Incubus n’a peut-être plus la pêche de ses débuts comme le montre l’extrêmement doux If Not Now, When? mais les américains ont toujours une sacrée énergie en live. Devant le public du Zénith parisien, Incubus a eu tout le loisir de le prouver. Ben Kenney, le bassiste de la bande, s’est pour sa part chargé de nous parler de leur dernière offrande, plus que jamais versée dans le pop rock.

If Not Now, When? marque un changement dans le son du groupe. Cette volonté vient d’une personne en particulier ou de l’ensemble du line-up ?
Ben Kenney : C’est une vision globale. (il marque un pause) Cela faisait deux ans que nous ne nous étions pas retrouvés en studio ensemble. Nous avions tous fait d’autres projets. La musique de If Not Now, When? est celle qui est venue le plus facilement et naturellement. Je ne crois pas qu’il y avait un « plan » derrière ce disque. Peut-être que quelqu’un d’autre du groupe te dira le contraire mais moi j’ai eu l’impression de venir en studio pour jouer ce qui coulait de source. C’est cool.

Tout le monde était d’accord avec la direction que vous preniez ?
B. K. : En tout cas, moi oui. J’ai fait beaucoup de sessions pour d’autres artistes donc je suis content dans tous les styles. Notre démarche est sincère donc ça ne me pose pas plus de problèmes que ça…

Brendan O'Brien est toujours dans le rôle du producteur. Ce n’était pas l’occasion de changer de gars également, même si nous savons tous que Brendan est capable de tout gérer ?
B. K. : C’est vrai. Mais c’est en fait très simple : nous bosons super bien et super vite en sa compagnie. Si nous voulons faire quelque chose de différent, il nous suivra toujours. C’est un excellent producteur qui nous donne les outils idéaux pour exprimer notre créativité.

Tu parles de créativité ; c’est vrai qu’ Incubus fait partie de ces groupes qui n’hésitent pas à faire des chansons et des albums très variés. Je suppose que c’est une des choses que votre public apprécie le plus et… (il sourit) Pourquoi cela te fait sourire (rires) ?
B. K. : If Not Now, When? est différent c’est vrai. Nous avons toujours évolué, modifié des choses par-ci par-là, mais là nous avons tout changé ! Ce disque n’a rien à voir avec le reste. Tout le monde nous le fait remarquer mais finalement nous n’avons pas grand-chose à commenter là-dessus…

Vous avez sorti un DVD et un best of il y a quelque temps où nous avons pu entendre quelques inédits. Pourquoi vous ne les jouez pas – au moins quelques extraits – sur cette tournée ? Vous n’en avez jamais ressenti le besoin ?

B. K. : Nous avons environ quatre-vingt chansons parmi lesquelles nous pouvons choisir… Nos meilleurs concerts à mon avis mélangent un peu de nouvelles chansons avec notre back catalogue. Lorsque nous nous mettons à faire des morceaux rares ou inédits, les réactions sont moins chaleureuses… Ces titres étaient bien cool mais ils ne font juste pas partie des priorités pour faire un concert. Tout ça va et vient selon les humeurs en fait… Plus tôt dans l’année, j’écoutais Make Yourself et je voulais absolument faire des chansons dans cette veine ! Finalement ça ne s’est pas fait mais cela montre bien la richesse des atmosphères que l’on peut chercher à utiliser et déployer.

If Not Now, When? a vraiment une pochette très réussie et en plus il s’agit d’un français, Philippe Petit (rires) ! Comment vous êtes-vous retrouvés à utiliser cette photo ?
B. K. : Nous parlions du documentaire Man On A Wire au moment où nous faisions If Not Now, When?. Au départ nous pensions pourtant à une photo différente : une image d’une très belle vague noire. Dès que nous l’avons choisie, tout le monde s’est rétracté à cause du tsunami. Je suis peut-être insensible, mais je n’ai pas compris le mal que nous faisions avec cette image ! Le fait de ne pas la mettre allait-il changer quelque chose à la situation catastrophique ?! Non, je ne pense pas… Bref. Quelqu’un au label a trouvé l’image de Philippe Petit et nous a convaincus de l’utiliser. Le ressenti est proche de celui avec la vague en fait. Ca va super bien avec le titre du disque. Quant à la vague, peut-être la prochaine fois ?

Est-ce que tu voies If Not Now, When? ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire du groupe (changement permanent) ou est-ce simplement une parenthèse (expérimentation passagère) ?
B. K. : Rien n’est jamais permanent chez Incubus (rires). Tout évolue, glisse, change constamment avec nous. Je ne m’attends pas à ce que nous refassions quelque chose de similaire la prochaine fois mais il faudra voir. Si ça ne tient qu’à moi, nous continuerons à faire des trucs qui nous plaisent (rires). Simple comme programme, non ? Jouer sur scène, tourner et aller en studio : tout m’éclate de toute façon. Je ne suis pas très difficile… J’aimerais voir Incubus dépasser le contexte difficile de l’industrie musicale. C’est bizarre en ce moment pour les groupes : si tu es très gros tu peux continuer à être très gros mais si tu es un petit groupe c’est plus difficile mais tu as tout de même à ta disposition pas mal d’outils de promotion comme Internet. Un groupe moyen comme nous est un peu coincé entre les deux car nous avons toujours eu l’habitude d’avoir le soutien d’un label. Et les labels n’ont plus d’argent car les produits qu’ils vendent – les disques - ne sont plus achetés… Je n’en veux pas aux gens de ne plus acheter des disques ; c’est une vieille technologie ! Note plus gros challenge sera de passer à la prochaine étape sans dommage.

Pour vous, c’est simple, de toute façon : il faut continuer à jouer, tout le temps, toujours…

B. K. : Oui, et essayer de ne pas prendre peur avec tout ce qu’il se passe autour de nous. Transformons ces changements en belles opportunités.

Tu es un multi-instrumentiste avéré. Tu joues même d’une bonne dizaine d’instruments différents ! Tu as commencé par quoi ?

B. K. : Je suis un batteur d’origine. Ensuite sont venus la guitare, la basse, le tandem production/enregistrement, etc. Je suis toujours très attaché à la batterie. Je ne pense pas que j’arrive autant à m’exprimer avec ma basse. Je joue de la batterie depuis que j’ai huit ans donc c’est presque devenu un prolongement de moi-même. J’ai commencé à jouer de la guitare et de la basse à peu près en même temps, vers 13 ans. Vers 20 ans, j’ai commencé à prendre le truc au sérieux et à bosser en tant que musicien de session. Un peu plus tard, j’ai déménagé à Philadelphia où j’ai rencontré des tonnes de bassistes très talentueux qui m’ont fait progresser énormément. Pour autant, la basse est davantage un outil dans mon couteau suisse qu’autre chose (rires).


Incubus - If Not Now, When?

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