Soulfly ouvre les hostilités avec We Sold Our Souls To Metal. Point de reprise de Manowar ici mais un morceau tout de même assez cliché où le refrain ne peut éviter de faire sourire par sa naïveté. Néanmoins, avec toutes ses années de services, Cavalera possède la légitimité pour s’ériger en porte-étendard du metal. Agressive et rapide, cette chanson résume assez mal ce qui va suivre. Soulfly, depuis Savages, semble avoir pris un tournant plus atmosphérique et sombre. Les influences punk et néo ne représentent plus qu’un tout petit pourcentage des éléments inclus sur l’album. Le groupe garde son impeccable concision mais cherche une sorte de nouvelle voie.
En effet, Shamash en faisant cohabiter des parties extrêmement thrash et furieuses avec un refrain mystique nous prend à contrepied au moment où Archangel commençait sévèrement à pioncer. Titans suit aussi d’une certaine façon ce patron. Plus surprenants encore que ces deux titres sont les cuivres sur Bethlehem’s Blood. Max Cavalera a toujours été plus subtil qu’on veut bien l’admettre et ces quelques incursions dans de nouvelles directions le poussent à toujours donner le meilleur de lui-même dans la composition, ne serait-ce que dans des nuances ou des transitions entre deux riffs taillés pour les mosh pits. Toutefois, la majorité du temps, il se contente d’encaisser les dividendes de ses succès passés : Archangel, Sodomites, Ishtar Rising ou Deceiver sont des parangons de la méthode Soulfly.
Et c’est là qu’on touche toute la limite de ce dixième album studio. Nous sommes tous bien trop habitués à Max Cavalera pour crier au génie. Dans le même temps, nous sommes bien trop conscients de la qualité de ses réalisations pour tirer la sonnette d’alarme. Plus que la musique elle-même ce sont les habitudes persistantes qui énervent : les guests systématiques (Todd Jones et Matt Young notamment pour ce millésime), les paroles de très faible niveau et la présence, certes en bonus track depuis quelques années, de l’éternel instrumental folklorique en conclusion d’album. Cavalera enquille les albums avec différents projets - Archangel est son quatrième LP depuis mi-2013 et les sorties successives de Savages, Pandemonium (Cavalera Conspiracy) et les débuts éponymes de Killer Be Killed - et cette abondance ne facilite pas la créativité ou les remises en question.
Heureusement avec trente-cinq minutes de durée et ses belles variations de tempo, Archangel n’a pas l’occasion de réellement agacer. Cavalera a besoin d’une pause, ou d’une longue tournée, pour repartir du bon pied et bâtir sur les atouts proposés par son line-up actuel, où son fils se démène comme son oncle à la batterie.
Line-up :
Max Cavalera (chant+guitare)
Marc Rizzo (guitare)
Tony Campos (basse)
Zyon Cavalera (batterie)
Discographie :
Soulfly (1998)
Primitive (2000)
3 (2002)
Prophecy (2004)
Dark Ages (2005)
Conquer (2008)
Omen (2010)
Enslaved (2012)
Savages (2013)
Archangel (2015)
Tracklist de Archangel (en gras les morceaux essentiels) :
1. We Sold Our Souls to Metal 3:00
2. Archangel 4:47
3. Sodomites (featuring Todd Jones) 3:55
4. Ishtar Rising 2:45
5. Live Life Hard! (featuring Matt Young) 3:56
6. Shamash 3:48
7. Bethlehem's Blood 4:18
8. Titans 4:44
9. Deceiver 2:44
10. Mother of Dragons (featuring Richie Cavalera, Igor Cavalera Jr. and Anahid M.O.P.) 2:41
Soulfly - Archangel
Nuclear Blast
www.soulfly.com