Au début de sa carrière, Wolfmother s'annonçait comme une sorte de magicien capable de se nourrir de Led Zeppelin, Black Sabbath, Clutch, The White Stripes et Muse pour faire sa propre musique. Mais, la fuite progressive de ses membres créatifs ont laissé Andrew Stockdale seul aux commandes. Pour ce quatrième opus, Victorious, l'Australien s'occupe du chant, des guitares et de la basse. Seuls deux batteurs de session (les excellents Josh Freeze et Joey Waronker), Ian Peres, l'habituel bassiste, à l'orgue et le producteur Brendan O'Brien ont eu le droit de saupoudrer de leur jeu les dix compositions en compagnie du leader frisé. Wolfmother, à mesure qu'il devient projet solo de Stockdale, perd de plus en plus l'âme qui l'animait au départ et l'on se demande comment une musique initialement si fascinante est dorénavant aussi vide.
Prenons The Simple Life, chansonnette niaise aux paroles débiles qu'on aurait pu utiliser comme générique de l'émission éponyme. Même son riff est écervelé. Mais c'est au moment du refrain anémique qu'on comprend à quel niveau Wolfmother est tombé. Pire, Pretty Peggy commence comme une resucée de Ho Hey par The Lumineers avant de se vautrer dans un folk rock du pauvre. D'autres exemples illustrent le même propos, en moins grave. En effet, Best Of A Bad Situation, et son entrain joyeux à la Bon Jovi, ou même le morceau-titre ne brillent pas spécialement par leur science d'écriture.
Wolfmother paraît obsédé par l'esthétisme indie rock mais cet habit de lui convient pas. Même la production de Brendan O'Brien est hors sujet ici. Trop propre, trop de batterie, pas assez d'aigus dans les cris de guitare : elle applique la formidable recette de l'Américain sur un groupe inadéquat. La greffe ne prend pas.
Il reste néanmoins quelques relents d'une époque ancienne. Il faut dire qu'après un New Crown expérimental, Stockdale exprimait l'envie de revenir aux racines du groupe, à l'époque où il ornait son LP d'une superbe illustration signée Frank Frazetta. Gypsy Caravan, seul morceau issu d'une collaboration dans la composition, empile les riffs et plans intéressants dans un carcan toujours concis : l'efficacité redoutable du morceau rappelle forcément Black Sabbath ou Kyuss et on en redemande. Heureusement, ses deux successeurs permettent de former un trio de qualité pour clore Victorious. Happy Face, le moment le plus stoner de la galette, n'a rien de transcendant mais le refrain soigné remporte l'adhésion. Quant à Eye of the Beholder, il ne s'agit point d'une reprise de Metallica mais d'une chanson rondement menée au riff diablement bien trouvé. Elle prouve, avec sa partie instrumentale qu'on n'attendait plus, que Wolfmother peut encore être un minimum heavy quand il s'en donne les moyens.
De l'autre côté de la tracklist, on trouve The Love That You Give, seul instant du disque qui réussit à combiner pop et rock. Les lignes vocales renvoient étrangement vers The Mars Volta tandis que l'ambiance générale, vive et positive, nous remplit d'énergie. Mais voilà, on en revient toujours au même problème : nous n'attendons pas de Wolfmother de la musique guillerette mais un déchaînement de reverb, une avalanche de riffs, un fatras de soli vrombissants, un terreau d'acouphènes... Avec des compositions « grand public » aussi faibles, Andrew Stockdale ne pourra jamais rivaliser avec les gros vendeurs de disques. Il ferait donc mieux de se concentrer sur son affiliation spirituelle avec Robert Plant et réorienter ses compositions sur ce qu'il sa(va)it faire de mieux : un rock libéré fun et gras où les idées fusent tous azimuts.
Discographie :
Wolfmother (2005)
Cosmic Egg (2009)
New Crown (2014)
Victorious (2016)
Tracklist de Victorious (en gras les morceaux essentiels) :
1. The Love That You Give 2:38
2. Victorious 4:24
3. Baroness 3:15
4. Pretty Peggy 3:49
5. City Lights 3:51
6. The Simple Life 3:12
7. Best of a Bad Situation 3:07
8. Gypsy Caravan 3:34
9. Happy Face 3:31
10. Eye of the Beholder 3:59
Wolfmother - Victorious
UMe
www.wolfmother.com
- Forum groupes/Artistes
- Wolfmother 101
Vos commentaires
Écrire un commentaire