Il ne fait pas les choses à moitié sur la première moitié de l’album. Les titres s’enchaînent, majestueux et implacables, de Under The Red Cloud à Death Of A King. On découvre, derrière le style à présent bien rodé, quelques surprises comme un piano aérien ou une flûte sauvage. Mais, malgré ces initiatives, ce sont bien les leads de guitare et la dynamique chant clair/growls qui donnent aux compositions d’Amorphis toute leur vigueur. Quand le groupe est inspiré, rien ne semble pouvoir l’arrêter.
L’ouvreur assaillit l’auditeur de toute part tout en ménageant un fort aspect mélodique… The Four Wise Ones, sous couvert d’un riff à la Hypocrisy, verse dans un folklore sombre et hypnotique jusqu’à un crescendo dévastateur… Bad Blood évite la reprise de Taylor Swift et lui préfère des rythmiques bondissantes parfaitement relayées par un Tomi Joutsen irréprochable... The Skull et son approche plus directe est tout aussi séduisant… Death Of A King, grâce à une flûte ravageuse et des percussions signées Matin Lopez (ex-Opeth), se fraye un chemin parmi les classiques du groupe… On ne sait plus où donner de la tête tellement c’est bon !
Et puis les choses se gâtent. Avec Sacrifice, on se rend compte que le groupe n’est parfois pas loin de tomber dans une routine mécanique. L’Amorphis « moderne » tire les mêmes ficelles, tantôt mettant un peu plus de growls, tantôt axant un peu plus sur le chant, sur des un fond sonore interchangeable. Il se dégage de ce fait une certaine répétitivité surtout lorsqu’on se rappelle bien des chansons écrites pour les cinq précédents albums. Heureusement, on ne peut pas accuser les Finlandais de se livrer à moitié. L’envie est palpable chez chacun des six musiciens et leur expressivité est un bonheur fou à entendre.
En fin d’album, l’intérêt se ravive sur Tree Of Ages, perdu quelque part entre Finntroll et Blackmore’s Night. Rarement Amorphis aura-t-il été aussi directement folklorique et, oserait-on dire, festif. Cela lui va plutôt bien et on se prend à imaginer d’autres morceaux dans cette lignée. Enfin, le bien nommé White Night fait place à l’émotion. Chant féminin, guitares et claviers atmosphériques, batterie en sous-régime : ce ne sont pas les ingrédients nordiques habituels mais ça fonctionne tout aussi bien. Tomi Joutsen possède une voix tellement forte pour passer d’un registre à l’autre que le groupe peut se frotter à tout sans risque de se planter. Amorphis n’est pas prêt de s’en aller alors profitez de Under The Red Cloud, une des sorties metal les plus marquantes de l’année.
Line-up :
Tomi Joutsen (chant)
Tomi Koivusaari (guitare)
Esa Holopainen (guitare)
Santeri Kallio (claviers)
Niclas Etelävuori (basse)
Jan Rechberger (batterie)
Discographie :
The Karelian Isthmus (1992)
Tales from the Thousand Lakes (1994)
Elegy (1996)
Tuonela (1999)
Am Universum (2001)
Far from the Sun (2003)
Eclipse (2006)
Silent Waters (2007)
Skyforger (2009)
The Beginning of Times (2011)
Circle (2013)
Under the Red Cloud (2015)
Tracklist (en gras les morceaux essentiels) :
1. Under The Red Cloud 5:33
2. The Four Wise Ones 4:40
3. Bad Blood 5:23
4. The Skull 5:04
5. Death Of A King 5:14
6. Sacrifice 3:56
7. Dark Path 5:08
8. Enemy At The Gates 5:07
9. Tree Of Ages 4:36
10. White Night 5:15
Amorphis – Under The Red Cloud
Nuclear Blast
www.amorphis.net