En plus de jouer merveilleusement de ses instruments, Ben Harper peut se targuer de bien les connaître. Tout le monde connaît le folk singer de talent, mais beaucoup ignorent sa passion précoce pour la lutherie. Retour sur ses jeunes années d’apprenti luthier.
Le père ayant déserté le foyer conjugal, la mère étant occupée, il restait les grands-parents, auprès duquel Ben trouvera plus qu’un simple refuge, et son beau-père, Jan Verdries qui, au plus grand bonheur du garçon, tenait un magasin de musique, le Folk Music Center. Si sa vocation s’est révélée dans le placard de sa grand-mère paternelle, il ne pouvait exister de meilleur endroit pour progresser que le magasin magique où se sont croisés tous les musiciens de la région. Parmi eux, David Lindley, guitariste slide qui joue de tous les instruments à cordes. Ben avait l’habitude, étant enfant, de le suivre en concert. Plus tard, c’est à lui qu’il demandera de jouer sur « In The Lord’s Arms », titre qui clôt l’album Burn To Shine. Il croise aussi Chris Darrow, auteur de « Whipping Boy », un titre qu’il reprend sur les albums Pleasure And Pain et Welcome To The Cruel World. Darrow était dans la même école que la mère de Ben, et il acheta sa première guitare au Folk Music Center.
Ben choisit très vite pour terrain de jeu favori la boutique de son grand-père. À la fin de ses études, il y passe des heures, au milieu des objets folkloriques savamment disposés sur les murs et des instruments acoustiques méconnus – guitares Weissenborn, dobros, dulcimers, luths – qu’il s’attachera à réhabiliter tout au long de sa carrière musicale.
Avant de jouer de la guitare, Ben a appris à en aimer le bois. À les réparer. À les fabriquer. Dans l’arrière-boutique, il passe le plus clair de son temps à restaurer de vieux instruments. Charles Chase, son grand père, décédé en mai 2004, évoquait cette période avec émotion : « Il a travaillé ici pendant cinq ans. Il est devenu un expert en restauration de guitares. Il est devenu si bon que des professionnels lui confiaient leurs instruments. Quand il avait fini de les réparer, il devait les essayer pour être sûr qu’ils sonnaient bien. Rapidement, le temps qu’il consacrait à les essayer est devenu plus long que celui passé à la réparation. Alors un jour il a arrêté et il est parti. » Mais le lien de Ben Harper avec le Folk Music Center n’a jamais été brisé : des années plus tard, il rachètera le magasin à ses grands-parents pour s’assurer qu’il reste dans la famille et qu’il vive encore longtemps pour les générations à venir.
Une autre personne va beaucoup lui apprendre du métier de luthier :
Jack Willock. Un maître d’autant plus remarquable que celui-ci
a travaillé chez Gibson dans les années 1940. Quand Ben
arrêtera la lutherie, il connaîtra les guitares sur le bout
des doigts. Bien qu’il soit avare de paroles quand on le questionne
sur le sujet, il avoue que, de temps à autre, il aide encore au
magasin comme il peut, il ouvre le ventre de quelques instruments, en
accorde d’autres, au cas où un client arriverait. Pour retrouver
ses marques d’adolescent. Il sent bien néanmoins que le temps
a passé et qu’il a définitivement quitté le
nid douillet du Folk Music Center. Ben témoigne : « J’étais
incroyablement méticuleux. Si on m’apportait une guitare
ébréchée, j’étais capable de travailler
plusieurs nuits dessus, jusqu’à ce que la réparation
soit parfaitement invisible. J’ai même réparé
une guitare qui était passée sous un camion. J’étais
un artisan passionné, c’était ma vie et j’ai
beaucoup de mal à m’en passer aujourd’hui. Parfois,
lorsque c’est plus fort que moi, je retourne à la boutique,
juste pour toucher le bois des guitares et des mandolines. Je suis un
musicien privilégié puisque je connais parfaitement les
instruments sur lesquels je joue. J’ai construit certaines de mes
guitares moi-même, ce sont mes enfants. »
Son ami Patrick Brayer, qui lui a fait faire ses débuts, évoque
l’image de Ben, réparant des cithares dans l’atelier
de ses grands-parents et surgissant de temps en temps dans la boutique,
les cheveux pleins de sciure : « Il restaurait les instruments
que j’avais dénichés aux puces mais refusait toujours
que je le paie. Il lui est même arrivé de décrocher
une guitare du mur du Folk Music Center pour me l’offrir, simplement
parce que j’admirais le motif psychédélique de la
plaque de protection. »
Si l’histoire complète vous intéresse, vous pouvez lire Ben Harper en live chez Flammarion, première monographie illustrée consacrée à ce guitariste atypique.
Légendes :
1.Certaines des guitares de Ben harper sont si précieuses qu’il
refuse de les laisser dans la soute à bagages et les fait voyager
avec lui dans l’avion. Le gardien de ces joyaux est le fidèle
Randy Freedman, son « guitar tech » qui est chargé
de leur entretien (accordage et changement des cordes) et qui les apporte
à Ben sur scène.
2.Avant chaque concert, il dispose les guitares selon leur « ordre
d’apparition » sur scène. Ici, à la Maison
de la radio en 2004, de gauche à droite : deux Weissenborn
style 4, une guitare électrique lap steel Justin Sain, une guitare
australienne semi-acoustique lapsteel Maton, une guitare électrique
lapsteel Cole Clark, une Weissenborn Teardrop, une Maton Dreadnought CW80,
une Cole Clark Dreadnought FL2 Fat Lady, une Asher Telecaster custom,
une Gibson Les Paul Special 1950’s,
une Cole Clark Custom Carve Top Mastersound, une Cole Clark Mastersound
MS.
La Martin HM Target, la signature Ben Harper
Annoncée depuis le début de l'année 2008, une guitare signature Ben Harper a vu le jour sous le couvert de la très celèbre marque Martin. Une nouvelle intéressante si on en juge par l'intérêt que Ben Harper peut avoir pour les guitares de qualité et d'exception. Pas encore disponible en France, nous avons quand même pu avoir le privilège d'y poser quelques notes. Sans aucun doute, Martin restera pour encore des années (la marque fête cette année ses 175 ans) l'un des leader de la guitare acoustique haut de gamme.
Il serait bien présomptueux de pouvoir donner un véritable avis sur un instrument aussi riche en aussi peu de temps, mais les quelques dizaines de minutes que nous avons pu passer en sa présence ont été impressionnantes. L'espace dans lequel nous avons joué était extrêmement grand et aéré, et ne permettait pas au son acoustique de rebondir où que ce soit. Et pourtant la projection et la précision du son de la HM Target est incroyable ! On en attendait pas moins de cette marque et de l'artiste qui inspira ce modèle. Il faut préciser que la HM Target a été développée sur les bases d'une HD-28VE et couplée avec la profondeur des caisses 000 de chez Martin. La finition est à la hauteur de la réputation de la marque : indiscutablement belle !
En attendant de vous fournir un banc d'essai plus important et consistant,
voici les quelques photos de la belle prise lors du salon de la musique
de Francfort en mars dernier.
K. C.
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