Il était étonnant de constater que Marshall, si prompt à tenter des aventures commerciales aussi inattendues que des casques audio ou des réfrigérateurs, n'avait pas encore mis les pieds dans le vaste terrain de jeu de la modélisation, bien installée dans le paysage guitaristique depuis près de dix années. C'est le concepteur de logiciels Softube qui a eu pour mission de créer les modélisations embarquées dans la gamme Marshall CODE.
De nombreuses questions nous brûlaient les lèvres lorsque nous avons rencontré le démonstrateur officiel de la marque, Steve Smith, lors d'une après-midi de démo dans les locaux d'Algam, le distributeur français de la marque. Alors, qu'en est-il de ce Marshall CODE ? Convaincant ou pas ?
Au cours de la démo qui a suivi l'interview, nous avons pu écouter l'amplificateur entre les mains de Steve Smith. On constate que la réaction de l'amplificateur au jeu sur le potard de volume de la guitare s'approche de ce qu'on attend d'un amplificateur traditionnel. En ce qui concerne les modélisations, à la seule écoute de la
En marge du
test du Marshall CODE 25, vous pouvez lire l'interview de Steve Smith, ci-dessous.
Gcom : Pourquoi Marshall a t-il attendu si longtemps pour se lancer dans la modélisation ?
Steve Smith : Il y avait quelques raisons que je vais résumer en deux points. D'abord, Marshall a connu quelques changements internes ces dernières années pour permettre à la société de continuer à aller de l'avant. Du coup, ça a été une période de prise de recul et de pause en terme de nouveautés produits.
Mais la raison majeure c'est que Marshall voulait sortir un produit qui ne nuirait pas à l'image de la marque. Le focus a été mis sur la production d'un amplificateur à modélisation abordable mais qui sonne comme du Marshall et qui a la dynamique d'un amplificateur à lampes traditionnel.
Gcom : La collaboration avec Universal Audio pour créer le Plug-In de la tête JMP2203 a-t'elle eu de l'importance dans le développement du Marshall CODE ?
Steve Smith : Une importance cruciale. Marshall a toujours produit des amplificateurs à lampes haut de gamme. Le côté modélisation numérique est quelque chose de nouveau pour la marque. Du coup, le partenariat avec Universal Audio et Softube a été très important parce que pendant qu'ils créaient les plug-ins, nous utilisions ces modélisations pour développer le Marshall CODE.
Gcom : Comment
ont-ils fait pour se rapprocher des sons produits par les amplis mythiques que sont le JTM 45, le Super Lead, le Bluesbreaker ou le JCM800 ?
Steve Smith : Ils ont eu accès à de vieux amplificateurs originaux qu'on a sortis du Marshall Museum pour les mettre à leur disposition. Certains des amplificateurs dataient des années 1960, d'autres comme le Silver Jubilee, par exemple, était un modèle original de 1987. Ils ont pris ces amplificateurs en studio pour les
Gcom : Qu'est-ce qui démarque le CODE de la concurrence directe telle que le Yamaha THR, le Fender Mustang ou le Line 6 AmpliFi ?
Steve Smith : Pour moi, la différence est évidemment dans le son parce que nous avons fait appel à une compagnie spécialisée dans la modélisation d'amplificateurs. Mais surtout, la différence majeure est dans les sensations de jeu. Beaucoup de ces amplificateurs à modélisation sonnent bien mais quand tu te branches, ils ne sont pas très satisfaisants à jouer en terme de sensations. Ce que j'aime avec le Marshall CODE c'est sa dynamique, l'impression qu'on joue sur un véritable amplificateur à lampes. Tu peux jouer sur le potard de volume et tu entends une vraie différence sur le son. Le Marshall CODE réagit comme un véritable amplificateur à lampes. Et son prix est abordable.
Gcom : Ne craignez-vous pas qu'une gamme d'amplis à modélisation altère l'image historique, voire mythique, de Marshall ?
Steve Smith : Tout le monde chez Marshall est conscient de ce risque. Comme je disais, nous ne voulons pas nuire à l'image de la marque. Mais pour rester dans la course, le marché nous dictait de proposer des produits numériques à modélisation et abordables. Beaucoup d'autres marques sont déjà sur ce créneau, Marshall ne pouvait pas se permettre de se faire distancer mais nous ne pouvions pas juste proposer un amplificateur numérique quelconque.
Gcom : Smartphone, application, bluetooth... Ce n'est pas très Rock 'n' Roll, non ?
Steve Smith : En effet... (Rire)
Gcom : À quels types de guitaristes s'adresse le CODE ?
Steve Smith : Tout le monde. Ce qu'il y a de bien avec le CODE c'est qu'il n'y a pas besoin de tout ça pour bénéficier de l'amplificateur. On peut tout faire sur l'amplificateur sans avoir besoin de smartphone, de tablette et de l'application. La seule chose que l'application permet de faire et qui n'est pas possible autrement, ce sont les playbacks audio. Avec ça à l'esprit, je pense qu'on peut dire qu'on s'adresse à tout le monde : au guitariste qui veut un seul ampli capable de tout faire par exemple ou je pense aussi aux jeunes qui aiment les "gadgets" technologiques.
Gcom : D'ailleurs, concernant les guitaristes débutants et/ou les plus jeunes qui ne connaissent pas vraiment les références Marshall sauront-ils s'y retrouver au milieu de toutes ces modélisations ?
Gcom : En tant que guitariste, quel est ta référence, le grain que tu aimes le plus, en matière d'amplificateur ?
Steve Smith : En groupe je joue un peu de tout alors j'aime avoir un ampli qui permette de tout faire. Par exemple, le JVM deux canaux est un ampli que j'emmène partout sur scène voire en studio parce qu'il permet d'aller sur du high gain vers des sons proches du JCM ou du Bluesbreaker. Sinon les amplis les plus iconiques pour moi, sur lesquels j'enregistre le plus, ce sont les vieux Plexi. Je ne sais pas trop pourquoi mais en enregistrement les vieux Plexi sont superbes.
Gcom : Quelle a été ta première impression quand tu as joué sur le Marshall CODE pour la première fois ?
Steve Smith : J'avais un a priori négatif avant de l'essayer parce que je joue sur des amplis à lampes depuis longtemps. Je me disais que je n'allais vraiment pas aimer ça du tout ! Mais j'ai été surpris parce que les sensations de jeu étaient bonnes. La réponse était là. Il n'y a pas de latence. J'ai essayé différentes guitares avec des micros différents et les nuances étaient bien retranscrites. Ça m'a vraiment positivement surpris et surtout pour ce prix.
Gcom : Penses-tu que les guitaristes pourront, voire auront envie, de lâcher leur pedalboard pour adopter les effets numériques intégrés du CODE ?
Steve Smith : C'est une question un peu compliquée parce que je pense qu'il y a des guitaristes qui voudront avoir les deux. D'un côté l'ampli à lampes avec le gros pedalboard pour les concerts et de l'autre côté un Marshall CODE 25, par exemple, parce qu'il y a tout pour pratiquer et que c'est facile à mettre en oeuvre. Mais je pense qu'il y a aussi pas mal de guitaristes professionnels qui font du bal, des mariages et autres qui peuvent trouver l'utilité à n'avoir qu'un Marshall CODE sans s'encombrer avec trop de matériel parce qu'il y a tout dedans.
Gcom : Tu en utiliserais un sur scène ?
Steve Smith : Carrément.
Gcom : Que dirais-tu aux guitaristes pour qu'ils lâchent leurs anciens amplis pour le CODE ?
Steve Smith : Come and play it ! Attendez-vous à être surpris.
Voilà un bon conseil finalement.
La bonne nouvelle, c'est que nous sommes repartis de la démo avec un Marshall CODE 25 dans les bras qui va passer l'épreuve du banc d'essai dans lequel vous aurez un avis détaillé sur la bestiole ainsi que sur les sons, évidemment.