Ancien guitariste du groupe de heavy-metal allemand Helloween, Roland Grapow a créé l'événement avec Masterplan, dont le premier album réalise un joli carton. Le musicien explique la genèse du groupe, après une rupture difficile avec Helloween. Il commente les raisons de son nouveau succès. Et rappelle, en évoquant ses débuts, qu'il faut bosser avant de maîtriser la guitare !
Guitariste : Comment a débuté l'histoire de Masterplan ?
Roland Grapow : Eh bien, tout a commencé en janvier 2001. Uli Kusch (batterie) et moi étions au Japon avec Helloween. Nous avons discuté tous les deux de la création d'un side-project. Je ne voulais pas faire de troisième album solo. Nous voulions faire quelque chose de spécial, nous avions déjà écrit quelques chansons. Mais Uli n'était pas tout à fait prêt à lancer un projet. Comme j'aime bien gérer les choses, rencontrer les professionnels du business, je suis vite devenu le "moteur" de Masterplan.
Guitariste : Quelle était ta situation à l'époque au sein de Helloween ?
Roland Grapow : Nous avons informé les membres du groupe sur ce projet. Ils ont dit qu'ils n'avaient rien contre. Mais finalement, on s'est fait virer de Helloween cinq mois après ! Nous étions totalement surpris. Durant notre dernière tournée avec Helloween, nous avions une bonne entente dans le groupe, tout semblait parfait. Nous avons fait un concert en Espagne, puis j'ai appris que j'étais viré. Je n'arrivais pas à y croire. Uli et moi sommes restés ensemble. Et c'est une bonne chose, car c'est un excellent batteur.
Guitariste : Comment avez-vous trouvé votre chanteur, Jorn Lande ?
Roland Grapow : Au début, nous pensions à Russel Allen, qui chante au sein de Symphony X. Nous l'avons rencontré durant un concert à Berlin. Il trouvait que nous rejoindre pouvait être cool. Mais Masterplan n'était encore qu'un projet dans notre esprit, car nous faisions encore partie de Helloween à l'époque. Notre future n'était pas clair. Alors Russel a préféré rester avec Symphony X, qui est devenu un grand groupe.
Ensiute, nous avons proposé le chant à Michael Kiske (ancien chanteur de Helloween, ndr). Il était d'accord, mais il ne pouvait pas jouer en concert, car il était déjà impliqué dans son groupe Supared. Cela ne correspondait pas à nos projets.
Alors, trois mois après la séparation de Helloween, nous avons demandé à Jorn Lande de rejoindre Masterplan. Il était le chanteur d'Ark. Il a écouté nos chansons, sans les voix, et a dit : "Oh, tout ça m'inspire". La musique était déjà composée, j'avais déjà écrit la moitié des paroles. Nous avons enregistré en novembre. Quand le mixage était fini, Jorn Lande a trouvé les chansons très bonnes. Comme il avait des problèmes avec Ark, il les a quittés pour Masterplan. Jorn a une voix unique, mature, très différente de Helloween.
Guitariste : Comment la presse a-t-elle accueilli votre premier album ?
Roland Grapow : Nous avons eu de très bonnes critiques ! Les gens ne s'attendaient à rien de bon parce que nous venions de Helloween. Ce groupe était souvent déprécié, particulièrement en Allemagne. Mais avec la voix de Jorn au sein de Masterplan, le résultat était incroyable. L'album a toujours été bien noté dans la presse, de 8 à 10 sur 10. Le magazine allemand Rock Hard nous a placé en première position parmi 50 albums. Les ventes dans ce pays étaient si fortes que nous sommes entrés dans le hit-parade pop. En Suisse, en Hollande et dans d'autres pays, Masterplan a été désigné "album du mois". C'est incroyable pour un premier album.
Guitariste : Tu peux donner des chiffres de ventes ?
Roland Grapow : Je ne les connais pas précisément, mais nous avons vendu environ 60 000 albums (minimum) en Europe, et 20 000 albums au Japon.
Guitariste : Alors, quel est ton secret ?
Roland Grapow : On essaye d'être intéressant, de faire des chansons accrocheuses, un peu progressives mais pas trop. Ne fais pas une mélodie trop simple (il chante "oho, oh oh oh" en imitant un chœur) ni quelque chose de trop compliqué, comme Dream Theater ou Symphony X. Dans notre album, beaucoup de gens apprécient "Enlighten me" ou "Soul Burn". Nos chansons peuvent être agressives, mais elles restent mélodiques. Tu dois ressentir la musique. Si elle ne te touche pas au cœur, ça ne peut pas marcher.
Guitariste : Comment juges-tu le mouvement heavy-metal aujourd'hui ?
Roland Grapow : Eh bien, il est difficile de dire ce que j'aime. J'aime bien Creed par exemple. Je suis un grand fan du nü-metal. Limp Bizkit, par exemple. Certains me tueraient en entendant ça (rires). Les voix du rap aussi, car le rythme est prenant. Je suis un grand fan de Rammstein, également. Leur style est très dynamique, comme le titre "Mein Herz brennt", l'un de mes préférés au sein de leur dernier album.
Guitariste : Parlons de tes débuts. J'ai lu que lorsque tu as démarré la guitare, ton père t'a convaincu de prendre un prof ?
Roland Grapow : Oui. Quand j'avais douze ans, j'ai commencé à jouer sur une guitare acoustique bon marché, difficilement, devant un miroir. Mon père m'entendait et m'a dit "Tu devrais prendre des leçons". Alors je suis allé dans une école de musique.C'était vers 1972. J'étais assis dans une classe avec une vingtaine d'autres élèves. Il y avait pas mal de jolies filles, et j'étais très timide, tu sais, toujours loin du prof. Quand il me disait "Allez, joue", je devenais rouge et n'arrivais pas à jouer (rires). Et je ne comprenais pas grand chose à la théorie. Après six mois, tout le monde était devenu bien meilleur que moi. Le prof a dit à mon père : "Inutile de continuer à perdre votre argent avec la guitare". Je me suis senti assez mal, mais j'adorais jouer. Malgré cet échec, je savais que je pouvais y arriver. J'ai appris tout seul, et après trois ans j'ai commencé à devenir assez bon à la guitare.
Guitariste : Tu as travaillé l'instrument pendant des heures, tous les jours ?
Roland Grapow : Quand tu es jeune, tu as du temps. Je n'avais pas de copine, je jouais juste au foot dans un club, alors j'ai beaucoup pratiqué. Pendant les vacances, pendant six semaines, je pouvais jouer huit heures par jour. A l'âge de 19 ans, je devenais bon, les gens voulaient jouer avec moi. J'ai alors rejoint le groupe Rampage. Maintenant encore, j'apprends la musique. Mais je ne travaille plus les gammes. J'ai assez de recul pour pouvoir jouer ce que je ressens. J'utilise davantage ma tête que mes doigts pour créer. C'est important. Quand tu ne joues pas durant quatre semaines, tes doigts s'affaiblissent. Mais ton esprit reste fort.
Guitariste : Comment écris-tu les chansons ?
Roland Grapow : Je ne compose plus à la guitare. J'utilise l'ordinateur et mon clavier. J'aime être inspiré par un clavier, ou le groove d'une partie de batterie.
Guitariste : Malgré le split avec Helloween, aimerais-tu rejouer avec eux ?
Roland Grapow : Oh oui ! Je les considère comme des amis. Si Kai Hansen, Michael Kiske et d'autres membres du groupe pouvaient se réunir et créer deux ou trois chansons ensemble, le résultat serait terrible ! J'adorerais pouvoir refaire quelque chose ainsi.
Pour en savoir plus
http://www.master-plan.net/
http://www.helloween.org/ (l'ancien groupe de Grapow)
http://www.supared.de/ (le groupe du chanteur Michael Kiske)
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