Annoncé en Janvier 2013 lors du Namm Show à Anaheim, le nouveau format Grand Orchestra est devenu le plus grand des formats de la marque en volume de caisse après le Grand Symphony !

Après les séries K, 5,6,7 et 9 c’est au tour de la série 800 de proposer, en 2014, son modèle Grand Orcherstra : la 818e, format que l’on peut identifier avec un "8" à la fin de la référence (ex : , 518e, K28e, 528, 818, etc.).

Avec cette nouvelle forme de caisse et le nouveau sytème « Expression », Bob Taylor et son nouveau luthier Andy Powers confirment, une fois de plus, la capacité de la marque à innover et à faire évoluer la gamme de ses instruments.

Il ne s’agit pas seulement ici d’un simple nouveau design mais du changement d’un ensemble de paramètres qui offre une acoustique appréciablement différente comparée aux autres formats que propose Taylor.
Toutes ces modifications confèrent à ce Grand Orchestra une personnalité sonore qui lui est propre et que nous allons découvrir en détails avec le modèle de la série 800, la 818e.

La lutherie


Le modèle 818 e bénéficie des améliorations et des innovations apportées à la série 800 qui ont été annoncées au Winter NAMM Show en 2014 et qui la positionne comme le haut de gamme de la marque, juste après la très marquétée serie 900.

Le barrage
Chacun des nouveaux modèles de la série 800 dispose d'un nouveau design unique de barrage afin de faire ressortir, selon les dires de la marque, plus de chaleur, d'équilibre et de sustain.


Colle protéique
Utilsée dans la facture instrumentale avant le développement des colles à bois synthétiques, la colle animale faciliterait le transfert d’énergie entre les composants importants de la guitare que représentent les barres d’harmonie, la table et le dos.

Épaisseur de finition
L’épaisseur du vernis ployester brillant a été réduit de pratiquement de moitié.
Longtemps une critique récurente sur les guitares industrielles et notamment sur les Taylor, le vernis épais contribue inévitablement à altérer les sonorités d’une guitare.

Epaisseur table et dos
En fonction du format de chaque instrument de la série 800 , l’épaisseur du dos et de la table a été optimisé.

Esthétique générale
Une nouvelle filetterie avec : des incrustations sur la touche, rosace, et filet de dos, mais aussi un pickguard en palissandre et une touche d'ébène marbré, magnifique sur ce modèle 818 e.

Avec une marqueterie beaucoup plus sobre que la série 900, la 818 e est cependant très élégante.

On ne peut qu’admettre le joli coup de crayon des concepteurs de chez Taylor qui imposent un esthétisme dont l’identité visuelle est forte et se reconnaît entre mille grâce à la forme de la tête, du chevalet, du pickguard et des courbes de chacun des formats de la marque.

Le format Grand Orchestra
Le plus imposant de toute la marque, le Grand Orchestra rejoint le format le plus volumineux de l’histoire de la guitare folk 6 cordes industrielle (hors guitare de luthiers) telle que la légendaire SJ200, la Super jumbo de chez Gibson.
Un petit peu moins longue et moins large que la SJ-200, la 818 e est cependant plus profonde.

Le confort

Rassurez-vous, sauf si vous êtes de petite taille, le format GO de la 818 e n’est pas si imposant que ça lors de la première prise en main et ce, grâce aux courbes plus fines et moins marquées que sur une SJ-200 .

Le manche en acajou est à 44 mm au sillet de tête et fera le bonheur des strummers mais gênera sans doute certains adeptes du finger-picking, plus à l’aise à partir de 46 mm.

Avec un poids total de 2,24 Kg, ce modèle est assez léger compte-tenu de son gabarit et d’une électronique embarquée.
Montée avec des cordes « Acoustic 80/20 Bronze with NANOWEB Coating » d’un tirant médium (.013 .017 .026 .035 .045 .056), idéale pour le format de la 818 e, cette guitare s’adresse un public d’initiés.

Le son

La première chose qui m’interpelle sur ce grand format est l’incidence que pourrait provoquer l’accroissement de la surface de la table sur la position et les fonctions mécaniques du chevalet, pour un diapason standard de 64,8 cm.
En effet, cela induit que le chevalet, qu’on ne peut remonter à cause de l’ouïe, est encore plus décentré sur la partie vibrante de la table d’harmonie que sur une guitare de plus petit format.

De plus, une augmentation du volume de la caisse nécessite un accroissement du périmètre de l’ouïe.  Plus le volume de la caisse est augmenté, plus l’air comprimé par les mouvements vibratoires de la table est important et nécessitera un évent adapté. Or, celui-ci, sur le modèle 818 e, est de la même dimension que celle d’une dreadnought (par exemple). 

Si on part du principe qu’une guitare sera plus sensible (responsive) et plus optimum dans la liberté des mouvements du chevalet  si celui-ci est centré sur la partie vibrante de la table, il faut bien avouer qu’aucune folk traditionnelle ne répond pas à ce critère, l’emplacement de l’ouïe sur la table ne favorisant pas ce principe.

Depuis plusieurs années déjà et surtout dans les ateliers de luthiers, on peut voir des guitares folk et même classiques dont l’ouïe centrale a été déportée, laissant donc toute la surface nécessaire pour appliquer le principe de centrer le chevalet sur la partie vibrante de la table d’harmonie et qui apporte à l’instrument une dynamique et une puissance nettement accrues. A ce jour et après avoir testé bon nombre de guitares qui ont adopté ce principe, je n’ai jamais retrouvé le son « folk » sur ces modèles, certes plus dynamques et plus puissants,  mais avec un timbre trop éloigné de celui d’une guitare typée « folk ». Ce sont d’autres instruments, très performants, d’autres outils pour d’autres univers sonores et styles de jeux.

Sur la 818 e, le format GO agrandit la surface de la table mais le chevalet ne bouge pas et est donc encore plus décentré. Comme je viens de le dire plus haut, si ce principe n’est pas respecté sur les modèles traditionnels, il n’a jamais empêché qu’ils deviennent des références dans la musique mais également chez les fabricants industriels et artisans.
C’est la cas pour cette 818 e qui ne semble pas souffrir de ce maudit chevalet décentré car la belle sonne, et pas qu’un peu !

Des sonorités plus que généreuses
Les caractéristiques acoustiques de la 818 e sont donc celles que l’on attend d’une folk traditionnelle de grand format et de ce point de vue, la belle est très performante.

Le format de caisse, le travail apporté au barrage et un fort tirant de cordes font de cette guitare, un instrument pourvu d’une forte projection et des sonorités très très généreuses sur toute la tessiture. Avec des aiguës légèrement en retrait par rapport au reste, la 818 e est cependant correctement équilibrée. Les basses sont impressionnantes avec un effet boomy que l’on peut facilement accentuer ou étouffer en fonction de l’attaque de la main droite, au médiator comme aux doigts. Les médiums sont puissants et boisés,  apportant une forte personnalité folk à cette guitare.

Très brillante, peut être trop, cela est sans doute accentué par la jeunesse des cordes Elixir. Pourvue d’un bon sustain cependant pas si long que ça, la note monte très vite et entame rapidement sa décroissance. Toutefois, elle reste assez longtemps à son maximum avant de vite redescendre. Cela procure donc à cet instrument des notes précises qu’on appréciera autant pour un jeu au médiator, qu’un jeu aux doigts.

Si le principe du chevalet centré, qui n’est ici pas appliqué, ne dérange en rien les performances de la 818 e, il n’en est pas de même sur le manque d’ouverture de l’ouïe qui provoque une plus forte compression du son. Sur ce modèle, ce défaut ne prend pas le dessus car les performances de l’instrument sont déjà très bonnes. De plus, quand on sait que ce sont les fréquences basses, déjà très présentes sur ce modèle,  qui sortent avant tout de la caisse par l’ouïe, une ouverture plus importante aurait peut être eu pour incidence un déséquilibre de l’instrument en faveur des basses et bas médiums.

Son electro

       

La version 2 de l’ « Expression System »  développée par  l’ingénieur de chez Taylor, David Hosler, change radicalement la façon de placer les transducteurs piézo-électriques au niveau du chevalet.  Exit donc le capteur piezo placé de façon horzontale sous le sillet du chevalet et place à trois capteurs, toujours piezo mais verticaux, qui récupèrent les vibrations induites par les cordes au chevalet et à la table.
Le résultat n’est pas aussi extraordinaire que je l’attendais mais on peut noter, en toute objectivité, une nette amélioration des sonorités rarement séduisantes des systèmes à base de piezo.  On obtient un son plus chaleureux et plus doux qu’un système classique.
Ce système me réconcilie tout de même avec ce type de capteurs. Il n’est pas encore arrivé à son aboutissement mais les progrès réalisés sont nets et il convient de le signaler. 

Conclusion
La personnalité de la 818 e s’inscrit donc dans la famille des plus flatteuses des folks aux côtés des Gibson J-200 et Guild F-50, avec pour particularité première et son grand point fort, sa très grande polyvalence de jeux.

En effet, ce type de guitare est généralement apprécié et utilisé par les guitaristes rythmiques car excellentes en struming. Cependant, la 818 e est tout aussi performante à avec un jeu aux doigts. Très sensible (responsive), elle s’avère aussi précise pour un jeu très énervé au médiator que pour un jeu fin, doux aux doigts. Un flat picking délicat lui siéra également à merveille.
Le rapport qualité/prix est donc ici très bon et fait de cette guitare un des meilleurs modèles de la marque.



Prix public : 3359 euros

Fiche Technique
Format: Grand Orchestra
Couleur : Natural
Vernis : Gloss
Table : Epicéa de Sitka
Dos et eclisses : Indian Rosewood
Manche : Acajou
Touche : Ebène
Incrustation sur touche: Pearl 800 series inlay
Nombre de frettes : 20
Diapason : 25.5" / 64,8 cm
Mécaniques : Gold-plated Taylor Tuners
Chevalet : Ebène
Sillets : TUSQ
Largeur au sillet de tête: 1.75" / 44 mm
Longueur du corps : 20.625" / 52,4 cm
Largeur du corps : 16.75' / 42,5 cm
Profondeur du corps : 5" / 12,7 cm
Electronics: Taylor Expression System
Etui inclus : Hardshell Case

Taylor 818e