Avec Napster, puis Audiogalaxy, Kazaa et bien d’autres logiciels d’échange en peer-to-peer, le téléchargement gratuit de musique et la copie de CD ont fini par s’imposer auprès des internautes, au point de représenter une menace aux yeux de la plupart des professionnels.
C’est pourquoi plusieurs organismes rassemblant auteurs, éditeurs ou magasins de disques (SACEM, SNEP, CSDEM, SDSD, etc.) ont lancé le site Pro-Music France. Destiné au grand public, il espère encourager chacun à défendre les artistes en achetant leurs albums plutôt qu’en téléchargeant leurs chansons sans mettre la main à la poche.
D’après une étude Informa Media, les ventes de CD ont chuté de 8% en 2003 par rapport à l’an passé au niveau mondial. Du côté des maisons de disques, l’inquiétude est réelle.
Le site Pro-Music France, décliné à partir du grand frère Pro Music Europe, s’efforce donc de dissiper les arguments développés par les internautes. Des exemples ?
"Les artistes sont riches. Télécharger quelques titres gratuitement ne va pas les mettre sur la paille", ou bien...
"J'ai entendu des artistes dire que le fait que leur musique soit disponible gratuitement sur Internet est pour eux le meilleur moyen de la faire connaître, et donc de stimuler les ventes.". Une question d'autant plus intéressante que les labels eux-mêmes brouillent parfois les pistes, en incitant à l'échange d'un titre ou même la gravure de leur album !
Graver des CD à partir de fichier mp3 est peut-être illégal, mais les maisons de disques n'exagèrent-t-elles pas un peu le problème ?".
On regrette parfois de ne pas avoir plus de détails et de développement dans les arguments, ou un espace de discussion permettant de confronter les témoignages.
Au moins, une ébauche de dialogue est lancée. Depuis plusieurs mois aux Etats-Unis, le syndicat RIAA a montré les dents en portant directement plainte contre des centaines d’internautes. Certains d'entre eux ont dû régler des amendes de 2000 dollars ou plus, pour avoir échangé des fichiers à l’aide de Kazaa. Quelques poursuites injustifiées ont d’ailleurs montré que le système d’identification des utilisateurs n’était pas totalement fiable.
En France, les éditeurs hésitent encore à affronter le public adepte du téléchargement, car il est aussi consommateur de disques. En cas de plainte ou d’amende, les menaces de boycottage sur les CD pourraient se multiplier.
Surtout depuis que les esprits se sont échauffés avec le mouvement de protestation né du projet de loi sur l’économie numérique (loi Fontaine). Menaçant directement la vie privée et la liberté d’expression, le projet de loi a été désigné par la ligue Odebi.org comme une concession offerte au lobby de l’industrie musicale.
L'autre problème pour les professionnels du secteur musical tient à la relève du CD, dont on sait seulement qu'elle passera par internet. Le public français n’a toujours pas accès à une offre de téléchargement payante qui fasse l’unanimité. L’industrie cherche encore la solution idéale en la matière.
Certes le logiciel iTunes d’Apple cartonne, les systèmes existants aux Etats-Unis se multiplient pour proposer le fichier à moins de 1 dollar le morceau, mais ils sont parfois accompagnés de contrainte. Par exemple, les magasins Wal-Mart ont bloqué la reproduction des titres de leur catalogue comprenant environ 200 000 morceaux. Il est impossible de copier le morceau sur plus de trois appareils. Pas forcément évident à accepter quand on a goûté à la liberté du tout gratuit.
La campagne de boycottage de la ligue Odebi.org :
http://www.odebi.org/boycothon/
Le site de Pro-music Europe :
http://www.pro-music.org