Marillion : Steve Hogarth, l'Edith Piaf anglais ?

Publié le 22/05/2009 par Guitare Live
Après avoir interrogé il y a quelques mois Steve Rothery, le guitariste aérien de Marillion, nous avons voulu donner la parole au chanteur Steve Hogarth. Pourquoi ? Car au moment où sort un nouveau double album, Happiness Is The Road, nous souhaitions en savoir plus en interrogeant la principale force créative du quintette mais également nous renseigner sur cette désormais mythique Telecaster rose que H utilise parfois sur scène. Peut-être aurons-nous la chance de la voir lors du passage très attendu de Marillion à l’Olympia pour ce qui s’annonce déjà comme un des premiers événements de l’année 2009. 
Tout d’abord une question sur votre prochain concert à Paris : vous allez jouer à l’Olympia ! Quel effet est-ce que cela te fait personnellement ?
Steve Hogarth : Je ne connais pas encore cet endroit mais j’en ai beaucoup entendu parler. Tous les Parisiens me disent systématiquement que c’est la plus belle salle de votre pays. Son prestige n’est plus à démontrer donc ça nous fait plaisir de nous y rendre.

Les Beatles y ont joué, notamment…
S. H. : Ah oui ? Pour moi le nom de cette salle est surtout lié à Edith Piaf. Marillion est l’Edith Piaf anglais, donc (rires) !

Venons-en à Happiness Is The Road. Il me semble qu’après Somewhere Else, il vous restait de nombreuses chansons. En retrouve-t-on certaines sur ce nouveau double opus ?

S. H. : Absolument ! Et nous les retrouvons un peu partout sur les deux disques. Une fois que nous avions décidé de faire un premier disque avec une longue suite de chansons, j’ai pensé que « Trap The Spark » et « State Of Mind » pourraient tout à fait trouver leur place dans cette succession de morceaux enracinés autour d’un même concept. Sur le second disque, The Hard Shoulder, nous avons ramené « Throw Me Out », « Older Than Me », « Half The World » et « Real Tears For Sale ». Tous ces titres étaient donc enregistrés et mixés avant même que nous ayons commencé à bosser sur Happiness Is The Road. Notre producteur les a légèrement modifiés mais en gros les versions finales étaient déjà prêtes à l’époque de Somewhere Else. Nous devions améliorer le rendu sonore car à l’issue des sessions de Happiness nous nous sommes rendus compte qu’un cap avait été franchi dans ce domaine. Je crois qu’un gros boulot a été effectué au niveau du mastering ce qui fait de cet album notre plus abouti sur ce critère de son.

Comme la répartition des chansons sur les deux disques s’est-elle faite ? Le premier volume a-t-il été guidé par le concept que tu évoquais et le second contient-il les « chutes » ?
S. H. : En gros, oui. Je me suis rapidement aperçu que deux thèmes se dégageaient dans les paroles que j’écrivais. D’une part mon avis sur ma vie et de l’autre ce que je voulais faire de ma vie. Nous avons regroupé tous les morceaux dans cette veine et rajouté quelques interludes ou instrumentaux pour greffer le tout. Nous avons appelé ce disque Essence car il forme un voyage d’où on extrait une sorte de jus de la vie (sic). J’ai lu The Power Of Now et ce livre m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses essentielles. Sinon, les autres chansons ont été chassées sur le second disque. The Hard Shoulder est une compilation de très bonnes chansons, à mon avis. Mais rien de plus. Il faut voir Happiness Is The Road comme deux albums rassemblés mais pas comme un double album.

Très bien. Parlons guitare, deux minutes. On te voit parfois jouer avec une Telecaster rose sur scène. Tu peux nous parler de ce modèle ?
S. H. : J’ai bien peur qu’il ne s’agisse pas d’un modèle d’origine (rires). Remarque, j’aurais pu voler un modèle des années 50 dans un saloon du Midwest des Etats-Unis (rires). Non, c’est une réplique que j’ai achetée dans un magasin en Floride lors de la tournée pour Afraid Of Sunlight en 1996. J’ai bien le look de cette guitare. Elle était aussi rose qu’un bonbon mais avec le temps les tons se sont assombris et elle ressemble plus à du saumon maintenant !

Tu t’entraînes à cet instrument ou c’est juste un moyen de plus pour toi d’écrire, avec le chant et le piano ?

S. H. : Steve Rothery m’a poussé à jouer de la guitare car il avait besoin d’un accompagnement pour certains titres. J’ai appris des barrés à l’époque de Brave. Je n’étais pas très doué mais avec un capodastre je m’en tirais convenablement (rires). Je me souviens que j’avais acheté une Stratocaster rouge qui appartenait à Andy Taylor de Duran Duran (rires). Il y a des autocollants du groupe partout sur l’étui ! J’ai utilisé ce modèle pour permettre à Steve de faire ses solos tranquillement pendant la tournée en soutien de Brave. Par la suite, Steve et Pete Trewavas – mes deux seuls professeurs – m’ont montré quelques autres accords mais je ne suis pas un bon élève et je n’aime pas m’entraîner seul chez moi. Je suppose que je devrais puisque c’est mon métier mais le piano est mon instrument de prédilection et ça devrait rester comme ça ! Pour moi, la guitare n’est qu’un accessoire de mode sur scène d’où l’importance du design (rires). Je suis un poseur !

Que ce soit avec Marillion ou plus encore au sein de tes shows en solo, tu as joué pas mal de reprises. C’est un exercice qui te plaît et est-ce qu’un jour un album studio de reprises pourraient voir le jour ?
S. H. : Bonne question. Mes shows en solo avaient pour but de montrer aux gens ce que j’aime et ce qui se passe musicalement dans ma tête. Tous les choix de chansons ont une importance particulière à mes yeux comme « In The Ghetto » d’Elvis que j’entendais à la radio quand j’étais petit et qui déjà me renversait ou « Famous Blue Raincoat » de Leonard Cohen que j’ai découvert sur le tard. Pour moi l’exercice de la reprise n’a rien de très « fun ». C’est juste un moyen de montrer quelles sont pour moi quelques-unes des chansons essentielles qui ont été faites. De par mon style, je suis obligé de « vivre » ce que je sens donc le choix des titres est primordial. Je ne peux pas me contenter d’une performance en demi-teinte. Avec Marillion, nous avons fait des reprises très bizarres (Keane, Abba, Britney Spears, etc) et inattendues pour notre convention annuelle. Je m’étais même travesti pour le morceau « Money Money Money » d’Abba ! Je ne sais pas si nous ferons un album studio sachant que j’ai déjà sorti pas mal de lives de mes concerts solo (voir : H Tunes ou même marillion.com)

 
Marillion – Happiness Is The Road
Intact
www.marillion.com

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