Nightwish - Endless Forms Most Beautiful

Ne tournons pas autour du pot. Point de rupture ici. Endless Forms Most Beautiful est dans la droite lignée d’Imaginaerum. Contrairement aux attentes, Floor Jansen chante dans un créneau finalement plus proche de celui d’Olzon que celui qu’on lui connaissait. On peut supposer que cela vienne de la manière dont Holopainen la guide. Difficile de faire la fine bouche car elle fait du meilleur travail que la Suédoise, même son propre terrain. Et quand on connaît ses qualités exceptionnelles sur scène et sa capacité à chanter avec conviction les morceaux de la période Turunen, on se dit que Nightwish a eu du nez de passer à une v.3.

Et pour marquer le coup, quelle meilleure idée que de s’offrir les services d’un narrateur vedette ? Manowar a eu Orson Welles, Rhapsody Of Fire, Christopher Lee, désormais on associera Nightwish à Richard Dawkins. Et ce dernier, en seulement quelques mots lâchés sur Shudder Before The Beautiful et The Greatest Show On Earth, parvient à se sortir de ce périlleux exercice sans penser à une future casserole. Il faut dire qu’il est employé sur deux des titres-phares du disque. L’ouvreur délivre tambour battant des mélodies majestueuses, palette complète des capacités de Jansen, où tous les ingrédients du Nightwish moderne sont présents. En fin de disque, The Greatest Show On Earth déploie sur vingt-quatre minutes tout son savoir-faire. Mais en dehors des sublimes deux premières parties et d’un échange vocal musclé sur The Toolmaker, ce morceau-fleuve, dont la conclusion est interminable, n’évite pas l’ennui sur la durée.

En quête d’équilibre, Nightwish axe aussi son propos sur des chansons assez faciles. Le premier single, Elan, est plaisant mais relève plus du plaisir coupable qu’autre chose. Avec une ligne de folk dansant, c’est la définition de la chanson d’appel destinée à intriguer les masses sur un groupe affilié à la scène metal : « Tiens, mais finalement c’est pas si violent que ça le metal ! » Malgré une belle présence globale des guitares sur Endless Forms Most Beautiful, il faut reconnaître que Nightwish a mis beaucoup d’eau dans son vin. Le chant masculin en particulier est devenu tellement poli qu’on ne le remarque presque plus (Yours Is An Empty Home, My Walden). Edema Ruh et Our Decades In The Sun, à l’exception des parties musclées par Vuorinen, sont même carrément indigestes.

Quant aux éléments orchestraux et autres chorales, on n’a arrêté de tout compter. Les scandinaves ne se posent même plus la question de doser : tout y va au chausse-pied. Il s’en faut souvent de peu pour éviter l’excès et les effets kitchs avec un trop-plein de binious et d’instruments à cordes. Mais l’expérience de Holopainen, combinée à sa science quasi cinématique du tracklist, lui permet d’éviter les pièges trop évidents et de nous offrir un nouveau voyage symphonico-metal de toute beauté.
 

Line-up :
Tuomas Holopainen (claviers)
Emppu Vuorinen (guitare)
Jukka Nevalainen (batterie)
Marco Hietala (basse+chant)
Troy Donockley (divers instruments+chant)
Floor Jansen (chant)

Discographie :
Angels Fall First (1997)
Oceanborn (1998)
Wishmaster (2000)
Century Child (2002)
Once (2004)
Dark Passion Play (2007)
Imaginaerum (2011)
Endless Forms Most Beautiful (2015)

Tracklist de Endless Forms Most Beautiful (en gras les morceaux essentiels) :
1.    Shudder Before the Beautiful      6:29
2.    Weak Fantasy  5:23
3.    Élan      4:45
4.    Yours Is an Empty Hope    5:34
5.    Our Decades in the Sun     6:37
6.    My Walden     4:38
7.    Endless Forms Most Beautiful      5:07
8.    Edema Ruh      5:15
9.    Alpenglow      4:45
10.    The Eyes of Sharbat Gula    6:03
11.    The Greatest Show on Earth 24:00
I. Four Point Six (5:47)
II. Life (5:05)
III. The Toolmaker (6:22)
IV. The Understanding (3:00)
V. Sea-Worn Driftwood (3:48) 

Nightwish - Endless Forms Most Beautiful
Nuclear Blast
www.nightwish.com