Green Day au Trabendo, un live intimiste

Scindé en deux, le set proposé ce soir-là mettra initialement l’accent sur le nouvel opus en balayant les deux tiers des titres. Tout le public les découvre d’où des réactions très timorées. Une chose apparaît pourtant comme certaine dès à présent : Billie Joe Armstrong reste obsédé par The Who et Queen. Les arrangements des nouveaux titres et son attitude de trublion sur scène en font un mélange emo friendly (et maquillé) de Pete Townshend, Roger Daltrey et Freddie Mercury. Malheureusement pour lui, sa technique assez limitée lui empêche de donner aux compositions l’envol musical et vocal dont elles ont cruellement besoin. Chaque intervention de piano, chaque plan de guitare « classic rock », chaque intro acoustique, chaque couplet un peu trop gentillet fait retomber la puissance invoquée par les chansons plus directes et moins prises de tête.

Une écoute de l’album a posteriori confirme cela. « Viva La Gloria », « Before The Lobotomy », « Last Night On Earth » sont autant de titres qui manquent leur propos et plongent dans l’ennui le plus total, surtout comparés aux montagnes russes d’émotion que constituaient les différents mouvements d’American Idiot. Tout le contraire d’un final d’album en apothéose avec « 21 Guns » (sûrement l’unique futur tube radio du disque avec peut-être « The Last Of The American Girls » et son refrain suffisamment entêtant pour réussir) et le dément « American Eulogy », seule promesse tenue de punk rock énergique. Hasard ou non, ce fut également le seul moment de vie dans cette première partie de concert où Mike Dirnt prit le micro pour seconder Billie Joe sur « Modern World ».

Lorsque Green Day revient sur scène pour jouer quarante minutes de chansons en plus, on attend les hits. Et on sera servi sans prélude. « American Idiot », l’excellentissime « Jesus Of Suburbia », « Basket Case » et « Longview » (l’occasion pour un membre du public de saccager un couplet sur scène) sont assénés coup sur coup et l’on constate alors que tout ce que 21st Century Breakdown contient a déjà été traité en mieux par le trio. Pour un groupe qui a toujours été de l’avant, on reste relativement surpris. Heureusement, le spectacle est assuré. Malgré le cadre intimiste d’une salle comme le Trabendo, Green Day ne semble pas à l’étroit pour déployer son artillerie lourde : des « hey ho » systématiques, une connivence sympathique entre les membres du groupe et leurs requins de scène, une interaction avec le public un peu prévisible mais fondamentalement sincère, etc.

Au final, on sera satisfait de la prestation livrée par le groupe mais assez déçu du contenu de l’album qui s’aventure cette fois-ci sans grande réussite en dehors d’un territoire conquis d’avance. De quoi remettre Green Day et son mentor Billie Joe Armstrong en ordre de marche pour se poser les bonnes questions et nous pondre un successeur aussi innovant que Dookie et American Idiot.


  Line-up
Billie Joe Armstrong (chant, guitare)
Mike Dirnt (basse)
Tré Cool (batterie)

Tracklist de 21st Century Breakdown
1. Song of the Century 0:58
Act I: Heroes and Cons
2. 21st Century Breakdown 5:09
3. Know Your Enemy 3:11
4. ¡Viva la Gloria! 3:31
5. Before the Lobotomy 4:37
6. Christian's Inferno 3:07
7. Last Night on Earth 3:57
Act II: Charlatans and Saints
8. East Jesus Nowhere 4:35
9. Peacemaker 3:24
10. Last of the American Girls 3:51
11. Murder City 2:54
12. ¿Viva la Gloria? (Little Girl) 3:48
13. Restless Heart Syndrome 4:20
Act III: Horseshoes and Handgrenades
14. Horseshoes and Handgrenades 3:14
15. The Static Age 4:17
16. 21 Guns 5:21
17. American Eulogy (A. Mass Hysteria / B. Modern World) 4:26
18. See the Light 4:36

Discographie
1039/Smoothed Out Slappy Hours (1990)
Kerplunk (1992)
Dookie (1994)
Insomniac (1995)
Nimrod (1997)
Warning (2000)
American Idiot (2004)
21st Century Breakdown (2009)


Green Day – 21st Century Breakdown
Reprise
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