Iron Maiden, l'album épique

Quoiqu’on puisse penser de The Final Frontier, on saluera les ajustements de son effectués çà et là. Ils donnent au disque l’envergure dont il a besoin. En effet, Iron Maiden ne se satisfait plus uniquement de ses fameuses rythmiques et ses leads connus de tous puisque par instants on jurerait entendre le groupe jammer (Starblind ou Isle Of Avalon, en particulier) ! Et ceux qui sont familiers avec l’extrême rigueur – pour ne pas dire rigidité – avec laquelle sont joués les concerts savent que Iron Maiden n’est pas vraiment du genre à se lancer dans des passages instrumentaux à la Allman Brothers Band. Pourtant, lorsque la moitié des titres d’un album durent plus de huit minutes, on se doit de penser ses compositions différemment.

C’est pourquoi l’intro Satellite 15, qui voit le combo partir en mode sans gravité, est si efficace : elle ne sonne comme aucun titre de la Vierge de Fer et fait passer les compositions de The X Factor pour des odes à la joie. Du coup, après quatre minutes, dès que The Final Frontier commence, on est saisi au vif par le tranchant des guitares, la précision de la paire Harris / Mc Brain et ce diable inusable de Dickinson, bref par tout ce qui a construit la légende du sextette. Les forces du groupe nous ont longtemps semblées comme acquises et l’absence de mise en valeur les faisait passer inaperçues disque après disque. The Final Frontier ne surpasse pas intrinsèquement ses trois prédécesseurs ; il est juste plus malin dans ses constructions et la façon dont il nous rappelle l’importance de « l’héritage Maiden ».

Dans le processus, Steve Harris, qui co-écrit tous les morceaux du disque comme sur A Matter Of Life And Death, se débarrasse des singles poubelles qui décrédibilisent souvent nos métalleux préférés depuis No Prayer For Dying. El Dorado et The Final Frontier ne figurent peut-être pas parmi les références de ce quinzième opus mais ils sont bien loin du faible niveau d’un Holy Smoke, Different World ou The Wicker Man, sitôt commercialisés, sitôt oubliés. The Final Frontier gagne ses lettres de noblesse avec les mastodontes de métal progressif sévissant au cours de cette heure et quart de musique.



Kevin Shirley, connu pour ses collaborations passées avec Dream Theater, doit certainement avoir sa part de responsabilité dans cette nouvelle direction si bien assumée et interprétée mais les morceaux ne mentent pas : ils sont pétris de qualités. Isle Of Avalon, Starblind et When the Wild Wind Blows contiennent plus de surprises que les trois derniers albums réunis et aucune ne se révèle mauvaise. Ceux qui goûtent plutôt le Maiden concis apprécieront l’admirable Coming Home et son refrain ineffaçable. Alors qu’on pensait les employeurs d’Eddie imperméables à la remise en question, on est servi par ce disque figurant parmi les plus difficiles d’accès de leur discographie. Si le groupe voulait s’arrêter en beauté, il n’y aurait pas de meilleur moment que maintenant.

Line-up :
Bruce Dickinson (chant)
Dave Murray (guitare)
Adrian Smith (guitare)
Janick Gers (guitare)
Steve Harris (basse)
Nicko McBrain (batterie)

Discographie :
Iron Maiden (1980)
Killers (1981)
The Number of the Beast (1982)
Piece of Mind (1983)
Powerslave (1984)
Somewhere in Time (1986)
Seventh Son of a Seventh Son (1988)
No Prayer for the Dying (1990)
Fear of the Dark (1992)
The X Factor (1995)
Virtual XI (1998)
Brave New World (2000)
Dance of Death (2003)
A Matter of Life and Death (2006)
The Final Frontier (2010)

Tracklisting de The Final Frontier (en gras les morceaux essentiels) :
1. Satellite 15... The Final Frontier 8:40
2. El Dorado 6:49
3. Mother of Mercy 5:20
4. Coming Home 5:52
5. The Alchemist 4:29
6. Isle of Avalon 9:06
7. Starblind 7:48
8. The Talisman 9:03
9. The Man Who Would Be King 8:28
10. When the Wild Wind Blows 11:01


Iron Maiden – The Final Frontier
EMI
www.ironmaiden.com