Juste à temps pour les fêtes de fin d’année, le nouvel album de Trans-Siberian Orchestra se positionne comme le cadeau parfait des hard rockers pour leur famille. Depuis son succès-surprise il y a près de vingt ans en marge du groupe des frères Oliva, le projet de Paul O’Neill n’a fait que surenchérir dans la grandiloquence jusqu’à un concert à deux têtes avec un Savatage reformé sur la double scène du Wacken Open Air en Allemagne. Letters From The Labyrinth crée une sorte de rupture avec les albums précédents : plus intime, plus libre, car non-axé sur un thème unique, et plus divertissant, il souhaite retrouver une dynamique que le groupe, depuis le superbe Beethoven's Last Night, ne semble plus capable d’afficher en dehors du live.

2015 aura été une année importante dans l’histoire de la grande famille Paul O’Neill / Jon Oliva. Mis à part le concert historique au Wacken et le sixième album de Trans-Siberian Orchestra, on retiendra la reformation de Savatage qui devrait en toute logique déboucher sur de la nouvelle musique. Depuis 2001, en dehors de quelques side projects ou albums solo, toutes les idées créatives sont orientées vers Trans-Siberian Orchestra. Et quoiqu’on en dise, malgré des ressemblances parfois troublantes, Trans-Siberian Orchestra n’est pas Savatage. Tout au plus en est-il une version édulcorée ayant troqué la hargne du chant de Jon Oliva contre des chorales gentillettes, les soli épiques de guitare contre d’interminables abécédaires de la musique classique pour les nuls et les concepts à plusieurs niveaux de lecteurs contre des histoires simplettes pour enfants.

Letters From The Labyrinth n’est finalement pas si différent que ce que l’on connaissait déjà. Il voit souvent le groupe se perdre sur de longues plages instrumentales. Soutenues par une mise en scène live, celles-ci tiennent la route mais dans le cadre plus personnel d’une écoute à domicile elles n’ont rien de réjouissant. Pire, quand elles ne sont pas directement inspirées de Beethoven ou de compositeurs russes, elles rappellent en tout point d’autres mélodies disséminées sur les cinq galettes précédemment commercialisées. L’album tente de nous réveiller sans cesse par des rythmiques bondissantes mais ces mélodies sur ressorts n’ont pas de quoi faire palpiter un mort.

Seules les interventions de Jeff Scott Soto et Russel Allen fendent le brouillard trop épais de l’ennui. Le premier sur Prometheus, titre balisé par excellence avec les influences beethoveniennes  et la seconde partie marqué par un rock plus frontal. Agréable, ce titre l’est surtout en comparaison du reste. Heureusement, les choses s’améliorent nettement avec Not Dead Yet où Russell Allen fait un malheur dans un registre entre ceux de Jon Oliva et d’un bluesman ravagé par le whiskey. A mi-chemin, le morceau pivote, comme dans les meilleurs rock operas, et on a droit à un groove bien senti soutenu par des cuivres. Passé ce moment étonnant aussitôt, Letters From The Labyrinth se rendort : Past Tomorrow, Not The Same (co-écrit par la fille de Paul O’Neill) ou Stay sont même des feux d’artifices de guimauve.

Peut-être que les titulaires du Trans-Siberian Orchestra ont déjà les yeux tournés vers Savatage mais ne pas arriver à faire mieux que Night Castle, six ans plus tard, est relativement inquiétant. Sans chanson de Noël, Letters From The Labyrinth ne peut même pas compter sur ce registre commercial pour facilement satisfaire les fans… Oublions vite ce naufrage et passons à une suite qu’on espère plus excitante.


Discographie :
Christmas Eve and Other Stories (1996)
The Christmas Attic (1998)
Beethoven's Last Night (2000)
The Lost Christmas Eve (2004)
Night Castle (2009)
Letters From the Labyrinth (2015)

Tracklist de Letters From The Labyrinth (en gras les morceaux essentiels) :
1.    Time and Distance (The Dash)               3:44
2.    Madness of Men (instrumental)             4:10
3.    Prometheus              3:39
4.    Mountain Labyrinth (instrumental)             3:15
5.    King Rurik (instrumental)             3:31
6.    Prince Igor (instrumental)             3:04
7.    The Night Conceives          3:38
8.    Forget About the Blame (Sun Version)    4:15
9.    Not Dead Yet          3:28
10.    Past Tomorrow          3:22
11.    Stay (Savatage remake)        2:58
12.    Not The Same          3:41
13.    Who I Am               2:49
14.    Lullaby Night (instrumental)             2:44


Trans-Siberian Orchestra - Letters From The Labyrinth
Republic Records
www.trans-siberian.com

Trans-Siberian Orchestra - Letters From The Labyrinth