C'est dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux que la nouvelle est tombée: "Aujourd'hui c'est le cœur rempli de tristesse qu'AC/DC annonce la mort de Malcolm Young. Malcolm était le fondateur et créateur d'AC/DC avec Angus. Son énorme implication et son engagement faisaient de lui la force motrice du groupe. En tant que guitariste, compositeur et visionnaire il était perfectionniste, un homme unique…"
Et son frère Angus d'ajouter: "en tant que frère il est difficile d'exprimer ce qu'il a représenté pour moi dans ma vie, le lien unique et très spécial qui nous unissait. Il laisse derrière lui un énorme héritage musical qui vivra à jamais. Bon boulot Malcolm." On note au passage que la famille Young avait déjà été endeuillée cet été par la disparition de George, le frère aîné qui avait été coproducteur des 5 premiers albums du groupe.
Difficile de croiser un guitariste aujourd'hui qui n'ait jamais joué un riff d'AC/DC. Derrière une apparente simplicité dans le jeu de Malcolm Young se cachait une incroyable précision ainsi qu'une force qui ont fait autant, si ce n'est plus, que les envolées de son éternel écolier de frère pour le succès mondial du groupe. Angus avouait même lors d'une interview que Malcolm s'il le souhaitait pourrait sans doute le remplacer mais que l'inverse n'aurait pas été possible.
À l'heure où les hommages se multiplient sur la toile pour témoigner de l'impact de la musique de Malcolm Young, comme à notre habitude en ces tristes circonstances, nous vous proposons de (re)découvrir le matériel derrière l'homme.
Ainsi il y a quelques mois, la division Custom Shop de Gretsch sortait une copie exacte de la Jet Firebird de 1963 qu'on peut notamment admirer dans ses œuvres dans la vidéo de Jailbreak ci-dessous:
Surnommée "The Beast", cette guitare fût offerte à Malcolm par son grand-frère George et par Harry Vanda. Il décidera ensuite de la personnaliser en retirant d'abord la peinture rouge de la table pour lui donner un look plus naturel et brut de décoffrage. Il modifiera ensuite la configuration micro pour au final ne conserver que le micro TV Jones Classic en position chevalet. Les années d'utilisation intensive ont fait le reste pour marquer comme autant de cicatrices et de souvenir cet instrument qui a marqué l'histoire du rock'n'roll.
Dans un article paru sur le site de Gibson en 2013, on apprenait que pour s'approcher du son de Malcolm Young, outre le fait de s'acheter un peu de Mojo au marché noir, la meilleure configuration était d'utiliser un ampli type Marshall à haut niveau de gain en limitant les graves au maximum tout en poussant à fond les aigus. Reste alors à jouer sur les médiums pour trouver le son qui convienne. L'auteur recommande également l'utilisation de guitare semi-hollow en précisant que les guitares de Malcolm étaient complètement creuses (hollow body) soit recouvertes d'une table soit avec des ouïes qu'il bouchait avec chaussettes et autres accessoires pour limiter la résonance et les problèmes de larsen étant donné le volume sonore auquel étaient poussés les amplis sur scène. On y apprend également l'importance du tirant de cordes de prédilection de Malcolm à savoir du costaud 12-58 très loin des tirants souples généralement utilisés dans le hard rock et le métal aujourd'hui. Il jouait principalement ses accords sur les 4 premières cordes tout en les étouffant (palm mute) de la paume de sa main afin de contrôler les harmoniques et autre larsen néfastes à son exigence de précision. A l'écoute des nombreux titres d'AC/DC on remarque également que Malcolm aimait jouer à contre temps laissant ainsi s'exprimer le combo basse batterie sur le 1er temps et lui sur le 2nd, créant ainsi le pouls rythmique du groupe.
Un grand bonhomme nous a quitté aujourd'hui, mais à n'en point douter sa musique et ses riffs intemporels nous accompagneront encore longtemps.