Ça roule tout seul sur le son stoner rock de Doctor DooM. Il faut dire que tous les ingrédients sont là et bien en place : les guitares vintage et hypnotiques, la basse lourde qui t'insuffle les good vibes dans les oreilles, les roulements de batterie qui guident ta conduite et le chant mélodique super à l'aise. Le voyage que tu t'apprêtes à faire en écoutant l'album This seed we have sown pourrait te donner le sentiment que les choses, le monde, s'accélèrent et dans le bon sens du vent ! Il faut dire aussi que Doctor DooM a eu cette chance fabuleuse d'être repéré et soutenu très vite par deux labels. Bien sûr, pour ça, ils ont communiqué, communiqué et encore communiqué, in english please. Ils nous en parlent ici. Accroc à Guitariste.com, possible que la communauté de Guitariste.com devienne accroc à Doctor DooM ! Côté [Scène Ouverte], c'est fait, on est addict, et on a hâte de vous voir sur scène. Le skeud tourne à vive allure, mais pour être honnête, il tournerait d'autant mieux si je pouvais leur piquer la Corvette du clip !

Heureuse que vous ayez sollicité la [Scène Ouverte] pour vous présenter ! Alors justement, racontez-nous, quelle est la genèse du groupe ?  
Bonjour ! Le groupe s’est formé fin 2011, autour d’un petit répertoire de reprises dans un premier temps, sans orientation musicale bien définie. Tous métalleux à  la base, nous avions envie de faire un peu autre chose, de revenir aux sources du heavy-metal, que sont le rock et le blues. Premières compos et premiers concerts l’année suivante, puis une succession de coups de bol : nos 3 premiers titres édités en vinyle et distribués par STB Records (New Jersey), des participations à des festivals majeurs… tout ça nous a amenés à un 1er album « This Seed We Have Sown », sorti en été 2015 à la fois chez STB et Ripple Music (Californie).

Le mieux, c’est de l’écouter, on est tous d’accord, mais avec quels mots définiriez-vous votre musique ? Quelles sont vos influences ? On est emmenés direct dans les 60s – 70s…  
Nos influences sont extrêmement variées : évidemment il y a les grandes légendes du Rock et leurs propres connotations bluesy et de nombreux éléments de notre jeu nous viennent du Metal, mais on s’intéresse aussi beaucoup à des artistes plus mineurs et obscurs – Internet est une vraie mine pour découvrir des pépites musicales – tels que Demian, Jerusalem, Coven et tant d’autres …  La récente vague de revival « rock retro », menée par des groupes comme Graveyard ou Witchcraft a bien sûr été d’une grande importance pour nous, et continue de nous influencer.
Nous adorons entrecroiser les guitares autour d’une ligne de basse riche, ce qui nous vaut souvent une référence à Thin Lizzy, ce n’est pourtant pas un groupe qui nous touche particulièrement. On nous cite également parfois Fleetwood Mac à l’époque de Peter Green… la variété des similitudes qu’on nous prête est parfois amusante et globalement flatteuse, ça signifie que chacun peut trouver des choses différentes chez DoctoR DooM.

Qui fait quoi ? C’est votre 1er album, comment s’est organisé votre travail ?  
DoctoR DooM est composé d’un batteur, d’un bassiste multi-instrumentiste qui traite également tous les claviers et instruments additionnels, et de deux guitaristes dont un chanteur.
Nous n’avons pas vraiment de processus figé dans la composition : chacun amène des éléments, parfois des morceaux quasi complets, et tout le monde participe à l’orchestration et aux arrangements. Il n’est pas rare que certains écrivent des parties pour d’autres, nous essayons de penser « groupe » plus qu’instrument individuel.
Nous travaillons relativement lentement, car d’une part nos morceaux sont assez longs et riches et d’autre part nous aimons les laisser vivre, mûrir, et les pratiquer un peu en concert avant de les rendre définitifs. 

Où et dans quelles conditions a été enregistré l’album ; avec qui ?  
Notre bassiste Sébastien est également l’homme derrière les manettes et c’est une chance de plus pour le groupe. Nous répétons et enregistrons chez lui dans son propre petit studio (Gradus Ad Parnassum). L’album a été enregistré et mixé à domicile, puis masterisé aux USA par l’excellent Tony Reed (Mos Generator). Nous avons enregistré les uns après les autres : le batteur en premier, avec un clic ou un guide dans les oreilles, puis les basses, les guitares, les chants et enfin les instruments additionnels. Nous n’avons pas beaucoup expérimenté en terme de son : nous avons essentiellement utilisé le même matos que celui que nous prenions en concert, avec un minimum de micros, dans l’idée de capturer quelque chose d’assez brut, d’assez fidèle au son de concert.  C’est quelque chose que nous regrettons un peu avec le recul… pour le prochain opus, il est probable qu’on travaillera un peu plus finement de ce côté-là.

Côté guitares, amplis, effets, quel matériel a été utilisé ?
En tant que followers réguliers de Guitariste.com, tu imagines quel bonheur tu nous donnes en nous donnant l’opportunité de parler matos ?!  

L’essentiel des pistes de guitare ont été faites avec des Gibson ES330 reissue (des guitares formidables à caisse 100 % creuse, permettant de générer un joli feedback en y allant mollo sur le gain), et quelques passages avec une Les Paul Custom de 1976. Tout ça en direct dans des têtes Fender Supersonic 60 poussées à fond, associées à des cabs Marshall 1960 de la série Handwired. Quelques effets à droite à gauche, dont une Fulltone UniVibe, et une overdrive MXR GT-OD pour certains passages solo.  
Les basses, majoritairement une Fender P-bass d’époque, sont passées par une tête Laney Sound 60 également d’époque, là aussi à volume indécent. Une wahwah Vox a été utilisée sur un passage. C’est sensiblement le matos que nous utilisions en live à ce moment-là.  
Nous avons utilisé des claviers, mais aussi un véritable clavecin, qui bien entendu ne nous suit pas en concert !  
En matière de prise de son, nous n’avons fait que des prises micro, pas de DI. Pour la batterie, des rubans ont servi d’overheads, en configuration Glyn Johns, avec un EV PL33 en micro de grosse caisse, et des micros de type SM57 sur les autres éléments.
Le tout passe notamment par un preampli ART MPA Gold pour certaines pistes, surtout le chant, où il a été poussé pour faire saturer les lampes. Pour obtenir un son un peu vintage, les pistes ont été traitées avec un compresseur Drawmer TubeStation et en égaliseur TLA Ivory 2, en parallèle du traitement numérique.

Lors de la sortie du 1er EP DoomO, que vous considériez comme une simple démo me semble-t-il, vous avez été repérés par STB Records, qui vous suit à nouveau sur cet album avec Ripple Music, deux labels américains. C’est sacrément encourageant non seulement pour vous, mais également pour tous lez zicos de l’hexagone ! Qui sont-ils, comment vous ont-ils connus et que vous apportent-ils ?    
Effectivement il s’agissait au départ d’une démo : nos 3 premières compos, enregistrées sommairement, que nous avions mises en ligne gratuitement pour faire notre promo. Nous avons évidemment eu une chance pas possible de susciter l’intérêt d’un label comme STB Records, mais nous avons aussi beaucoup communiqué autour de cette démo : nous avons écrit partout, à tous les sites, tous les blogs, les groupes Facebook, et toujours en anglais. Pour ce genre de petit label à dimension humaine, il semble que la façon dont un groupe gère sa com soit presque aussi importante que la musique elle-même. Il faut être présent, communiquer au maximum.  
Ce premier deal avec STB nous a donné une certaine crédibilité et une considération, qui ont semble-t-il été déclencheurs de la suite : des chroniques un peu partout, de bonnes opportunités de concerts, sont venues s’ajouter à une com toujours intensive de notre part.  
STB Records est un label spécialisé dans les tirages limités, les éditions spéciales, surtout au format vinyle. Il y a toute une communauté autour de ce genre de produit, et chacune de leurs éditions est un succès. Ripple est un label plus classique, plus gros : ils se chargent de l’édition et de la distribution de nos CD ainsi que des supports dématérialisés, à travers tout un réseau de distributeurs locaux. En terme d’argent, nous avons donc financé entièrement par nous-mêmes la production de l’album, mastering compris ; le pressage, la pochette, la promo officielle sont par contre pris en charge par les labels.

Vous vous êtes produits dans nombre de festivals, tels que le Riff Ritual Fest en Espagne, le Doom Over Karalis Fest en Sardaigne ou le Desert-Fest à Berlin, en Belgique également, et on vous en souhaite encore beaucoup ! Qu’en est-il en France ? Aurons-nous le plaisir de vous voir sur scène bientôt ?   
C’est vrai que nous avons eu la chance de faire de belles scènes à l’étranger, c’est évidemment une aventure formidable à chaque fois, que nous n’aurions jamais imaginée quelques années plus tôt. Mais nous avons également fait de chouettes concerts en France, il y a des assos qui se bougent comme L’Amicale du Fuzz (Lorient) ou Make it Sabbathy (Bordeaux) ! Souvent des amitiés se créent lors de ces évènements, il n’est pas rare qu’un concert en amène un autre. Nous ne boudons pas du tout la France, c’est toujours un plaisir de jouer bien entourés, quel que soit l’endroit, et nous sommes généralement bien accueillis.

Quels sont les actus et projets ?   
Nous sommes partis courant Mars pour un mini tour en Belgique et Allemagne, ce qui nous a permis de continuer à rôder nos nouveaux morceaux. Dès que nous en aurons suffisamment, et bien au point, nous commencerons à travailler sur un second album, mais pour l’instant on veut juste maquetter quelques chansons et prendre le temps de composer.  
Bien entendu nous continuons à écrire un peu partout et à échanger autour de divers projets live, mais rien d’officiel pour le moment.  
En parallèle, notre studio et bassiste/tech-son pourraient être mis à disposition pour d’autres groupes prochainement, et deux d’entre nous travaillent également sur un album avec un autre groupe, Worselder (Metal).  
Tout ça, ajouté à nos vies perso, boulots, etc., font que les choses n’avancent pas vite, mais on est loin de tourner en rond !

De qui, de quoi auriez-vous besoin pour le bon développement du groupe ? Par qui êtes-vous entourés actuellement, notamment pour le booking, la com, la promo, nerfs de la guerre de tous les groupes… ? 
Ce qui nous manque aujourd’hui fortement, c’est un vrai label de booking. Jusqu’ici, on a quasiment tout géré par nous-mêmes, et c’est un vrai boulot. Faire coller des dates géographiquement, négocier des conditions, calculer les frais, etc., tout ça en ayant un boulot à côté, c’est dur. Notre récent tour en Espagne a été organisé par un tourneur, c’était infiniment appréciable, on a pu vraiment se vouer à la musique.
Pour la com et la promo, on se sent encore bien de gérer ça pour nous-mêmes, avec l’aide de nos labels. 

Pas de question, la voie est libre pour dire ce que vous voulez ! Profitez de cet espace de liberté !   
Merci infiniment de cette opportunité de nous faire connaître auprès de cette super communauté de gratteux ! N’hésitez pas à échanger avec nous, sur la toile ou lors des concerts, on ne demande pas mieux, et continuez à faire vivre LE portail de la guitare en France. Merci, et Rock on ! 

Dates de concerts (après le 15 avril) :
Pas de dates officielles annoncées

Liens Internet :   
www.facebook.com/doctordoom09   
http://doctordoom.bandcamp.com   
http://stbrecords.bigcartel.com   
www.ripple-music.com

Crédit photo article : Claire Scarparo

Cette rubrique est aussi la vôtre, alors n'hésitez pas à envoyer vos productions pour être interviewé par Maritta Calvez à maritta[a]guitariste.com (remplacez le [a] par @).

[Scène Ouverte] DoctoR DooM - This seed we have sown