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Johnny Vatenguerre le 14 Oct 2005, 00:00
Attention, c'est grandiose !!!
Sans sa barbe…
C’est une énorme et agréable surprise. François Corbier, celui qui avait toujours sa guitare sur lui, avec un timbre de voix inimitable et sa grande barbe rousse, qui ne s’est jamais demandé ce qu’étais devenu Corbier ?
Corbier est connu pour ses activités chez Récré A2 puis au Club Dorothée, pourtant rien de cela n’aurait du arriver. Embauché pour chanter une chanson à la télé, Corbier a empilé 14 ans de petit écran non sans laisser de traces. Aujourd’hui, cette image Club Do lui colle à la peau et il tente de s’en défaire.
Après écoute de son nouveau disque live Toi, Ma Guitare Et Moi, on retrouve un Corbier jeune, amusé et amusant, n’ayant pas peur de certains mots… Le public d’enfants est oublier, aujourd’hui Corbier s’adresse aux adultes, sans toutefois renier avec son passé.
Son passé est méconnu, mais saviez-vous que Corbier et son humour décapant travaillait pour Fluide Glacial ? Saviez-vous qu’il a été pendant de nombreuses années un artiste de cabaret ? Saviez-vous qu’il n’a jamais voulu être animateur à la télé ?
Aujourd’hui, Corbier est redevenu celui qu’il était avant sa première télé, un anarchiste qu’il aurait toujours du rester.
Metalp : Dans ton nouvel album live, on retrouve de nouvelles choses à la guitare… François Corbier : Pour la chanson « La Galère Capitaine », je l’ai écrite après avoir vu un chanteur suisse qui m’a montré les open-tuning. J’ai trouvé ça rigolo – je ne savais même pas que ça existait – et à partir de là j’ai essayé de jouer en open. Aussitôt des accords et des traits de guitare me sont venus. J’ai écris la chanson très vite, c’est à dire en trois mois (rires). Je raconte dans cette chanson des anecdotes qui m’arrivent constamment, c’est à dire des gens qui viennent vers moi et qui me disent « Oh Jacky, comment vas-tu ? » ou d’autres qui me prennent pour Cabu et qui me demandent de leur faire un dessin… Je voulais raconter tout ça dans une chanson pour à la fois me moquer de moi que de mes copains. Je me fous plus de ma gueule que celle des autres, et j’ai mis tout ça sur un disque.
Le disque qui est en vente sur ton site Internet… Oui, il s’appelle Toi, Ma Guitare Et Moi. (www.francoiscorbier.com)
D’ailleurs, sur ton site Internet, on se rend compte que tu n’es pas le Corbier que l’on connaît, le Corbier pour les enfants ! Forcément, j’ai grandit depuis le temps ! (rires).
On rencontre un Corbier beaucoup plus trash, voire anarchiste ! En fait, c’est quelque chose que je n’ai pas changé. Avant de passer à la TV, et même lorsque je travaillais à la TV, j’étais connu pour ça. D’ailleurs quand je me suis retrouvé à la télé avec Cabu, c’était bien car on parlait la même langue. Il est évident qu’à l’antenne je ne pouvais pas le montrer car ça ne concernait pas les gens… surtout les gens qui ont 5 ou 6 ans qui n’en ont rien à foutre ! (rire). J’avais déjà mon côté amusant et décalé, je n’avais pas besoin d’en rajouter dans les mots.
Mais ce n’était pas frustrant de jouer un double rôle à l’antenne ? En fait, même en faisant des chansons pour les gosses, j’arrivais à m’amuser. Avec une chanson comme « Le Nez De Dorothée » où je me foutais de sa gueule devant les enfants, c’était un peu pour casser la cabane ! Une chanson comme « Sans Ma Barbe », où le texte un totalement incohérent, c’est aussi un peu anar…
C’est un peu de l’humour ‘Fluide Glacial’ ? C’est l’humour Fluide Glacial. C’est bien que tu me parles de ça, car j’adore vraiment Gotlieb et Bruno Léandri.
Pour toi, tout a commencé au Club Med ? Oui, je suis sorti de l’armée, et je suis parti faire le crétin au Club Med grâce à Alex Metayer. Alex m’avait vu faire l’andouille dans un petit cabaret, et il m’a conseillé de partir au soleil pour me refaire une santé. C’est là que j’ai appris à aller vers les gens et à faire le comédien en chantant des chansons.
Tu as revu Trigano un peu plus tard ? Gilbert Trigano, quinze ans après, je me suis retrouvé dans un night club où le Club Med fêtait ses 25 ans – ou un truc dans le genre – et je me suis retrouvé dans un escalier face à Gilbert Trigano qui a levé la tête et qui m’a dit « Oh, comment vas-tu Alain ? ». C’était sidérant, car il se rappelait de mon vrai prénom. Il aurait saluer Corbier, mais non il a salué Alain, le type qui faisait le crétin au Club !
Tu utilises toujours ton véritable nom, ou est-ce maintenant que François Corbier ? Je m’appelle François Corbier depuis 1968, c’est à dire depuis plus longtemps que mon véritable nom. Seuls la famille et les amis de très longue date m’appellent Alain, d’ailleurs quand des gens dans la rue m’appellent Alain, je ne me retourne même pas car je n’y pense pas !
A propos de Fluide Glacial, tu as aussi écris pour eux ? Bruno Léandri avec qui j’avais fait le crétin au Club Med est rentré dans ce magazine dès le numéro un. Un jour il m’a conseillé d’envoyer mes textes de chansons à Gotlieb. C’est comme ça qu’ils ont publié mes textes en m’offrant la page centrale.
Tu n’as pas eu envie de retravailler pour eux ? Je travaille de temps à autres pour eux. Léandri fait toujours des romans photos, et il me demande de venir faire le rigolo, le gigolo, l’intelligent… (rire).
A ton époque Fluide Glacial, est-ce que tu t’imaginais te retrouver un jour face à un public d’enfants ? Jamais, mais alors jamais ! C’est extraordinaire ce qui m’est arrivé. L’histoire de me retrouvé à faire des chansons pour les petits, c’est complètement insensé ! C’est Jacqueline Joubert – la maman d’Antoine De Caunes – qui est venue au Caveau de la République. C’était à l’époque était un lieu avec des gens intelligents et sympas ; elle connaissait des chansonniers qui bossaient là, d’où sa présence au concert. Quand je suis sorti de scène, elle m’a sauté dessus et m’a demandé si je voulais faire une émission avec Dorothée. Tout de suite, j’ai dit « Oui bien sûr ». Je ne savais pas du tout qui était Dorothée, donc elle m’a dit « Regardez mercredi prochain la télé, et venez me voir le lendemain ». J’ai regardé la télé, et le lendemain elle m’a demandé ce que je pensais de l’émission. Je lui ai dis « Je n’ai pas vu de Dorothée ! », et en fait je m’étais trompé de chaîne ! (rires). Elle n’était pas rancunière car elle m’a engagé. Je croyais que c’était juste pour chanter une chanson qui s’appelle « Plante Un Jardin » (NDR : qui est sur le nouvel album live de Corbier), mais pas du tout car je me suis retrouvé à faire ça pendant 14 ans ! Ca vaut le coup, non ? Tu fais le con pendant des années en cabaret, tu tires le diable par la queue, c’est difficile, tu ne demandes rien à personne et un jour la télé vient te chercher ! Je ne connais personne qui aurait dit non. On t’offre de troquer la misère contre un paquet de cachets, en général on accepte.
Et comment as-tu commencé la guitare ? J’ai commencé quand Brassens était une grosse star et que je voulais l’imiter comme pratiquement tous les gens qui sont nés à la même époque que moi. C’est bien tombé car quelques temps après le rock n’ roll a déferlé en France et tout le monde a voulu jouer de la guitare ; j’avais quelques mois d’avance sur les copains. Les gens qui m’accompagnent sont toujours des gens dans la mouvance de Brassens, c’est à dire Maxime Leforestier ou Renaud et pour les étranger c’est Bob Dylan ou Mark Knopfler. Ce sont des gens qui font essentiellement de la chanson et non de la danse. Actuellement on confond toujours la danse et la chanson, et les jeunes gens qui veulent me parler de chanson me parlent de danse. Ils se gourent complètement. Je ne suis pas contre la danse, mais on ne peut pas passer sa vie à danser ; il y a des moments où on a envie de s’asseoir et d’écouter autre chose. C’est comme un type qui ne lirait que des BD ; c’est bien, mais il y a aussi des bouquins sans images tout aussi biens.
D’ailleurs, tu as eu le privilège de rencontrer Brassens ! J’avais 16 ans, et je me suis payé le culot d’aller le voir en coulisse à Bobino pour lui chanter mes chansons. Il était extraordinaire car sa patience n’avait pas de limite. Tu te rends compte, tous les jours il y avait des mômes qui venaient le voir avec une guitare pour lui chanter des chansons. Et si par hasard notre guitare n’était pas accordée, c’était lui qui nous l’accordait ! Et si vraiment l’instrument était injouable, il prêtait sa guitare ! C’est un type étonnant. Il m’a écouté pendant 20 minutes, puis m’a parlé pendant une heure et m’a fait un mot pour son directeur artistique chez Philips. J’en garde un souvenir ému. En parlant de Brassens, j’en ai les poils qui se dressent encore aujourd’hui.
Et comment as-t-il réagit quand il a apprit ton pseudo ? Il l’a apprit par mon frère. Mon frère a continué le music-hall, et il a fait une tournée avec Brassens. Il lui a rappelé cette anecdote où j’étais venu le voir dans sa loge, et lorsque mon frère lui a dit mon nouveau nom – François Corbier – Brassens a juste dit : « Il est con ! ». C’est vrai que prendre un pseudonyme ne sert pas à grand chose, mais en plus prendre le nom de François Villion (NDR : dont le vrai nom était François De Moncorbier) qui était sa principale influence était très con, il avait raison ! (rires). C’était juste pour me rapprocher encore un peu plus de lui.
Pour revenir à la guitare, tu as appris tout seul ? Je suis complètement autodidacte, je ne sais pas du tout ce que je fais en dehors des accords majeurs et mineurs ! Pourvu que ça sonne à peu près juste, je me dis que ça ne doit pas être trop faux. (rires).
Quels sont tes pires souvenirs au niveau de l’apprentissage ? Le pire c’est réussir à se faire de la corne sur les doigts. Ca fait mal ! (rires). J’ai aussi un souvenir très triste (rires), très triste mais rigolo, datant du début où je jouais dans le duo Gouate Et Mala avec mon frère. C’était avant le Club Med. On a été engagés très vite car on était rigolos pour faire un bal. Notre job était de jouer pendant la pause pour que les musiciens puissent aller fumer une cigarette dehors. J’accordais ma guitare un ton plus bas pour que ce soit plus facile à chanter. Après avoir accordé ma guitare, je pars boire un verre avec mon frère au bistro d’en face. A mon retour, sur la route entre le bistro et le balloche, je croise un musicien qui me dit « J’ai vu que ta guitare est un peu basse, je l’ai réaccordé ». Merde, le con ! Je me précipite dans les coulisses, je prend la guitare et j’essaye de la réaccorder. A l’époque il n’y avait pas d’accordeur, on avait juste un diapason. Evidemment je n’entendais pas le diapason car les musiciens jouaient. Il y avait un raffut du diable, je n’entendais rien, et je jouais de la guitare depuis un an, don j’étais tout à fait nul ! J’ai tendu les cordes, tendu les cordes, tendu les cordes jusqu’au moment où le chevalet a sauté, il s’est décollé de la table d’harmonie. Je me précipite sur scène pour demander au guitariste de me prêter sa guitare. Il a accepté, mais il m’a dit « Je te préviens, ma guitare est accordée un ton au dessus ! ». Ce qui fait que j’ai chanté deux tons plus haut que d’habitude ! C’était déjà très laid normalement, mais là ça devait être extrêmement laid ! (rires). Mais on ne s’est pas fait mettre dehors, ce qui prouve que les gens étaient gentils ! (rires).
Avec ce groupe, tu avais aussi une histoire avec des vaches qui volent ? Oui, c’est une des toutes premières chansons que j’ai écrite. Elle s’appelait « Si Les Vaches Volaient ». On avait fait un concours organisé par Radio Luxembourg (NDR : aujourd’hui devenue RTL). C’était une chanson rigolote, mais là on chantait dans le silence total, pas un rire ! Une véritable horreur ! Ce concert était à La Souterraine dans la Creuse. Le lendemain matin, sur le quai de la gare, une maman qui… (il éclate de rire) …il y a une maman qui poussait un landau et arrivé à notre hauteur elle nous dit sérieusement « dites les enfants, vous avez déjà vu des vaches voler ? ». Et là c’était la honte de notre vie. Et c’est suite à cet épisode qu’on a arrêté le duo.
Jouer de la guitare, c’était un plus pour les filles notamment au métro Saint-Paul ? Jouer de la guitare, c’est que pour ça ! A l’époque, je ne connaissais pas un seul gars qui s’est mis à la guitare pour autre chose que draguer. J’allais au métro Saint Paul et on chantait avec nos potes dans les couloirs du métro car l’acoustique était formidable. C’était une façon d’être regardé par les filles. Si je n’avais pas eu la guitare, je serais passé à côté de beaucoup de filles.
C’est là-bas que tu t’es fait prendre pour Johnny Hallyday ? C’était rue Saint Paul. J’avais 17 ans, Johnny en avait 18. On parlait beaucoup de lui, il était partout. Je regardais la vitrine d’une boulanger. J’avais la banane comme lui, je m’habillais en jean… Je pouvais effectivement passer pour Johnny. Des gars pas très au courant sont venus vers moi et m’ont demandé si j’étais Johnny. Mais j’avais peur, j’avais la trouille ! Je croyais qu’ils voulaient me casser la gueule (rires). Ils voulaient juste m’engager pour chanter dans une soirée. Ils étaient très gentils, mais moi j’avais très très peur. Avec le recul ça ne m’étonne pas trop car on avait tous la tronche de Johnny à l’époque.
Et as-tu déjà essayé la guitare électrique ? J’ai une très belle guitare électrique, une Vigier Excalibur, qui est vachement bien et qui d’ailleurs ne quitte pas son étui. C’est mon époque qui me l’a acheté quand j’ai quitté la télé. Mais en fait, j’ai un timbre de voix qui ne colle pas du tout avec l’instrument, et en plus il y a tout l’apprentissage à refaire pour en jouer correctement.
Tu as déjà essayé de travailler les solos ? Non jamais. Je fais des contrechants avec des accords (NDR : des voicings). Je fais un peu le même travail qu’un guitariste classique, c’est à dire je joue à la fois les basses, l’accompagnement et le chant. Je ne sais pas si c’est une technique particulière, mais ça me semble bien comme ça. J’arrive à jouer tout seul en donnant l’impression d’avoir plusieurs instruments.
Tu as eu aussi quelques cours de chant ? Oui, c’était à Pigalle. C’était Alain Barrière qui était mon producteur qui m’a payé des cours de chant. J’ai du en prendre un vingtaine, et je n’ai jamais compris ce qu’il fallait faire ! Et ça s’entend toujours ! (rires).
Un peu plus tard tu es rentré à la télé ? C’était le premier mercredi de janvier 1982.
A l’époque, est-ce que tu conservais un regard ‘deuxième degré’ sur ton travail ? Oui, même si c’était assez difficile. Quand tu t’impliques à fond et que tu travailles autant d’heures par semaine, tu finis par ne plus avoir beaucoup de distance. Tu te laisse embarquer dans le boulot et tu ne résonnes plus. Petit à petit je finissais malheureux car je ne savais plus ce que je foutais là dedans. Je savais juste que les gens m’aimaient bien – donc je pouvais garder la tête au dessus de l’eau – mais en même temps je ne faisais pas ce que j’aimais. Quand j’en suis parti, j’étais très content de quitter la télé, mais en même temps c’était une sorte de dépression terrible. Quand tu travailles 60 heures par semaine, et que du jour au lendemain tu ne fais plus rien, tu déprimes. Je croyais que ça allait être génial car j’allais enfin pouvoir écrire, mais au final tu es tellement abruti que tu ne fais rien. Tu allumes la télé et tu ne fais rien. J’avais la tête ailleurs.
A partir de quel moment tu t’es rendu compte que la télé allait devenir quelque chose d’énorme pour toi ? C’est très bizarre, mais je n’ai jamais voulu ça. Quand tu es artiste de cabaret, tu te donnes à fond pour ton public, tu cherches chaque soir à être le meilleur pour être apprécié. Ton seul rôle, c’est rendre le public heureux. Au bout de quelques mois de télé, on m’a demandé d’animer un spectacle pour la fête des mères. Le présentateur m’a annoncé et quand je suis monté sur scène toute la salle m’a applaudi avec une standing ovation ! Je n’avais pas encore chanté ! Ca m’a beaucoup troublé, je ne comprenais pas. Je pensais que quelque chose n’allait pas dans ce métier de télévision ; tu n’as encore rien fait et les gens t’aiment déjà, et ça c’est pas normal. Je voyais qu’il se passait quelque chose, mais je n’étais pas d’accord avec ça. Il m’a fallu beaucoup de temps pour accepter cette espèce de vedétariat que je trouvais un peu usurpé.
Ca t’a fait peur de te rendre compte que tu étais aussi populaire ? Quand tu es populaire tu as des gens qui viennent te voir dans la rue, qui te donnent une tape dans le dos en te disant que tu es formidable, il te remercient de ce que tu fais pour les enfants… Mais tu as aussi des sales cons. Il y a des gens dans la rue qui te croisent et qui te crient « Eh connard… Escroc… ». Tu te demandes pourquoi, tu n’as jamais voulu faire de mal à personne. Tu te fais insulter et en plus tu risques de te faire casser la gueule ! Pendant des années j’ai marché dans la rue sans regarder ni les vitrines ni les gens. J’assumais très mal tout ce qui m’arrivait. Même encore maintenant j’ai du mal à assumer. Quand les gens viennent me dire des trucs sur les années de la télé, je peux avoir des réactions très bizarres (rires).
Tu n’as encore pas digéré cette époque ? Non, je n’ai jamais pu la digérer. Je n’ai jamais eu l’impression de faire un vrai boulot, alors je ne vois pas pourquoi les gens viennent me parler de ça. J’ai été content de le faire car je gagnais bien ma vie, mais c’était trop facile pour être un travail ! Tu te mets dans un coin, on place un caméra devant toi, quelqu’un vient te poudre le museau, on t’éclaire bien et on te montre un panneau en te disant « Tu diras ça. ». Tu n’as rien à écrire, pas de mise en scène, tu ne fous rien ! Tu dis ‘miam-miam’ car on t’a dit de dire ‘miam-miam’ (rires). C’est vraiment très con, il n’y a aucune gloire à en tirer. Tu n’as qu’à être présent. Alors quand des gens viennent te dire qu’ils t’admirent, tu te demandes pourquoi ils t’admirent ! J’ai rien fait ! Et à tous les gens qui disent que la télé c’est génial, je leur demande qu’ils m’expliquent en quoi c’est génial. C’est uniquement dans le but d’être admiré ? Si quelqu’un me dit qu’il veut juste devenir une star, pour moi c’est un crétin ! Il faut être un artiste, un danseur, un musicien, un comédien, mais pas une star !
Tu dis que c’était bien payé, tu veux bien nous donner quelques chiffres ? J’avais 45000 francs net les trois ou quatre dernières années de la télé. Lorsque j’étais sur Antenne 2 j’étais payé 2000 francs par mercredi, puis quand je suis passé sur TF1 avec AB Productions mon salaire était passé à 15000 francs par mois. Mon salaire avait doublé. J’ai très bien gagné ma vie les trois dernières années, mais avant j’étais juste comme un cadre. Je ne gagnais pas des milliards.
Tu gardes de très bons souvenirs de la télé ? Il y a une anecdote que je ne raconte jamais, mais je vais t’en faire profiter. C’est une histoire avec Cabu et Dorothée. C’était l’époque des mini-jupes en 82 ou 83. Elle était debout sur une table, et je me tenais derrière la table avec Cabu. On était à 20 secondes de l’antenne. On nous avait fait signe que l’émission allait commencer, et Dorothée se préparait à chanter le générique. Donc elle était debout, moi en dessous avec Cabu. J’ai dis à Cabu « Si tu te penches un peu, tu vas voir ses couilles. » (rires). Il a hurlé de rire et a plongé sur la table. La première image de l’émission, on voyait Dorothée chanter sur la table, moi derrière avec la banane et Cabu remonter tout doucement en évitant de piquer un fou rire ! (rires). Dorothée ne l’a jamais su, car si elle l’avais apprit ça ne l’aurait certainement pas amusé ! (rires).
As-tu souvenir d’un énorme flop à la télé en jouant de la guitare ? Oh oui, plusieurs… J’écrivais une chanson chaque semaine, et évidemment je ne les connaissais pas bien. J’avais d’énormes antisèches derrière la caméra. J’avais la trouille évidemment, je ne connaissais pas la chanson et en plus au début je n’avais pas l’habitude de faire de la télé. Les réalisateurs se sont vite rendu compte que je n’étais pas à l’aise, alors pour donner un côté plus rigolard ils envoyaient Jacky ou Dorothée pour faire le clown autour de moi. Jacky est quelqu’un de très drôle, mais aussi de très pataud. Un jour, en passant derrière moi, il a marché sur le câble. Je me suis retrouvé en direct avec une guitare électro-acoustique qui n’avait plus de son ! J’ai du relever la guitare à hauteur de mon micro voix, donc on n’entendais plus la voix et pourtant j’ai continué à chanter. C’était un vrai flop, une horreur ! Il m’est arrivé aussi de faire semblant de jouer, et que quelqu’un de l’équipe branche ma guitare alors que je faisais n’importe quoi ! (rires). Des flops dans ce genre, j’ai du en avoir dix milles !
Tu touches encore des royalties sur tes morceaux ? Je touche encore quelques droits d’auteur. C’est trois fois rien, quelques francs par ci par là. Ce sont des droits d’auteur pour « Sans Ma Barbe » ou « Le Nez De Dorothée ». Je pense que quelques radios FM doivent s’amuser à repasser ça de temps en temps.
Tu n’as jamais voulu faire des soirées en discothèque comme font Bernard Minet ou Chantal Goya ? On me l’a proposé. Je veux bien faire une apparition dans une discothèque, mais je n’ai pas envie de chanter. Ce que je fais maintenant est tellement éloigné de ce que je jouais à l’époque, ça ne pourrait pas cadrer du tout.
Est-ce que tu rends compte que tu es comme un père pour toute une génération ? Alors ça c’est une découverte depuis environ trois ans. Mais entre cette période et le moment où j’ai quitté la télé, c’était totalement l’inverse. Tout le monde dans la rue nous insultait, on nous appelait ‘connard’, c’était terrible. Maintenant, il y a un espèce de ‘revival’ – une nostalgie – et les gens sont devenus d’une gentillesse et d’une politesse incroyable. Certains nous disent qu’à l’époque ils ne nous aimaient pas, mais qu’aujourd’hui ils nous regrettent. Ca fait toujours plaisir.
Il y a aussi ceux qui étaient enfants à l’époque et qui maintenant sont adultes… Oui, ils viennent me dire « on a grandi avec vous »… Alors là, ça dépend de mon état de réception. Si je suis de bonne humeur alors je discute, mais si j’ai des problèmes je suis capable d’envoyer chier gravement les gens (rires). En fait les gens viennent me voir tout le temps pour me dire qu’ils me regardaient quand ils étaient petits. Oui, je le sais ! Près de 90% des anciens enfants nous ont regardé. Ensuite quand ils me disent que j’ai remplacé leurs parents, ça commence à me gêner. Je n’étais pas là pour remplacer des parents ! Ensuite ils continuent à me dire qu’ils aimaient Dorothée et Les Musclés… Au bout d’un moment, quand ça commence à me faire chier, j’énerve et je leur dis « Bon, allez lâchez-moi ! ». (rires). Je peux être comme ça. Ce n’est pas mon caractère, je ne suis pas un gars violent, mais parfois au bout d’une journée je peux en avoir marre. Cet été à Avignon (NDR : Corbier jouait au festival Off) ça m’est arrivé. Quatre ou cinq petites gonzesses mignonnes comme tout sont venues pour se faire prendre en photo avec moi, c’était avec plaisir. « Ah vous savez, c’est parce qu’on vous regardait quand on était petites » Ben oui je le sais. « Ah et qu’est-ce qu’on aimait Dorothée » Bon maintenant vous me lâchez. « Vous pourriez rester poli monsieur Corbier ». Mais je vous emmerde ! (rires). Tu vois, ça a prit des proportions terribles. Je sais bien que les gens m’aiment car j’ai fait des émissions de télé, mais c’est pas la peine de venir me parler de ça sans arrêt, surtout quand je présente un spectacle. Venez me voir pour parler de ce que je fais maintenant, et éventuellement on parlera de ce que j’ai fait avant.
Justement, on va parler de ce que tu fais maintenant. Ok, si tu veux (rires).
Tu continues à faire des chansons à textes ? On peut dire ça, je dirais plutôt des chansons à messages. C’est un peu plus folkeux.
Ca se rapproche plus de « La Digue Du Cul » que de « Sans Ma Barbe » ? (rires). Oui, on peut aussi dire ça. S’il y a un mot à dire, je ne vais pas me priver pour le dire. Il y a une chanson sur le dernier album qui s’appelle « Chanson Du Cœur » et qui est inspirée par un événement réel. C’est une jeune femme qui est venue me voir à la fin du spectacle pour me dire « Ecoutez, ce que vous faites c’est un peu vulgaire et c’est pas très bien écrit ! ». (rires). Ca m’a estomaqué ! Alors j’en ai fait une chanson, et je ne me suis pas privé de dire tous les gros mots inimaginables ! (rires).
En matière de guitare, est-ce que tu sens une progression dans ton jeu ? Oui grâce à mon copain qui m’a fait découvrir les open-tuning. Ce gars a six guitares sur scène. Je me demandais ce qu’il pouvait bien faire avec six guitares ! Toutes étaient accordées de façon différentes. Depuis que j’ai fait ces opens, j’ai beaucoup progressé.
Tu travailles toujours en autoproduction, mais pourquoi ne pas avoir cherché une maison de disques ? C’est bizarre car je suis quand même très connu. On peut s’imaginer que toutes les portes s’ouvrent facilement, mais c’est vraiment pas ça ! Il y avait cette image du Club Dorothée qui était tellement mauvaise, que les maisons de disques ne voulaient pas me voir. Les gens me recevaient en ayant déjà le dos à moitié tourné. Pour eux, je suis has been et foutu, je n’intéresse personne. Mon rêve aurait été de trouver des gens qui font de la musique actuelle et qui me demandent de jouer de la guitare comme je sais le faire, de chanter les chansons que j’écris, mais que ce groupe m’apporte le son d’aujourd’hui. J’aurais aimé faire ça, mais personne ne me l’a jamais proposé. J’aurais bien aimé bosser avec Doc Gynéco. D’ailleurs je l’ai rencontré un jour dans la rue. En me voyant, il se bloque et il me dit « Oh Corbier, quand j’étais petit je te kiffais… ». Et c’est tout. Il me fait le même compliment que les autres dans la rue…
Que ce soient des professionnels ou le public, tout le monde reste bloqué sur ta période télé ! C’est ça. C’est dur, je rame encore plus que les autres pour avoir mes 47 cachets d’intermittents, j’ai l’impression qu’on est des parias. Bon, ça commence petit à petit à bouger. Toi, Fun Radio et M6 commencent à me contacter pour faire quelque chose sur moi. Ca bouge lentement, mais il va falloir se dépêcher les mecs, car je vais pas tarder à mourir ! (rires).
Quelle est la réaction des jeunes quand ils te voient en concert avec ton nouveau style de musique ? C’est très rapide. En trente secondes, ils comprennent que c’est autre chose. Jusqu’à maintenant, je n’ai pas eu de jeunes me disant qu’ils attendaient autre chose. Au contraire, les jeunes se demandaient comment j’avais évolué, et tous me disent que j’ai bien évolué. Ca c’est plaisant. En plus, je ne crache pas dans la soupe car je leur joue un medley de « Sans Ma Barbe » « Les Mille Pattes » et « Le Nez De Dorothée ». Mais je leur parle aussi de sujets qui les concerne avec le Sida, l’Erika… Ils acceptent ce que je fais et viennent me dire merci à la fin du spectacle.
Et ta barbe ? (rires) Je n’ai plus de barbe ! Tu sais ce que c’est, avec l’automne les poils tombent ! Je n’ai plus qu’une moustache blanche à mi chemin entre celle de José Bové et la mouche de Dartagnan.
Tu joues sur quel matos ? Je joue sur Adamas depuis le début, c’est Marcel Dadi qui m’a donné ma première Adamas. D’ailleurs, j’ai une anecdote concernant Dadi. Il était adorable. Un jour dans un salon de musique, il me fait signe. J’étais plutôt étonné, car je le connaissais pour être une star, et je ne pensais pas qu’il me connaissait. Donc je vais le voir, et il me dit « Tu sais Corbier, il faut que je te dise merci ! Ca fait des mois que je pousse mon fils à jouer de la guitare et il ne veut pas. Depuis qu’il t’a vu jouer à la télé, il a dit qu’il voulait bien jouer de la guitare mais comme toi ! ». (rires). C’est une belle histoire. Tu vois comment jouait Dadi, et moi avec mes trois accords j’ai influencé son gamin sans le savoir (rires) ! Alors, on parlait de quoi ?
Tu parlais de ton matos… Donc je joue sur Adamas, mais j’ai aussi la Silent Guitar Yamaha en version folk. C’est génial ! Je m’en sert sur scène, et ça permet de déconner avec les gens. Je dis toujours que j’ai la chance d’habiter dans une région où il y a des insectes qui mangent le bois… Elle sonne remarquablement. Pour l’ampli, j’utilise un petit Marshall AVT50 et la G Stomp Yamaha. Je n’y connais rien en matos, mais voilà ce que j’utilise.
Et pour les cordes ? (rires) J’aurais du me douter que tu allais poser la question ! Je n’y connais rien, normalement les gens savent ce qu’ils achètent, mais moi je ne sais même pas ! (rires). (NDR : il prend un catalogue pour essayer de retrouver ce qu’il utilise). Je joue sur des Elixir ou des Adamas en 12-53.
Toujours pas de médiator ? Non, je joue tout avec les doigts pour avoir un son égal sur toutes les cordes.
Tes projets pour l’avenir ? Dégoter un maximum de spectacle, essayer de vendre le disque live Toi, Ma Guitare Et Moi qui est un disque live enregistré à la fête de la musique. C’est un disque totalement authentique avec une ambiance de dingue. C’était dans un studio qu’on avait transformé en café-théâtre, ça faisait 25m², on était 40 et on avait tous bu avant ! (rires). On sent sur le disque que tout le monde s’amuse. Le disque a été enregistré tel quel. Il n’y a pas eu la moindre retouche. On a gardé toutes les fausses notes et tous les couacs pour faire quelque choses de véritablement live. J’aimerais bien aussi faire un autre projet en trio avec un accordéon et une basse pour faire un son soft, un peu dans l’esprit Dylan.
Pour connaître les dates de concert de François Corbier, pour avoir de nombreuses photos hilarantes ou juste pour lui écrire, vous pouvez aller sur son site Internet : www.francoiscorbier.com
Sans sa barbe…
C’est une énorme et agréable surprise. François Corbier, celui qui avait toujours sa guitare sur lui, avec un timbre de voix inimitable et sa grande barbe rousse, qui ne s’est jamais demandé ce qu’étais devenu Corbier ?
Corbier est connu pour ses activités chez Récré A2 puis au Club Dorothée, pourtant rien de cela n’aurait du arriver. Embauché pour chanter une chanson à la télé, Corbier a empilé 14 ans de petit écran non sans laisser de traces. Aujourd’hui, cette image Club Do lui colle à la peau et il tente de s’en défaire.
Après écoute de son nouveau disque live Toi, Ma Guitare Et Moi, on retrouve un Corbier jeune, amusé et amusant, n’ayant pas peur de certains mots… Le public d’enfants est oublier, aujourd’hui Corbier s’adresse aux adultes, sans toutefois renier avec son passé.
Son passé est méconnu, mais saviez-vous que Corbier et son humour décapant travaillait pour Fluide Glacial ? Saviez-vous qu’il a été pendant de nombreuses années un artiste de cabaret ? Saviez-vous qu’il n’a jamais voulu être animateur à la télé ?
Aujourd’hui, Corbier est redevenu celui qu’il était avant sa première télé, un anarchiste qu’il aurait toujours du rester.
Metalp : Dans ton nouvel album live, on retrouve de nouvelles choses à la guitare… François Corbier : Pour la chanson « La Galère Capitaine », je l’ai écrite après avoir vu un chanteur suisse qui m’a montré les open-tuning. J’ai trouvé ça rigolo – je ne savais même pas que ça existait – et à partir de là j’ai essayé de jouer en open. Aussitôt des accords et des traits de guitare me sont venus. J’ai écris la chanson très vite, c’est à dire en trois mois (rires). Je raconte dans cette chanson des anecdotes qui m’arrivent constamment, c’est à dire des gens qui viennent vers moi et qui me disent « Oh Jacky, comment vas-tu ? » ou d’autres qui me prennent pour Cabu et qui me demandent de leur faire un dessin… Je voulais raconter tout ça dans une chanson pour à la fois me moquer de moi que de mes copains. Je me fous plus de ma gueule que celle des autres, et j’ai mis tout ça sur un disque.
Le disque qui est en vente sur ton site Internet… Oui, il s’appelle Toi, Ma Guitare Et Moi. (www.francoiscorbier.com)
D’ailleurs, sur ton site Internet, on se rend compte que tu n’es pas le Corbier que l’on connaît, le Corbier pour les enfants ! Forcément, j’ai grandit depuis le temps ! (rires).
On rencontre un Corbier beaucoup plus trash, voire anarchiste ! En fait, c’est quelque chose que je n’ai pas changé. Avant de passer à la TV, et même lorsque je travaillais à la TV, j’étais connu pour ça. D’ailleurs quand je me suis retrouvé à la télé avec Cabu, c’était bien car on parlait la même langue. Il est évident qu’à l’antenne je ne pouvais pas le montrer car ça ne concernait pas les gens… surtout les gens qui ont 5 ou 6 ans qui n’en ont rien à foutre ! (rire). J’avais déjà mon côté amusant et décalé, je n’avais pas besoin d’en rajouter dans les mots.
Mais ce n’était pas frustrant de jouer un double rôle à l’antenne ? En fait, même en faisant des chansons pour les gosses, j’arrivais à m’amuser. Avec une chanson comme « Le Nez De Dorothée » où je me foutais de sa gueule devant les enfants, c’était un peu pour casser la cabane ! Une chanson comme « Sans Ma Barbe », où le texte un totalement incohérent, c’est aussi un peu anar…
C’est un peu de l’humour ‘Fluide Glacial’ ? C’est l’humour Fluide Glacial. C’est bien que tu me parles de ça, car j’adore vraiment Gotlieb et Bruno Léandri.
Pour toi, tout a commencé au Club Med ? Oui, je suis sorti de l’armée, et je suis parti faire le crétin au Club Med grâce à Alex Metayer. Alex m’avait vu faire l’andouille dans un petit cabaret, et il m’a conseillé de partir au soleil pour me refaire une santé. C’est là que j’ai appris à aller vers les gens et à faire le comédien en chantant des chansons.
Tu as revu Trigano un peu plus tard ? Gilbert Trigano, quinze ans après, je me suis retrouvé dans un night club où le Club Med fêtait ses 25 ans – ou un truc dans le genre – et je me suis retrouvé dans un escalier face à Gilbert Trigano qui a levé la tête et qui m’a dit « Oh, comment vas-tu Alain ? ». C’était sidérant, car il se rappelait de mon vrai prénom. Il aurait saluer Corbier, mais non il a salué Alain, le type qui faisait le crétin au Club !
Tu utilises toujours ton véritable nom, ou est-ce maintenant que François Corbier ? Je m’appelle François Corbier depuis 1968, c’est à dire depuis plus longtemps que mon véritable nom. Seuls la famille et les amis de très longue date m’appellent Alain, d’ailleurs quand des gens dans la rue m’appellent Alain, je ne me retourne même pas car je n’y pense pas !
A propos de Fluide Glacial, tu as aussi écris pour eux ? Bruno Léandri avec qui j’avais fait le crétin au Club Med est rentré dans ce magazine dès le numéro un. Un jour il m’a conseillé d’envoyer mes textes de chansons à Gotlieb. C’est comme ça qu’ils ont publié mes textes en m’offrant la page centrale.
Tu n’as pas eu envie de retravailler pour eux ? Je travaille de temps à autres pour eux. Léandri fait toujours des romans photos, et il me demande de venir faire le rigolo, le gigolo, l’intelligent… (rire).
A ton époque Fluide Glacial, est-ce que tu t’imaginais te retrouver un jour face à un public d’enfants ? Jamais, mais alors jamais ! C’est extraordinaire ce qui m’est arrivé. L’histoire de me retrouvé à faire des chansons pour les petits, c’est complètement insensé ! C’est Jacqueline Joubert – la maman d’Antoine De Caunes – qui est venue au Caveau de la République. C’était à l’époque était un lieu avec des gens intelligents et sympas ; elle connaissait des chansonniers qui bossaient là, d’où sa présence au concert. Quand je suis sorti de scène, elle m’a sauté dessus et m’a demandé si je voulais faire une émission avec Dorothée. Tout de suite, j’ai dit « Oui bien sûr ». Je ne savais pas du tout qui était Dorothée, donc elle m’a dit « Regardez mercredi prochain la télé, et venez me voir le lendemain ». J’ai regardé la télé, et le lendemain elle m’a demandé ce que je pensais de l’émission. Je lui ai dis « Je n’ai pas vu de Dorothée ! », et en fait je m’étais trompé de chaîne ! (rires). Elle n’était pas rancunière car elle m’a engagé. Je croyais que c’était juste pour chanter une chanson qui s’appelle « Plante Un Jardin » (NDR : qui est sur le nouvel album live de Corbier), mais pas du tout car je me suis retrouvé à faire ça pendant 14 ans ! Ca vaut le coup, non ? Tu fais le con pendant des années en cabaret, tu tires le diable par la queue, c’est difficile, tu ne demandes rien à personne et un jour la télé vient te chercher ! Je ne connais personne qui aurait dit non. On t’offre de troquer la misère contre un paquet de cachets, en général on accepte.
Et comment as-tu commencé la guitare ? J’ai commencé quand Brassens était une grosse star et que je voulais l’imiter comme pratiquement tous les gens qui sont nés à la même époque que moi. C’est bien tombé car quelques temps après le rock n’ roll a déferlé en France et tout le monde a voulu jouer de la guitare ; j’avais quelques mois d’avance sur les copains. Les gens qui m’accompagnent sont toujours des gens dans la mouvance de Brassens, c’est à dire Maxime Leforestier ou Renaud et pour les étranger c’est Bob Dylan ou Mark Knopfler. Ce sont des gens qui font essentiellement de la chanson et non de la danse. Actuellement on confond toujours la danse et la chanson, et les jeunes gens qui veulent me parler de chanson me parlent de danse. Ils se gourent complètement. Je ne suis pas contre la danse, mais on ne peut pas passer sa vie à danser ; il y a des moments où on a envie de s’asseoir et d’écouter autre chose. C’est comme un type qui ne lirait que des BD ; c’est bien, mais il y a aussi des bouquins sans images tout aussi biens.
D’ailleurs, tu as eu le privilège de rencontrer Brassens ! J’avais 16 ans, et je me suis payé le culot d’aller le voir en coulisse à Bobino pour lui chanter mes chansons. Il était extraordinaire car sa patience n’avait pas de limite. Tu te rends compte, tous les jours il y avait des mômes qui venaient le voir avec une guitare pour lui chanter des chansons. Et si par hasard notre guitare n’était pas accordée, c’était lui qui nous l’accordait ! Et si vraiment l’instrument était injouable, il prêtait sa guitare ! C’est un type étonnant. Il m’a écouté pendant 20 minutes, puis m’a parlé pendant une heure et m’a fait un mot pour son directeur artistique chez Philips. J’en garde un souvenir ému. En parlant de Brassens, j’en ai les poils qui se dressent encore aujourd’hui.
Et comment as-t-il réagit quand il a apprit ton pseudo ? Il l’a apprit par mon frère. Mon frère a continué le music-hall, et il a fait une tournée avec Brassens. Il lui a rappelé cette anecdote où j’étais venu le voir dans sa loge, et lorsque mon frère lui a dit mon nouveau nom – François Corbier – Brassens a juste dit : « Il est con ! ». C’est vrai que prendre un pseudonyme ne sert pas à grand chose, mais en plus prendre le nom de François Villion (NDR : dont le vrai nom était François De Moncorbier) qui était sa principale influence était très con, il avait raison ! (rires). C’était juste pour me rapprocher encore un peu plus de lui.
Pour revenir à la guitare, tu as appris tout seul ? Je suis complètement autodidacte, je ne sais pas du tout ce que je fais en dehors des accords majeurs et mineurs ! Pourvu que ça sonne à peu près juste, je me dis que ça ne doit pas être trop faux. (rires).
Quels sont tes pires souvenirs au niveau de l’apprentissage ? Le pire c’est réussir à se faire de la corne sur les doigts. Ca fait mal ! (rires). J’ai aussi un souvenir très triste (rires), très triste mais rigolo, datant du début où je jouais dans le duo Gouate Et Mala avec mon frère. C’était avant le Club Med. On a été engagés très vite car on était rigolos pour faire un bal. Notre job était de jouer pendant la pause pour que les musiciens puissent aller fumer une cigarette dehors. J’accordais ma guitare un ton plus bas pour que ce soit plus facile à chanter. Après avoir accordé ma guitare, je pars boire un verre avec mon frère au bistro d’en face. A mon retour, sur la route entre le bistro et le balloche, je croise un musicien qui me dit « J’ai vu que ta guitare est un peu basse, je l’ai réaccordé ». Merde, le con ! Je me précipite dans les coulisses, je prend la guitare et j’essaye de la réaccorder. A l’époque il n’y avait pas d’accordeur, on avait juste un diapason. Evidemment je n’entendais pas le diapason car les musiciens jouaient. Il y avait un raffut du diable, je n’entendais rien, et je jouais de la guitare depuis un an, don j’étais tout à fait nul ! J’ai tendu les cordes, tendu les cordes, tendu les cordes jusqu’au moment où le chevalet a sauté, il s’est décollé de la table d’harmonie. Je me précipite sur scène pour demander au guitariste de me prêter sa guitare. Il a accepté, mais il m’a dit « Je te préviens, ma guitare est accordée un ton au dessus ! ». Ce qui fait que j’ai chanté deux tons plus haut que d’habitude ! C’était déjà très laid normalement, mais là ça devait être extrêmement laid ! (rires). Mais on ne s’est pas fait mettre dehors, ce qui prouve que les gens étaient gentils ! (rires).
Avec ce groupe, tu avais aussi une histoire avec des vaches qui volent ? Oui, c’est une des toutes premières chansons que j’ai écrite. Elle s’appelait « Si Les Vaches Volaient ». On avait fait un concours organisé par Radio Luxembourg (NDR : aujourd’hui devenue RTL). C’était une chanson rigolote, mais là on chantait dans le silence total, pas un rire ! Une véritable horreur ! Ce concert était à La Souterraine dans la Creuse. Le lendemain matin, sur le quai de la gare, une maman qui… (il éclate de rire) …il y a une maman qui poussait un landau et arrivé à notre hauteur elle nous dit sérieusement « dites les enfants, vous avez déjà vu des vaches voler ? ». Et là c’était la honte de notre vie. Et c’est suite à cet épisode qu’on a arrêté le duo.
Jouer de la guitare, c’était un plus pour les filles notamment au métro Saint-Paul ? Jouer de la guitare, c’est que pour ça ! A l’époque, je ne connaissais pas un seul gars qui s’est mis à la guitare pour autre chose que draguer. J’allais au métro Saint Paul et on chantait avec nos potes dans les couloirs du métro car l’acoustique était formidable. C’était une façon d’être regardé par les filles. Si je n’avais pas eu la guitare, je serais passé à côté de beaucoup de filles.
C’est là-bas que tu t’es fait prendre pour Johnny Hallyday ? C’était rue Saint Paul. J’avais 17 ans, Johnny en avait 18. On parlait beaucoup de lui, il était partout. Je regardais la vitrine d’une boulanger. J’avais la banane comme lui, je m’habillais en jean… Je pouvais effectivement passer pour Johnny. Des gars pas très au courant sont venus vers moi et m’ont demandé si j’étais Johnny. Mais j’avais peur, j’avais la trouille ! Je croyais qu’ils voulaient me casser la gueule (rires). Ils voulaient juste m’engager pour chanter dans une soirée. Ils étaient très gentils, mais moi j’avais très très peur. Avec le recul ça ne m’étonne pas trop car on avait tous la tronche de Johnny à l’époque.
Et as-tu déjà essayé la guitare électrique ? J’ai une très belle guitare électrique, une Vigier Excalibur, qui est vachement bien et qui d’ailleurs ne quitte pas son étui. C’est mon époque qui me l’a acheté quand j’ai quitté la télé. Mais en fait, j’ai un timbre de voix qui ne colle pas du tout avec l’instrument, et en plus il y a tout l’apprentissage à refaire pour en jouer correctement.
Tu as déjà essayé de travailler les solos ? Non jamais. Je fais des contrechants avec des accords (NDR : des voicings). Je fais un peu le même travail qu’un guitariste classique, c’est à dire je joue à la fois les basses, l’accompagnement et le chant. Je ne sais pas si c’est une technique particulière, mais ça me semble bien comme ça. J’arrive à jouer tout seul en donnant l’impression d’avoir plusieurs instruments.
Tu as eu aussi quelques cours de chant ? Oui, c’était à Pigalle. C’était Alain Barrière qui était mon producteur qui m’a payé des cours de chant. J’ai du en prendre un vingtaine, et je n’ai jamais compris ce qu’il fallait faire ! Et ça s’entend toujours ! (rires).
Un peu plus tard tu es rentré à la télé ? C’était le premier mercredi de janvier 1982.
A l’époque, est-ce que tu conservais un regard ‘deuxième degré’ sur ton travail ? Oui, même si c’était assez difficile. Quand tu t’impliques à fond et que tu travailles autant d’heures par semaine, tu finis par ne plus avoir beaucoup de distance. Tu te laisse embarquer dans le boulot et tu ne résonnes plus. Petit à petit je finissais malheureux car je ne savais plus ce que je foutais là dedans. Je savais juste que les gens m’aimaient bien – donc je pouvais garder la tête au dessus de l’eau – mais en même temps je ne faisais pas ce que j’aimais. Quand j’en suis parti, j’étais très content de quitter la télé, mais en même temps c’était une sorte de dépression terrible. Quand tu travailles 60 heures par semaine, et que du jour au lendemain tu ne fais plus rien, tu déprimes. Je croyais que ça allait être génial car j’allais enfin pouvoir écrire, mais au final tu es tellement abruti que tu ne fais rien. Tu allumes la télé et tu ne fais rien. J’avais la tête ailleurs.
A partir de quel moment tu t’es rendu compte que la télé allait devenir quelque chose d’énorme pour toi ? C’est très bizarre, mais je n’ai jamais voulu ça. Quand tu es artiste de cabaret, tu te donnes à fond pour ton public, tu cherches chaque soir à être le meilleur pour être apprécié. Ton seul rôle, c’est rendre le public heureux. Au bout de quelques mois de télé, on m’a demandé d’animer un spectacle pour la fête des mères. Le présentateur m’a annoncé et quand je suis monté sur scène toute la salle m’a applaudi avec une standing ovation ! Je n’avais pas encore chanté ! Ca m’a beaucoup troublé, je ne comprenais pas. Je pensais que quelque chose n’allait pas dans ce métier de télévision ; tu n’as encore rien fait et les gens t’aiment déjà, et ça c’est pas normal. Je voyais qu’il se passait quelque chose, mais je n’étais pas d’accord avec ça. Il m’a fallu beaucoup de temps pour accepter cette espèce de vedétariat que je trouvais un peu usurpé.
Ca t’a fait peur de te rendre compte que tu étais aussi populaire ? Quand tu es populaire tu as des gens qui viennent te voir dans la rue, qui te donnent une tape dans le dos en te disant que tu es formidable, il te remercient de ce que tu fais pour les enfants… Mais tu as aussi des sales cons. Il y a des gens dans la rue qui te croisent et qui te crient « Eh connard… Escroc… ». Tu te demandes pourquoi, tu n’as jamais voulu faire de mal à personne. Tu te fais insulter et en plus tu risques de te faire casser la gueule ! Pendant des années j’ai marché dans la rue sans regarder ni les vitrines ni les gens. J’assumais très mal tout ce qui m’arrivait. Même encore maintenant j’ai du mal à assumer. Quand les gens viennent me dire des trucs sur les années de la télé, je peux avoir des réactions très bizarres (rires).
Tu n’as encore pas digéré cette époque ? Non, je n’ai jamais pu la digérer. Je n’ai jamais eu l’impression de faire un vrai boulot, alors je ne vois pas pourquoi les gens viennent me parler de ça. J’ai été content de le faire car je gagnais bien ma vie, mais c’était trop facile pour être un travail ! Tu te mets dans un coin, on place un caméra devant toi, quelqu’un vient te poudre le museau, on t’éclaire bien et on te montre un panneau en te disant « Tu diras ça. ». Tu n’as rien à écrire, pas de mise en scène, tu ne fous rien ! Tu dis ‘miam-miam’ car on t’a dit de dire ‘miam-miam’ (rires). C’est vraiment très con, il n’y a aucune gloire à en tirer. Tu n’as qu’à être présent. Alors quand des gens viennent te dire qu’ils t’admirent, tu te demandes pourquoi ils t’admirent ! J’ai rien fait ! Et à tous les gens qui disent que la télé c’est génial, je leur demande qu’ils m’expliquent en quoi c’est génial. C’est uniquement dans le but d’être admiré ? Si quelqu’un me dit qu’il veut juste devenir une star, pour moi c’est un crétin ! Il faut être un artiste, un danseur, un musicien, un comédien, mais pas une star !
Tu dis que c’était bien payé, tu veux bien nous donner quelques chiffres ? J’avais 45000 francs net les trois ou quatre dernières années de la télé. Lorsque j’étais sur Antenne 2 j’étais payé 2000 francs par mercredi, puis quand je suis passé sur TF1 avec AB Productions mon salaire était passé à 15000 francs par mois. Mon salaire avait doublé. J’ai très bien gagné ma vie les trois dernières années, mais avant j’étais juste comme un cadre. Je ne gagnais pas des milliards.
Tu gardes de très bons souvenirs de la télé ? Il y a une anecdote que je ne raconte jamais, mais je vais t’en faire profiter. C’est une histoire avec Cabu et Dorothée. C’était l’époque des mini-jupes en 82 ou 83. Elle était debout sur une table, et je me tenais derrière la table avec Cabu. On était à 20 secondes de l’antenne. On nous avait fait signe que l’émission allait commencer, et Dorothée se préparait à chanter le générique. Donc elle était debout, moi en dessous avec Cabu. J’ai dis à Cabu « Si tu te penches un peu, tu vas voir ses couilles. » (rires). Il a hurlé de rire et a plongé sur la table. La première image de l’émission, on voyait Dorothée chanter sur la table, moi derrière avec la banane et Cabu remonter tout doucement en évitant de piquer un fou rire ! (rires). Dorothée ne l’a jamais su, car si elle l’avais apprit ça ne l’aurait certainement pas amusé ! (rires).
As-tu souvenir d’un énorme flop à la télé en jouant de la guitare ? Oh oui, plusieurs… J’écrivais une chanson chaque semaine, et évidemment je ne les connaissais pas bien. J’avais d’énormes antisèches derrière la caméra. J’avais la trouille évidemment, je ne connaissais pas la chanson et en plus au début je n’avais pas l’habitude de faire de la télé. Les réalisateurs se sont vite rendu compte que je n’étais pas à l’aise, alors pour donner un côté plus rigolard ils envoyaient Jacky ou Dorothée pour faire le clown autour de moi. Jacky est quelqu’un de très drôle, mais aussi de très pataud. Un jour, en passant derrière moi, il a marché sur le câble. Je me suis retrouvé en direct avec une guitare électro-acoustique qui n’avait plus de son ! J’ai du relever la guitare à hauteur de mon micro voix, donc on n’entendais plus la voix et pourtant j’ai continué à chanter. C’était un vrai flop, une horreur ! Il m’est arrivé aussi de faire semblant de jouer, et que quelqu’un de l’équipe branche ma guitare alors que je faisais n’importe quoi ! (rires). Des flops dans ce genre, j’ai du en avoir dix milles !
Tu touches encore des royalties sur tes morceaux ? Je touche encore quelques droits d’auteur. C’est trois fois rien, quelques francs par ci par là. Ce sont des droits d’auteur pour « Sans Ma Barbe » ou « Le Nez De Dorothée ». Je pense que quelques radios FM doivent s’amuser à repasser ça de temps en temps.
Tu n’as jamais voulu faire des soirées en discothèque comme font Bernard Minet ou Chantal Goya ? On me l’a proposé. Je veux bien faire une apparition dans une discothèque, mais je n’ai pas envie de chanter. Ce que je fais maintenant est tellement éloigné de ce que je jouais à l’époque, ça ne pourrait pas cadrer du tout.
Est-ce que tu rends compte que tu es comme un père pour toute une génération ? Alors ça c’est une découverte depuis environ trois ans. Mais entre cette période et le moment où j’ai quitté la télé, c’était totalement l’inverse. Tout le monde dans la rue nous insultait, on nous appelait ‘connard’, c’était terrible. Maintenant, il y a un espèce de ‘revival’ – une nostalgie – et les gens sont devenus d’une gentillesse et d’une politesse incroyable. Certains nous disent qu’à l’époque ils ne nous aimaient pas, mais qu’aujourd’hui ils nous regrettent. Ca fait toujours plaisir.
Il y a aussi ceux qui étaient enfants à l’époque et qui maintenant sont adultes… Oui, ils viennent me dire « on a grandi avec vous »… Alors là, ça dépend de mon état de réception. Si je suis de bonne humeur alors je discute, mais si j’ai des problèmes je suis capable d’envoyer chier gravement les gens (rires). En fait les gens viennent me voir tout le temps pour me dire qu’ils me regardaient quand ils étaient petits. Oui, je le sais ! Près de 90% des anciens enfants nous ont regardé. Ensuite quand ils me disent que j’ai remplacé leurs parents, ça commence à me gêner. Je n’étais pas là pour remplacer des parents ! Ensuite ils continuent à me dire qu’ils aimaient Dorothée et Les Musclés… Au bout d’un moment, quand ça commence à me faire chier, j’énerve et je leur dis « Bon, allez lâchez-moi ! ». (rires). Je peux être comme ça. Ce n’est pas mon caractère, je ne suis pas un gars violent, mais parfois au bout d’une journée je peux en avoir marre. Cet été à Avignon (NDR : Corbier jouait au festival Off) ça m’est arrivé. Quatre ou cinq petites gonzesses mignonnes comme tout sont venues pour se faire prendre en photo avec moi, c’était avec plaisir. « Ah vous savez, c’est parce qu’on vous regardait quand on était petites » Ben oui je le sais. « Ah et qu’est-ce qu’on aimait Dorothée » Bon maintenant vous me lâchez. « Vous pourriez rester poli monsieur Corbier ». Mais je vous emmerde ! (rires). Tu vois, ça a prit des proportions terribles. Je sais bien que les gens m’aiment car j’ai fait des émissions de télé, mais c’est pas la peine de venir me parler de ça sans arrêt, surtout quand je présente un spectacle. Venez me voir pour parler de ce que je fais maintenant, et éventuellement on parlera de ce que j’ai fait avant.
Justement, on va parler de ce que tu fais maintenant. Ok, si tu veux (rires).
Tu continues à faire des chansons à textes ? On peut dire ça, je dirais plutôt des chansons à messages. C’est un peu plus folkeux.
Ca se rapproche plus de « La Digue Du Cul » que de « Sans Ma Barbe » ? (rires). Oui, on peut aussi dire ça. S’il y a un mot à dire, je ne vais pas me priver pour le dire. Il y a une chanson sur le dernier album qui s’appelle « Chanson Du Cœur » et qui est inspirée par un événement réel. C’est une jeune femme qui est venue me voir à la fin du spectacle pour me dire « Ecoutez, ce que vous faites c’est un peu vulgaire et c’est pas très bien écrit ! ». (rires). Ca m’a estomaqué ! Alors j’en ai fait une chanson, et je ne me suis pas privé de dire tous les gros mots inimaginables ! (rires).
En matière de guitare, est-ce que tu sens une progression dans ton jeu ? Oui grâce à mon copain qui m’a fait découvrir les open-tuning. Ce gars a six guitares sur scène. Je me demandais ce qu’il pouvait bien faire avec six guitares ! Toutes étaient accordées de façon différentes. Depuis que j’ai fait ces opens, j’ai beaucoup progressé.
Tu travailles toujours en autoproduction, mais pourquoi ne pas avoir cherché une maison de disques ? C’est bizarre car je suis quand même très connu. On peut s’imaginer que toutes les portes s’ouvrent facilement, mais c’est vraiment pas ça ! Il y avait cette image du Club Dorothée qui était tellement mauvaise, que les maisons de disques ne voulaient pas me voir. Les gens me recevaient en ayant déjà le dos à moitié tourné. Pour eux, je suis has been et foutu, je n’intéresse personne. Mon rêve aurait été de trouver des gens qui font de la musique actuelle et qui me demandent de jouer de la guitare comme je sais le faire, de chanter les chansons que j’écris, mais que ce groupe m’apporte le son d’aujourd’hui. J’aurais aimé faire ça, mais personne ne me l’a jamais proposé. J’aurais bien aimé bosser avec Doc Gynéco. D’ailleurs je l’ai rencontré un jour dans la rue. En me voyant, il se bloque et il me dit « Oh Corbier, quand j’étais petit je te kiffais… ». Et c’est tout. Il me fait le même compliment que les autres dans la rue…
Que ce soient des professionnels ou le public, tout le monde reste bloqué sur ta période télé ! C’est ça. C’est dur, je rame encore plus que les autres pour avoir mes 47 cachets d’intermittents, j’ai l’impression qu’on est des parias. Bon, ça commence petit à petit à bouger. Toi, Fun Radio et M6 commencent à me contacter pour faire quelque chose sur moi. Ca bouge lentement, mais il va falloir se dépêcher les mecs, car je vais pas tarder à mourir ! (rires).
Quelle est la réaction des jeunes quand ils te voient en concert avec ton nouveau style de musique ? C’est très rapide. En trente secondes, ils comprennent que c’est autre chose. Jusqu’à maintenant, je n’ai pas eu de jeunes me disant qu’ils attendaient autre chose. Au contraire, les jeunes se demandaient comment j’avais évolué, et tous me disent que j’ai bien évolué. Ca c’est plaisant. En plus, je ne crache pas dans la soupe car je leur joue un medley de « Sans Ma Barbe » « Les Mille Pattes » et « Le Nez De Dorothée ». Mais je leur parle aussi de sujets qui les concerne avec le Sida, l’Erika… Ils acceptent ce que je fais et viennent me dire merci à la fin du spectacle.
Et ta barbe ? (rires) Je n’ai plus de barbe ! Tu sais ce que c’est, avec l’automne les poils tombent ! Je n’ai plus qu’une moustache blanche à mi chemin entre celle de José Bové et la mouche de Dartagnan.
Tu joues sur quel matos ? Je joue sur Adamas depuis le début, c’est Marcel Dadi qui m’a donné ma première Adamas. D’ailleurs, j’ai une anecdote concernant Dadi. Il était adorable. Un jour dans un salon de musique, il me fait signe. J’étais plutôt étonné, car je le connaissais pour être une star, et je ne pensais pas qu’il me connaissait. Donc je vais le voir, et il me dit « Tu sais Corbier, il faut que je te dise merci ! Ca fait des mois que je pousse mon fils à jouer de la guitare et il ne veut pas. Depuis qu’il t’a vu jouer à la télé, il a dit qu’il voulait bien jouer de la guitare mais comme toi ! ». (rires). C’est une belle histoire. Tu vois comment jouait Dadi, et moi avec mes trois accords j’ai influencé son gamin sans le savoir (rires) ! Alors, on parlait de quoi ?
Tu parlais de ton matos… Donc je joue sur Adamas, mais j’ai aussi la Silent Guitar Yamaha en version folk. C’est génial ! Je m’en sert sur scène, et ça permet de déconner avec les gens. Je dis toujours que j’ai la chance d’habiter dans une région où il y a des insectes qui mangent le bois… Elle sonne remarquablement. Pour l’ampli, j’utilise un petit Marshall AVT50 et la G Stomp Yamaha. Je n’y connais rien en matos, mais voilà ce que j’utilise.
Et pour les cordes ? (rires) J’aurais du me douter que tu allais poser la question ! Je n’y connais rien, normalement les gens savent ce qu’ils achètent, mais moi je ne sais même pas ! (rires). (NDR : il prend un catalogue pour essayer de retrouver ce qu’il utilise). Je joue sur des Elixir ou des Adamas en 12-53.
Toujours pas de médiator ? Non, je joue tout avec les doigts pour avoir un son égal sur toutes les cordes.
Tes projets pour l’avenir ? Dégoter un maximum de spectacle, essayer de vendre le disque live Toi, Ma Guitare Et Moi qui est un disque live enregistré à la fête de la musique. C’est un disque totalement authentique avec une ambiance de dingue. C’était dans un studio qu’on avait transformé en café-théâtre, ça faisait 25m², on était 40 et on avait tous bu avant ! (rires). On sent sur le disque que tout le monde s’amuse. Le disque a été enregistré tel quel. Il n’y a pas eu la moindre retouche. On a gardé toutes les fausses notes et tous les couacs pour faire quelque choses de véritablement live. J’aimerais bien aussi faire un autre projet en trio avec un accordéon et une basse pour faire un son soft, un peu dans l’esprit Dylan.
Pour connaître les dates de concert de François Corbier, pour avoir de nombreuses photos hilarantes ou juste pour lui écrire, vous pouvez aller sur son site Internet : www.francoiscorbier.com
VENDS :
-Guitare IBANEZ FRETLESS S-Classic (35 exemplaires au monde !) => 1500 Euros
-Guitare DEAN Evo DOUBLE MANCHE (6 cordes – 7 cordes) => 1500 Euros
-Guitare Carlos Robelli DOUBLE MANCHE => 700 Euros
-Guitare FLIPOUT bleue => 700 Euros
-Guitare IBANEZ FRETLESS S-Classic (35 exemplaires au monde !) => 1500 Euros
-Guitare DEAN Evo DOUBLE MANCHE (6 cordes – 7 cordes) => 1500 Euros
-Guitare Carlos Robelli DOUBLE MANCHE => 700 Euros
-Guitare FLIPOUT bleue => 700 Euros