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- Publié par
gimik le 29 Nov 2006, 14:36
Bougneur... que du bonheur !
Ouais, je sais c'est naze, mais bon, c'est juste un up après tout. Je vais quand même pas me casser le trou du luc pour faire remonter l'annonce du Steam, nan ! Je vais pas vous écrire un roman pour ça. Si ? Bon ok...
"Pierre est seul dans sa chambre du sous-sol, carrée, très bien chauffée. C'est plutôt une cave qui lui sert de chambre. Près du plafond, une fenêtre en largeur permet de voir les jambes des passants. De vieux meubles impossibles, mais un bon grand lit de fer à deux.
Des pas crissent dans la neige. On frappe sec. Il est minuit. Entrent en coup de vent Victor, François et une girl brune et maline, qu'ils tiennent solidement chacun par un bras. Ses grands yeux noirs sont pleins de colère.
Victor - Nous te présentons Patricia, une amie. Au Café Brevoort elle a fait un scandale idiot. Et nous avions à causer, François et moi.
François - Nous lui avons donné à choisir entre deux punitions. Un peu d'huile de ricin (on en vend au café) ou toi. Nous t'avons dépeint. Elle t'a préféré.
Pierre était d'abord ennuyé de l'irruption. Il allait dormir et se levait tôt. Lui et Patricia se considéraient.
Victor - On ne te l'amène pas à la légère. Il y a des raisons.
Patricia - Je vous connais tous deux. Vous ne faites jamais rien à la légère, malgré vos airs de Pégase. Vous êtes comme deux papes. J'aurais dû vous arroser avec le siphon, au café. Soit, allez vous-en. Laissez-moi.
Pierre - OK. Je garde Patricia.
Les deux sortirent en vitesse sans dire au revoir et Pierre entendit le son du moteur de course de François. Patricia se promenait dans la pièce.
Patricia - Cette chambre m'amuse. Ça manque de sièges ici. Foutons-nous sur votre lit comme divan, c'est-à-dire vous dedans et moi dessus. C'est sans danger puisque nous l'aimons tous les deux. Et parlons de lui.
Elle sauta sur son lit. Ils s'installèrent comme elle avait dit, à distance.
Pierre - Aimez-vous Victor ?
Patricia - Oui.
Pierre - D'amitié ou d'amour ?
Patricia - Des deux. D'amour surtout.
Pierre - D'amour chaste ?
Patricia - Hélas ! Moi d'amour en plein et sans espoir. Je ne sais quel nom donner à ça. Tout le monde l'aime. Il est à tous et à personne. Il a raison sans doute. J'ai tort de le vouloir pour moi. Mais je ne veux que lui. Victor pourrait choisir parmi des héritières. Pas question. Pourrait avoir un gros contrat pour ses tableaux. Pas question. Il les donne presque tous à ses amis. Il donne aussi des leçons de français, fameuses et drôles, à deux dollars l'heure. Il s'amuse tout le temps. Son sourire est aimable, mais c'est un dictateur. il fait que ce qu'il veut, au moment où il veut. Où qu'il arrive, il devient le centre, il est le chef. il a une fantaisie à jet continu. Il a sûrement des aventures, avec des femmes faites, pas avec des jeunes filles. Il est discret, on ne sait rien.
* * *
Vers cinq heures du matin ils réentendirent le moteur de François. On frappa. Patricia sauta, ouvrit le verrou, cria : « Entrez» , et revint sur le lit. Victor et François, sérieux, apparurent. Ils sourirent en voyant comment Patricia et Pierre étaient installés.
- J'ai deux choses à vous demander, dit Victor. Nous allons fonder une revue. Nous choisissons dix amis, dont vous deux, pour écrire ou dessiner ce que vous voulez. Et nous publions. Chacun aura sa tâche. Il nous faut quarante dollars pour le papier du premier numéro. Nous les ferons avec des annonces commerciales. Voulez-vous, Patricia et Pierre, vous charger de les recueillir ? Oui ? Bien. Voici une liste d'adresses. Voulez-vous aussi enregistrer notre revue ?
- Oui, dit Patricia.
- Oui, dit Pierre.
Le lendemain, Patricia et Pierre allèrent gaiement au Bureau d'Enregistrement. On repeignait les deux étages, et un peintre leur indiqua en riant la porte voulue.
Ils demandèrent un bulletin. On leur dit d'en faire deux. Ils y inscrivirent, sans trop les lire, leurs noms et adresses et le nom de la revue, signèrent et les tendirent à l'employé. Celui-ci lut et dit : « Pourquoi avez-vous inscrit tous les deux en tête les mots : "L'Aveugle" ? »
- Parce que c'est le nom de la Revue.
- Quelle revue ?
- Celle que nous venons déclarer.
- Mais ce sont des bulletins de mariage que vous avez là !
- Zut ! dit Patricia en suçant son stylo, réfléchissons d'abord.
Elle regarda Pierre à la Napoléon et le tira à deux pas en arrière : « Je t'épouserais à la rigueur, mais j'aime Victor, bien que sans aucune chance, et toi, ta Parisienne qui t'attend. Tu ne m'as dit que quelques mots sur elle, mais elle m'est chère. »
- Monsieur le secrétaire, dit Patricia, où faut-il s'adresser pour déclarer la Revue ?
- Porte 12, l'étage en-dessous.
Ils y allèrent, se déclarèrent. Le peintre farceur agita son pinceau. "
Note : T'as vraiment tout lu ?