C'est avec une certaine émotion que je vous présente le modèle concert Alysce de Gérard Audirac. Vous annoncer qu'il a enfin mis au point son modèle définitif serait risqué quand on connait le bonhomme. Par contre, il est clair que Gérard a enfin mis le doigt sur un instrument qui représente l'accomplissement d'un long travail de recherche et d'expérimentations. Aux pays des merveilles Si contrairement à toutes les autres guitares Audirac (exceptée la cathédrale) ce modèle a un nom, Alysce, c'est avant tout pour marquer une étape charnière dans la longue carrière de luthier de Gérard Audirac. Alysce est le fruit de 18 ans de recherche, un modèle abouti dans son design et dans sa conception fondamentale. Il vous suffit, pour comprendre cela, de regarder en bas de cette page le nombre d'articles que j'ai publié depuis juste deux ans sur le travail du luthier de la Selle sur le Bied. On ne peut que saluer l'énorme travail accompli. J'ai eu l'honneur et le plaisir de participer au choix du nom de ce modèle et après plusieurs heures de discussions, le nom est tombé : Alysce, en l'honneur d'Alice Ducoin qui joue sur ses guitares et que vous voyez depuis 2011 sur pratiquement toutes les vidéos tests des guitares Audirac. Alysce est le nom qu'Alice Ducoin (concertiste) a choisi pour son nom d'artiste en tant qu'auteur compositeur interprète. Trois modèles Alysce à découvrir C'est donc trois modèles de concert différents que vous présente en vidéo Alice Ducoin. Ils sont tous réalisés pour le dos et les éclisses avec un palissandre indien massif, d'un manche en acajou, chevalet en palissandre et une touche en ébène. Le premier modèle a une table en cèdre massif. Les deux autres sont pourvus d'une table en composite, peaux bois mais l'une a des barres précontraintes en épicéa et la troisième avec des barres précontraintes en cèdre. |
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Alysce, 3 concepts aboutis Le barrage La première chose sur laquelle Gérard a porté toute son attention est bien évidemment le barrage de la table d'harmonie. Barrage qu'il n'a cessé de modifier, avec pour derniers travaux, les trois barres rompues du milieu (voir photos ci-dessus). Nous avons pu constater l'avancement de ces travaux sur ce barrage dans le reportage en mars dernier consacré à trois modèles d'études. Il s'avère donc que la solution des trois barres rompues est la plus performante. Gérard nous explique très bien la raison de ce choix dans l'interview ci-dessus. L'emplacement des bouches Est-il encore nécessaire de préciser que pour centrer le chevalet sur la partie vibrante de la table, il ne semble pas y avoir de solution plus performante que celle de remonter la barre transversale qui se trouve au dessous de la bouche d'une guitare traditionnelle. Pour cela, pas d'autre alternative que de déplacer la bouche qui joue un rôle essentiel pour libérer l'air qui se voit comprimé quand la table est sollicitée par le pincement des cordes. Gérard s'est concentré sur la seule partite de l'instrument pouvant recevoir un évent sans perturber le mode vibratoire, c'est à dire en haut des hanches de la guitare. Il a tenté la bouche sur l'éclisse des basses, sur l'éclisse des aigus, en pan coupé etc... Le meilleur compromis est donc une double bouche : un pan coupé sur la table et éclisse du coté des aiguës et un autre pan coupé, à l'arrière, sur le dos et les éclisses du côté des graves. La table en composite Comme Gérard le dit très clairement dans l'interview, le luthier demande à une table d'harmonie, avec du bois comme seul matériau, de résoudre un paradoxe : être la plus rigide possible tout en étant la plus légère possible. Pour obtenir le meilleur compromis, il semble que le bois ne soit pas le matériau idéal et il n'est pas nouveau de voir des luthiers utiliser, comme c'est le cas ici, du nomex en sandwich de deux peaux bois. L'objectif est donc de minimiser le plus possible la masse de la table tout en favorisant sa rigidité. Pour l'aider dans cette partie de haute technologie, Gérard a demandé à son ami Jean-François Lagarde, ingénieur méthode, spécialiste dans les matières composites de travailler avec lui et les guitares en composite que je vous présente aujourd'hui est le fruit de 6 ans d'un travail collaboratif entre les deux hommes. Les deux modèles en composite ne diffèrent pas dans le sandwich qui est composé d'une peau d'épicéa pour le dessus, un lit de nomex, puis une autre peau bois en dessous mais celle ci en cèdre. C'est sur le barrage qu'il y a une différence, la nature du bois des trois barres précontraintes qui sont tantôt en cèdre, tantôt en épicéa. Chapeau l'artiste ! C'est un moment important dans la carrière de ce grand luthier mais pas seulement, c'est un moment à graver dans l'histoire de la lutherie guitare. Les travaux de Gérard Audirac inspirent depuis longtemps déjà des luthiers français mais aussi canadiens et je crois bien que cela n'est pas prêt de se terminer. Ecoutez et appréciez Alice jouer les trois Alysce et encore bravo à Gérard Audirac de livrer aux musiciens un outil si performant et de continuer de nous faire rêver ! Tarifs : - Modèle Alysce de concert, table cèdre ou épicéa : 3 500€ étui compris - Modèle Alysce de concert table composite : 4 500€ étui compris Jacques Carbonneaux - le 06 septembre 2013
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