ambition épique retombe et laisse place à de nombreux éléments électroniques. Cette fusion fonctionnait certainement encore mieux dans l'esprit de Jon Courtney et Chloe Alper que dans la réalité. En effet, la production est très approximative en plus d'avoir mal vieilli. Toutefois, la créativité suinte de tous les côtés et cela suffit.
Comme Nirvana ou les Ramones, Pure Reason Revolution n'a pas de don technique particulier (et ne semble pas intéressé pour s'améliorer) mais comme eux il possède une grande force de volonté lui permettant d'imposer son univers entre guitares strummées et synthés venus de l'espace inter-galactique (Deus Ex Machina). Le groupe cherche à surprendre par des structures musicales peu traditionnelles. Chaque titre prend des chemins détournés pour y parvenir, même les plus simples et anecdotiques du lot (Bloodless). Et même si, fréquemment, il gagnerait à épurer ses idées et à laisser vibrer d'elles-mêmes ses atmosphères, il signe quelques plages fantastiques comme le survolté Deus Ex Machina, la seconde partie de Bloodless, la montée en puissance de The Gloaming ou l'ensemble d'AVO.
On pourrait écrire des pages sur ce morceau qui clôt magnifiquement le disque. Cet acronyme, abrégé du titre de l'album, résume parfaitement l'essence de Pure Reason Revolution. Une mélodie simple et entêtante au piano qui pourrait être répétée à l'infini dans un film de Darren Arnofsky... Elle se rehausse d'influences électroniques oniriques... L'ambiance s'installe et s'apaise... jusqu'à ce que le groupe décide d'interrompre la rêverie et de finir le disque dans un éclat sonore inédit (il fallait entendre ce rendu en live !) où leur devise latine est reprise à tue-tête. A coup sûr, la chanson qui fera regretter le split prématuré de la formation anglaise.
Amor Vincit Omnia était évidemment meilleur à l'époque de sa sortie, en 2009, que cinq ans plus tard où le crossover proposé s'est largement démocratisé. Pure Reason Revolution avait toutefois la fraicheur du précurseur et se situait à son sommet artistique. Les « Did you feel loved? Did you ever burn Avalon » n'ont pas fini de résonner le jour où le groupe a décidé d'en rester là. Il y aura toujours des amateurs de leur musique qui a revisité le rock progressif des seventies sur The Dark Third, revu l'électro-rock sur Amor Vincit Omnia et prouvé qu'elle savait aussi rouler des mécaniques sur Hammer And Anvil. Avec Oceansize, Pure Reason Revolution demeurera comme la plus grosse perte pour les fans de prog' innovant en ce troisième millénaire, d'autant que, comme pour l'ex-bande de Mike Vennart, leurs membres n'ont pour le moment rien sorti s'approchant du niveau de leur apogée...
Tracklist de Amot Vincit Omnia :
1. Les Malheurs - 5:02
2. Victorious Cupid - 3:39
3. I) Keep Me Sane/Insane - 0:55
4. II) Apogee III) Requiem For The Lovers - 5:22
5. Deus Ex Machina - 5:40
6. Bloodless - 4:55
7. Disconnect - 5:54
8. The Gloaming - 9:10
9. AVO - 4:47
Pure Reason Revolution - Amor Vincit Omnia
Superball Music
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