Nous revoilà, Pipo et moi, sur ce magnifique site d'Avanches pour notre deuxième et dernier jour consécutif de festival. Sur un timing idéal on s'engouffre dans les arènes au moment ou le présentateur surgit sur scène pour annoncer la venue de Popa Chubby, qui est en fait déjà en train d'accorder sa guitare derrière son dos. Il y a peu, très peu de monde, et le contraste avec la veille au soir est assez violent. Même en se retournant on peut constater que les gradins ne sont remplis qu'a un petit 30%, il est probablement encore trop tôt... C'est à 19h précises que le bluesman new-yorkais commence à s'affairer sur sa telecaster. A l'image de son entrée sur scène qui avait tout d'une balade et rien d'une rock-star, ce gros monsieur commence gentiment à nous balancer sa virtuosité à la tronche. Le peu de monde aidant nous sommes en 2ème ligne, juste derrière les fans transits de Simple Minds déjà tassés contre les barrières... Chaleur et complicité, blues tranquille mais génial, le gros Popa s'affirme encore une foi comme un véritable guitariste hors-pair aux mimiques géniales et amusantes... Il prend son temps pour communiquer avec le petit comité à ses pieds entre les chansons, c'en est attendrissant de simplicité et de sincérité. Impros bluesy envolées et inspirées, l'artiste est en pleine forme et nous expose pleinement son dernier concept de "peace, love and respect" (voir un américain de bien 110kg vous faire un double fuck est toujours quelque chose d'assez bucolique), et réinvente comme à chacun de ses show sa fameuse attitude "je-pose-ma-gratte-sur-mes-bourelets". Le public (connaisseur visiblement) adore, et le son qui sort de ses 3 (!) twins fender vient nous fouetter directement la tronche et le coeur, et nous insufle une bonne dose de blues-rock on ne peut plus autentique dans les veines. Un pur régal.
Son set sera composé intelligemment, de manière à faire monter la sauce doucement, comme il se doit lorsqu'on est programmé à 19h dans un festival ou suivent 3 autres groupes: En partant de ses compositions en slow blues il nous prend par la main et nous emmène en une bonne heure vers un blues-rock voir rock'n'roll plus enervé, via une montée progressive et manuelle de disto au fil des chansons. Au terme de sa prestation, les arènes qui se sont malgré tout replies un peu plus en redemandent, mais faute de temps et festival oblige, il n'y aura pas de rappel.
On remonte afin de se nourrir. Sur la petite scène se produit un groupe de country survoltés, The Watzloves. Je n'en prendrai qu'une photo, celle d'un gosse de 10 ans, des énormes Pamir rouges sur les oreilles, planté au premier rang sans bouger.
Une platé de nouilles chinoises durant le concert de Corneille, dont je ne ferai aucun commentaire...
Suit, toujours sur la petite scène, quelque chose de drôlement plus amusant. Il s'agit de Petit Vodo, un français qui nous expose sa réfléxion sur une phrase qui pourrait être "l'être humain est un animal bien bruyant", ou encore "plus c'est petit plus ça fait du bruit" (je l'aime bien celle-là). Je m'explique: L'homme est seul, ou presque (on parle donc de "one-man band" et vous avez peut-être déjà vu notre Guitar Fucker national), et gère à peu près tout à la fois: Guitare, batterie, harmonica, samples et moultes autres bizarreries dont le seul dénominateur commun est de faire du bruit, et du bon. Le tout sort sous forme de blues survolté et très très enervé: pensez aux White Stripes sans Meg, avec Jack qui tape sur tout ce qui trouve en même temps qu'il joue, et vous avez une petite approche de ce que j'ai vu sur cette scène du Casino. Paroles ultra-provo, mégalo de rock-star (pig star même), il fait monter des filles sur scène pour danser et mène le show d'une main de maître du haut de ses 1m60 à tout casser. Un très bonne surprise donc, probablement la meilleure de la soirée même...http://vodo.free.fr/.
Je retourne dans les arènes pour aller jeter un oeil à Simple Minds, qui ont déjà commencé. Je m'assied sur un bout de gradin libre et essaye de me persuader de rester. 2 chansons plus tard je lève l'ancre, vais boire une bière en me promenant vers les stands et reviens. Encore 2 chansons et cette foi c'est le froid et la lassitude qui me forcent à aller poser mon humble cul au service de presse. On me demande mon âge avant de me servir une autre bière, et moi, amusé, je me pose pour regarder ce concert par derrière (le service presse étant situé derrière la scène). La totalité des arènes est désormais délicatement saupoudrée de personnes d'un certain âge, en couple pour la plupart qui chantent mollement les refrains sans y croire vraiment. Je pense à un groupe de new wave qui a fini de déférler depuis longtemps...
Une tournée de churros après, on regagne les gradins pour assister à un feu d'artifice sobre mais très sympa sur fond de Gotan Project, et on attend la venue du dernier groupe de la soirée et du festival (sur la grande scène): Sinsemilia. Ces sympatiques fumeurs de ganja se pointent sur scène et se mettent à se battre avec leur matériel: Pas ou peu de son sort de l'ampli du bassiste, 3 essais plus tard c'est au tour du guitariste de péter une corde au milieu d'une chanson... Ca sent la nervosité à plein nez (d'ailleurs le chanteur va le dire, et sortir un magistral "heu... on pourrait pas remettre le feu d'artifice un moment ?"), pour ce groupe qui vient peut-être de faire une de leur plus grosse scène de leur carrière. Finalement leur concert se déroule devant un public qui se décompose au fil des chansons, pour terminer leur concert devant une arène ou on compte exactement 13 personnes dans la moitié "assise" des gradins. Pas de soucis, leur fans sont là, tout devant, et ça sautille gaiement au rythme ska - rocksteady de ce groupe bien connu des romands.
Show malgré tout (le froid et le matos) très bien rodé, bonne ambiance bien enfumée, la sauce prend très bien avec la fosse qui n'en peut plus de skanker en restant bien serré... Ca sera finalement sur le coup des 2h45 du mat' que Sinse' quittera les planches et qu'on regagnera les véhicules pour un retour lethargique.
Une remarque pour la totalité de la soirée: Qu'avaient bu les programmateurs quand ils ont décidé de remplacer Eddie Mitchell par Corneille et Sinsemilia ?? Pour résumer, on a vu s'enchaîner sur la grande scène ce soir là: Un bluesman ultra charismatique avec passé 10 ans de carrière derrière lui, un chanteur de r'n'b pou... heu, ultra-tranquille pour minettes de 12 ans, un groupe de vieux dinosaures qui roulent leur bosse depuis bientôt 20 ans, et un groupe de français fumeurs de joints.
Y'a pas comme un problème là ?
Come on dad, gimme the car tonight...