Gojira a semble-t-il voulu positionner son album différemment des autres. Les chansons, plus courtes, plus directes, sont bâties sur moins de complexité qu’à l’habitude. Certes, comme sur le morceau-titre, on a toujours droit à quelques saillies instrumentales où l’on est bercé/malmené par des rythmiques quasi tribales mais l’ensemble est définitivement placé sous le signe de l’efficacité. Un peu comme si Soulfly s’était racheté un intellect.
En dépit d’un format plus concis, Magma utilise le prog’ à fond. Pray est un bel exemple, qui rappelle les quelques incursions en territoires atmosphériques de Strapping Young Lad tandis que Low Lands est le moment le plus chargé en émotions du disque, où paroles et musique s’unissent brillamment pour créer une plage envoûtante, tour à tour dérangeante et sublime. Les plus perspicaces remarqueront que le chant est plus doux qu’à l’accoutumée. En fait, il est parfaitement clair et cela Gojira ne l’avaient jamais fait.
Gojira emploie également le chant clair sur des morceaux plus metal. The Shooting Star, construit autour d’un riff perdu entre Pantera et Metallica, développe un groove intraitable et tient son sujet avec maîtrise jusqu’au finale mélodique. Problème : Joe Duplantier n’est pas un grand vocaliste. Son ton désincarné fait penser à un drone chanteur. A côté de lui les premiers pas de Mastodon dans ce créneau font figure de référence, c’est dire. En dehors de The Shooting Star, les compositions pâtissent fortement de ce niveau particulièrement moyen derrière le micro. C’est d’autant plus frustrant que les passages criés sont eux toujours aussi bon et se marient très bien aux nouveaux types de riff proposés. Il faut à l’avenir soit rectifier le tir soit trouver un moyen de se remotiver à l’approche extrême.
Autre déconvenue : les deux pistes instrumentales, Yellow Stone et Liberation, qui – chose exceptionnelle – parviennent à être plus ennuyeuses qu’une outro d’album de Soulfly et un passage transitoire issu de 10,000 Days. Heureusement, elles sont faciles à ignorer et le reste du disque demeure suffisamment imparable pour compenser. La force brute de Silvera, le contrasté Magma, le furieux The Cell… Magma a un nombre très élevé d’arguments sachant qu’il ne contient que huit véritables chansons. Bien que nous n’ayons jamais eu vraiment peur pour le meilleur représentant metal français, ce disque soulage en démontrant la capacité de réinvention du quartette. En toute logique, et malgré les qualités de Magma, on sera donc encore plus nombreux à attendre son successeur.
Discographie :
Terra Incognita (2001)
The Link (2003)
From Mars to Sirius (2005)
The Way of All Flesh (2008)
L'Enfant Sauvage (2012)
Magma (2016)
Tracklist de Magma (en gras les morceaux essentiels) :
1. The Shooting Star 5:42
2. Silvera 3:33
3. The Cell 3:18
4. Stranded 4:29
5. Yellow Stone 1:19
6. Magma 6:42
7. Pray 5:14
8. Only Pain 4:00
9. Low Lands 6:04
10. Liberation 3:35
Gojira - Magma
Roadrunner
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Le coup de la whammy, çà loche ;)