Oui, j’ai appris ça dans un docu passé sur Arte y a quelques mois, j’avais trouvé assez classe la réaction d’Adler...
Je sais qu’il existe une anecdote quasi-identique pour un enregistrement des Doors, une chanson très douce (peut-être "Indian Summer"), pour laquelle Jim Morrison n’arrivait pas à trouver le laisser-aller qu’il fallait... Je vais essayer de retrouver ça...
Doc Loco a écrit :
Une assez connue, mais dont je ne me lasse pas.
En 1969 les Stones enregistrent leur album Let It Bleed (un de leurs meilleurs à mon avis). L'heure n'est plus au summer of love mais à la guerre du Vietnam, à la guerre froide, aux conflits raciaux et aux assassinats, les Stones (qui sont très forts pour "sentir" l'époque) écrivent des chansons qu'ils qualifient eux-même de pré-apocalyptiques.
L'une d'elle est celle qui nous occupe aujourd'hui, le sublime Gimme Shelter. Les premières versions, travaillées par Richards alors que Jagger tourne "Performance" , sont chantées par Keith (il en existe des enregistrements) mais une fois Jagger là, il enregistre la prise vocale définitive.
Mais à la dernière minute, durant la phase de mixage, ils décident de rajouter une voix féminine (peut-être pour adoucir le texte parlant de viol et de meurtre?). L''idée en tout cas est de Jack Nitzsche qui produit le morceau, et il appelle en pleine nuit (vers minuit!) une amie choriste, Merry Clayton (enceinte par ailleurs).
Sa contribution sera tellement extraordinaire que Jagger, bien conscient d'être éclipsé sur ce morceau, jurera de ne plus jamais enregistrer un morceau des Stones avec une fille!
Mais ce n'est pas tout: déjà, quand on écoute le morceau, on est saisi par l'intensité du chant de Merry. Mais si on écoute bien, on entend, dans la reprise après le solo, qu'elle explose littéralement sa voix - et c'est juste merveilleux, un des plus beaux "accidents" jamais capté sur bande. Et Jagger le perçoit instantanément, poussant un "Whoooo!" en arrière-fond, qu'on perçoit sur l'original, mais qu'on entend beaucoup mieux sur la bande vocale isolée.
Si vous le l'avez jamais entendue, apprêtez-vous au grand frisson:
Dramatiquement, sur le chemin du retour, elle fera une fausse-couche, peut-être à cause de l'intensité de sa performance.
Racontée de nos jours par les principaux protagonistes:
Et le morceau complet, avec la sublime intro de Richards, les géniales fioritures de Taylor, et faite-moi plaisir, prêtez attention à la batterie - à presque chaque relance, Charlie balance un des riffs de batterie les plus efficaces de tous les temps, qui donne à chaque fois un coup de pied au cul du morceau (je sais que certains prétendent que ce n'est pas lui mais Jimmy Miller - en fait, ce dernier est bien présent, mais uniquement aux percus):
De nos jours, on effacerait la prise et on en ferait une "propre".
Assez connue, mais je la connaissais pas, alors faut surtout pas se priver...
Ce qui est génial, c’est de réécouter le morceau après la bande vocale isolée, et on entend ce à côté de quoi on était passé, et c’est encore plus fort, dans son jus sensible et imparfait.
Quelle intensité...
Merci, personnellement ça me permet de revenir vers les morceaux, et sans doute de mieux les apprécier.