Luca Turilli's Rhapsody

Publié le 04/01/2013 par Nicolas Didier Barriac
Malgré toutes les vagues dans la carrière – et la vie – de Luca Turilli, l'Italien ne perd pas son amour de la musique. Mieux, il est toujours animé de la même passion, une envie de créer qui surpasse tout. Alors qu'il ne jouera plus aux côtés d'Alex Staropoli, le guitariste ouvre un nouveau chapitre de sa vie avec Ascending To Infinity, le premier album du... second Rhapsody !
On t'avait laissé avec Rhapsody Of Fire où vous aviez enchaîné trois albums/EPs en un temps très limité. Cela faisait suite à une période d'absence difficile marquée notamment par des problèmes légaux et de management. Mais vous aviez surmonté tous les problèmes. Pourquoi splitter à ce moment précis où tout semblait aller bien mieux pour le groupe ?
Luca Turilli : C'est une accumulation de plein de choses. Nous avons gardé la même structure pour le groupe pendant quinze ans. Nous avons commencé à parler de ce split amical au plus fort de la tourmente légale. Mais je voulais absolument terminer l'engagement artistique que j'avais pris avec le groupe : la saga. Je savais qu'il nous fallait dix albums pour compléter ce cycle. Donc pas question d'arrêter à l'album huit ou neuf ! Ca n'aurait été acceptable pour personne. Nous avons mis toute notre énergie pour finir la saga et donner quelques concerts.

Tu savais déjà ce que tu voulais faire après le split ?
L. T. : Non. J'ai pensé à me consacrer à 100% aux musiques de films car c'était mon but ultime après avoir fondé Rhapsody. Je pouvais également me lancer dans un projet à la Avantasia. C'est d'ailleurs dans ce cadre que j'ai rencontré Alessandro Conti. Il a été très surpris lorsqu'il s'est retrouvé dans un groupe à part entière (rires). Finalement, j'ai opté pour garder le nom de Rhapsody car Alex et moi sommes en très bons termes. Nous étions amis bien avant de fonder le groupe. Même si parfois lui et moi et Fabio nous tapions sur les pieds en studio, nous n'avons jamais été fâchés. Maintenant que nous n'avons plus à travailler ensemble, nous allons pouvoir nous focaliser sur notre amitié, comme avant. En tout cas, je suis très satisfait d'avoir ces dix albums que les fans peuvent écouter du début à la fin.

Est-ce qu'Alex et toi avez dû vous battre pour décider qui allait avoir la garde de Fabio (rires) ?
L. T. : Non non ! C'était tout à fait spontané et naturel comme décision car des affinités naturelles s'étaient tissées dans le groupe pendant les tournées. En plus, j'habite vers chez Patrice et Dominique. Encore une fois, tout a été très facile. J'aurais très bien pu continuer moi-même avec le nom de Rhapsody Of Fire mais nous avons pensé que la voix de Fabio devait rester attachée à ce nom. Nous sommes tous fidèles à ce nom et au logo aussi. Alex, moi et même des gens de ma famille ont mis de l'argent pour sauver le groupe quand il allait mal. Ces efforts nous ont permis de passer l'obstacle et même de devenir un genre de groupe familial.

Tu annonces Ascending To Infinity comme le onzième album de Rhapsody. C'est aussi une façon de ne pas marquer de rutpure ?
L. T. : Exactement. Il fallait que ce soit clair pour tout le monde. Maintenant que c'est fait, on ne va pas continuer à les annoncer ainsi. Ce line-up va vivre sa vie. Mais que les gens comprennent bien : je n'ai pas quitté Rhapsody Of Fire. Alex aurait pu faire Rhapsody Of Ice et moi j'aurais pu continuer dans le groupe (rires). Nous avons simplement fait les choix qui nous semblaient les plus justes. Ascending To Infinity n'est pas un album solo mais un albums similaire à tous les autres albums de Rhapsody.

C'est vrai. D'ailleurs, on peut entendre pas mal de claviers sur Ascending To Infinity. Certains de tes projets parallèles nous avaient déjà fait entendre ton amour des claviers...

L. T. : Oui, c'est un vieil amour ! Les deux derniers Rhapsody avaient moins de clavier car la saga le demandait. Il y a toujours eu un mouvement de styles dans notre musique. Pour la première fois de ma vie, lorsque j'ai commencé à écrire Ascending To Infinity, je n'avais rien à disposition pour entamer le processus. Et j'avais une deadline à fin mars 2013 pour rendre les bandes (rires). Quel stress ! Après vingt ans, je suis toujours autant ému par la musique classique et les bandes originales de films. Ca dégage une telle puissance ! Quand tu combines ça avec du heavy metal ça donne la musique la plus apocalyptique du monde (rires). J'adore ! Dès que je vois une bande annonce de film avec une belle musique et une belle narration ça me donne la chair de poule et ça me monte directement au cerveau. Ma nouvelle carrière sera donc entièrement vouée aux sons cinématiques. Le cinematic metal a toujours été le terme que je voulais utiliser pour qualifier ma musique. Hollywood metal n'était pas de nous.

Lorsque tu entames une nouvelle aventure, tu as toujours en tête « le coup d'après ». Est-ce à nouveau le cas avec Ascending To Infinity ? S'agit-il d'une nouvelle saga ?

L. T. : Non. Sur ce disque, il y a quatre morceaux qui sont connectés entre eux. C'est un mini-concept, si on veut. Je ne veux pas me relancer dans une longue saga. Ce fut un travail éprouvant à tous points de vue. Et maintenant, je n'ai pas envie de me fermer à des thèmes qu'il pourrait être bon d'explorer. Musicalement, j'aurais ainsi plus de liberté encore.

Tu ne penses pas que les sagas vont te manquer ? C'était ta particularité... Tu ne crois pas qu'au bout de quelques albums, tu risques de regretter ces concepts gigantesques ?
L. T. : Non. Un concept album n'est pas à exclure mais pas une saga entière ! J'ai eu ma dose. J'aime la liberté artistique d'un groupe comme Nightwish qui peut faire ce qu'il veut d'un titre à l'autre. Quand j'étais au sein de Rhapsody of Fire, j'avais le besoin d'un carrière solo pour libérer mon inspiration sur des thèmes qui n'avaient rien à voir avec le groupe et la saga. Maintenant, je n'ai plus ce besoin-là car je peux tout faire au sein de Luca Turilli's Rhapsody même incorporer des influences musicales comme les scores de Resident Evil ou Transformers.

Où en es-tu de tes projets de participation à une véritable bande originale de film ?

L. T. : J'ai un troisième « contact ». Les deux premières fois, j'ai dû refuser car j'avais peur de perdre ma liberté artistique. Même les grands noms de la musique de film doivent parfois se plier aux exigences des réalisateurs et des producteurs. Nous verrons ce que donne cette opportunité... Cela reste un rêve pour moi. J'aime m'imaginer dans un cinéma en train de regarder un film dont j'ai composé la musique avec tous les spectateurs qui ne se doutent pas que c'est moi, à côté d'eux (rires).

Quels sont tes derniers coups de cœur en matière de BO ?
L. T. : Transformers 2 était pas mal avec tous ces chœurs un peu dans le genre de Hans Zimmer. Transformers 3 m'a moins marqué dans la musique même si les ambiances étaient bien rendues. Je suis en manque de grands thèmes comme Gladiator, Requiem For A Dream ou Spiderman. Il faut dire que ces BO ont été victimes de leurs succès. Pendant quatre ou cinq ans, nous n'avons eu droit qu'aux mêmes genres de musiques dans tous les grands films hollywoodiens...



Luca Turilli's Rhapsody - Ascending To Infinity
Nuclear Blast
www.ltrhapsody.com 

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