Roland Grapow est un homme qui aime se reconstruire. Et avec Masterplan, le groupe formé peu après son éviction de Helloween, il accumule les défis avec un nombre alarmant de changements de line-up. Pourtant, il ne perd pas la foi et continue coûte que coûte à croire en son power hard rock. Après le deuxième départ de Jorn Lande, Masterplan trouve en l’inconnu Rick Altzi l’homme providentiel censé les ramener vers les sommets. Un nouvel opus, Novum Initium, n’aura jamais aussi bien porté son nom.
Masterplan aujourd’hui est en tous points différent du Masterplan d’il y a dix ans. En fondant ce groupe avec Uli Kusch, est-ce que tu imaginais qu’il pourrait tant différer de la vision initiale ?Roland Grapow : Pas vraiment… Ce sont des choses impossibles à planifier. Qui sait ce que je ferai dans dix ans ? Peut-être que je serai déjà à la retraite et que j’aurai envoyé chier toute la musique (rires) ! Il faut être un peu relax à propos de tout ça. Tout ne dépend pas de moi. Je me force simplement à faire du boulot de qualité et à sortir de bons albums. Mais au final tout ce travail sera apprécié différemment selon les personnes qui le jugent. J’ai appris à garder une certaine distance avec tout ça.
Le bon côté des changements qu’a connu Masterplan réside dans la diversité assez inattendue de ses albums. Il y a des « ères » dans votre discographie. C’est une des qualités du groupe ?
R. G. : Bizarrement, je trouve qu’il y a tout de même un fil rouge dans nos disques. Je suis convaincu qu’avec le vieux line-up nous aurions évolué aussi et qu’aujourd’hui nos disques seraient différents. Le premier album a vraiment été écrit dans une euphorie unique, très difficile à reproduire. Nous étions animés par la haine d’avoir été virés de Helloween. Or, aujourd’hui je ne ressens plus cette haine. Je suis relax à propos de tout. Forcément, ce que je compose change en conséquence. Je suis entouré de bons musiciens : mon but à présent est que nous brillions en tant que groupe.
J’imagine qu’Axel Mackenrott, aux claviers, doit occuper une place importante dans le dispositif…
R. G. : Oui. Il est, à part moi, le plus ancien membre de Masterplan. Il y a des liens qui ne se défont pas. Après, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Je reste en très bons termes avec Jan S. Eckert notre ex-bassiste et les choses sont relativement bonnes avec Uli. Nous nous écrivons des mails de temps en temps.
Et Jorn Lande ?
R. G. : Oui c’est aussi un bon ami. Pour lui, je crois que c’est la frustration qui l’a emporté. Il ne comprenait pas que Masterplan ne devienne pas plus « gros ». Il a arrêté de s’impliquer dans d’autres groupes car il ne voyait plus l’intérêt de cette démarche. Il axe à présent tout sur son propre groupe. Personnellement, je ne crois pas qu’il atteindra le niveau qu’il se fixe mais il est heureux d’une certaine façon de pouvoir voler uniquement de ses propres ailes.
Et toi ? Tu n’as jamais été frustré de voir que Masterplan ne côtoyait pas les têtes d’affiche dans les festivals ? Tu n’imaginais pas le groupe s’imposer davantage sur la scène power metal ?
R. G. : Bien sûr. J’ai toujours eu de gros espoirs. De l’extérieur, beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi nous ne vendons pas plus car la qualité de notre musique séduit vraiment ceux qui l’écoutent. Je ne peux pas répondre à cette question car je n’en sais rien. Je vois partout des groupes très populaires et pourtant je ne les aime pas du tout. Il faut croire que parfois la qualité n’est pas suffisante pour assurer la réussite d’un groupe. Mais cela ne m’obsède pas. Je ne rends pas la vie impossible simplement parce qu’il y a tel ou tel groupe qui cartonne et pas moi.
C’est juste une question de goûts : je n’aime peut-être pas un groupe mais mon avis ne vaut pas plus que celui de quelqu’un qui l’aime. Le seul truc qui m’agace parfois est lorsque des musiciens connus ne connaissent pas Masterplan. Jorg Michael par exemple nous a découvert uniquement lorsque nous lui avons demandé un coup de main pour remplacer notre batteur sur deux dates. Il adorait notre musique mais ne nous connaissait pas. Ca m’énerve car il évolue quand même dans un cercle où il est censé avoir entendu parler de nous. C’était quand même le batteur de Stratovarius ! Il faut mourir pour enfin devenir connu (rires). Mais encore une fois, je n’y peux pas grand-chose donc je laisse couler…
Quand tu composes, penses-tu parfois consciemment à faire une chanson plus mainstream pour plaire davantage ?
R. G. : Oh oui. La première chanson que j’ai écrite pour Helloween était The Chance et elle avait vraiment pour but de plaire. Pour Masterplan, Heroes remplissait un peu cette fonction aussi. Ça sonne très simple mais ce n’est pas un morceau simple à écrire car les mélodies vocales sont très compliquées. En proposant à Kiske de chanter dessus, évidemment que je pensais au succès commercial. Ça fait parler. Au final, ce titre a vraiment cartonné au Japon. Les gens chantaient Heroes partout et pourtant Jorn détestait ce morceau. Heureusement avec le line-up actuel nous la jouons à nouveau. Sur cent chansons, une seule est vraiment unique comme Smoke On The Water de Deep Purple.
Il y a des morceaux spéciaux sur Novum Initium à ton avis ?
R. G. : Dur à dire. Je ne pense pas qu’il y ait des morceaux du niveau de Smoke On The Water (rires). Keep Your Dream Alive est une chanson qui me plaît beaucoup. Je sais que nous avons eu de bons retours suite au clip. Celui-ci aide les fans à visualiser le nouveau line-up qui n’était jusqu’alors que des noms sur un site Internet. A présent, nous sommes prêts à repartir à leur conquête !
Masterplan - Novum Initium
AFM Records
www.masterplan-theband.com
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