Mais comme tous les grands artistes, Leonard Cohen ne donne jamais complètement deux fois le même concert et les interprétations toutes en nuances et en clins d’œil de ses plus grands morceaux le confirment. La voix du septuagénaire parvient encore à gagner en expressivité et les longs mois de tournée semblent avoir eu l’effet d’un bénéfique échauffement sur ses automatismes de frontman : il capte autant l’attention par la classe de sa silhouette que par le charisme de son regard ou que par la profondeur de sa voix. Autant dire qu’il ne manque pas d’atouts.
Les chansons, elles, sont intactes bien qu’arrangées souvent différemment par un line-up de neuf musiciens et choristes. Malgré cet ensemble conséquent, les subtilités dépouillées des premiers titres du Monsieur sont préservées et même mises en valeur sur des classiques que l’on croyait inchangeables tels que « Suzanne » ou « Who By Fire ». « Bird On A Wire », « Dance Me To The End Of Love », « Famous Blue Raincoat » ou « So Long Marianne » provoquent pour leur part toujours autant d’émois tant la justesse des textes se combine merveilleusement à des arrangements folk / jazz intelligemment pensés.
Aucun grain de sable ne vient perturber l’implacable mécanique d’un artiste ne se cachant pas d’être sorti de sa retraite bouddhiste pour des raisons pécuniaires, pas même une interprétation d’ « Hallelujah » forcément en deçà de celle de l’immense Jeff. Le contentement du public à la sortie du concert se sentait aisément et il semblait n’avoir qu’une idée en tête : revoir le Live In London le plus rapidement possible. Qu’importe si ce DVD possède une image sale et un format passéiste, ce serait comme s’attendre à du Michael Bay en allant voir un Woody Allen. Le propos demeure ailleurs et tout le monde l’a bien compris, même Kelley Lynch qui, en voyant le retour fracassant de son ancien poulain doit se dire que, d’une certaine façon, le crime paie…
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