C'est dans la poche
Alors pour introduire l'idée, ce petit bidule suit une tendance actuelle qui est celle des rigs portables. Exit les énormes amplis qui tuent le dos et rentrent pas dans autre chose qu'un camion, le guitariste d'aujourd'hui a souvent besoin de mobilité (on prend le métro pour aller en répète et le train pour aller faire une session ou un gig) et veut pouvoir rentrer tout son matos dans son sac de voyage, voire même la poche latérale de son étui.
Technologies modernes aidant, on a pu créer ainsi des multi-effets analogiques de la taille d'un sac à main, et des têtes d'ampli de 100w ou plus qui pèsent moins que la tranche de jambon d'un sandwich de gare. C'est à cette dernière catégorie qu'appartient le AMP1, tête d'ampli complètement analogique dotée d'une amplification de puissance à lampes en classe D à l'aide d'un révolutionnaire "nanotube" plus petit, moins consommateur qu'une lampe traditionnelle.
Là, je ne vous cacherais pas que le technicien qui est en moi a lâché l'affaire, les explications trouvées sur le site et le mode d'emploi relevant plus du discours publicitaire que d'explications claires. Mais après tout, whatever, tant que ça sonne !
Alu-mini-ON
J'ouvre donc avec curiosité le packaging plutôt soigné et ai le plaisir de trouver l'objet dans une jolie housse de transport en tissu, accompagné de son câble secteur et d'un mode d'emploi tout en couleurs et en beau papier, en mode livret publicitaire de la dernière BMW, ah ces allemands...
L'engin, lui, me semble étonnamment léger, sans doute dû au choix des matériaux, une plaque d'aluminium pliée s'enroulant sur un plastique qui me semble un peu cheap. En faisant le tour de la bête, je me prends à me demander comment Thomas Blug la fait tenir sur son pedalboard car je ne vois aucun moyen simple d'y poser du velcro ou des oeillets. En reprenant le mode d'emploi, je constate l'existence des Easy Locks : un système qui maintiendra le Amp1 sur votre board par deux aimants puissants qui viendront coller leur rondelle métallique, tout en permettant de détacher la machine facilement. J'aime le concept !
Alors pourquoi je ne les ai pas trouvés de suite ? Parce qu'ils sont vendus en option...
D'aucuns me diront que j'aurais dû lire le manuel avant, spèce de teubé, ils n'auront pas forcément tort, cependant l'intuitivité d'un matériel, le naturel de son utilisation, font aussi partie des qualités que je teste pour toi lecteur, et je pense que nombre d'aficionados du tout analogique avec peu de boutons à tripoter sont allergiques aux modes d'emploi de toute sorte.
A part ça, la machine est soignée et l'assemblage inspire confiance, avec des options et des réglages nombreux tout en restant intuitifs. A l'allumage, j'admets que le logo éclairé et les indicateurs oranges sont du plus bel effet et vous vaudront sans doute un sourire goguenard de votre batteur favori, toujours prompt à se moquer de votre coté bling-bling, le coquin.
C'est beau comme un camion allemand !
En termes de réglages et de connectique, la machine est à la fois avare et pas avare. En effet, nombre de réglages fins sont notamment disponibles sur la tranche du bouzin ainsi qu'un noise-gate et la possibilité de passer la boucle d'effets en parallèle. La connectique est complète avec en particulier une sortie recording, une boucle d'effets et une sortie télécommande qui permet avec l'adaptateur idoine de connecter soit un footswitch standard, soit le footswitch dédié "Remote 1", soit un contrôleur MIDI. Plutôt astucieux !
L'égalisation est commune, ce qui limite un peu la polyvalence de la machine. Par contre au niveau des différents switchings, ce qui m'apparaissait comme rudimentaire à la base s'avère assez riche d'utilisations différentes, pour peu encore une fois qu'on trouve la bonne page du mode d'emploi entre les superlatifs, les photos de la mort qui tue et les marques déposées en gros gras et italique répétées 15 fois par page... ça a dû être rédigé par un stagiaire en comm' de chez Grosseuh Berlineuh.
Bref donc, les choix :
- Sans aucune option supplémentaire, on peut affecter les switches Channel, Boost et Reverb à 3 presets programmés soi-même. La procédure est un peu behringeresque (allumer en appuyant sur un bouton, en appuyer sur un autre trois secondes, regarder un des voyants clignoter, réciter un vers de Stendhal en mongol préhistorique et répondre à la question du gardien du pont) mais ainsi le AMP1 s'adapte aisément à vos besoins.
- On peut également ajouter un footswitch conventionnel à 1 ou 2 boutons pour un accès indépendant aux canaux et au boost en mode preset, brancher un pédalier MIDI conventionnel via l'adaptateur MIDI en option, ou brancher le contrôleur dédié REMOTE1 qui apporte quand même bon nombre de fonctionnalités supplémentaires, dont un second master, un powersoak, une gestion avancée de presets et même (en option sur l'option, OPTIONCEPTION!!) un looper à 4 boucles baptisé LOOPERKIT qui fera de l'ensemble un contrôleur pedalboard/ampli complet.
Bon allez je sens que je te fais fumer avec mes trucs et mes bidules. Je te vends un test de tête d'ampli analo et je te parle de programmation, t'es à deux doigts de fermer la page ? Sorry, copain, allez on branche !
Boogie-Tard
Premier constat en plaquant quelques accords et en trifouillant le bouzin, les 100 watts sont bien là, même s'ils se rapprochent plus de 100 watts à transistors avec une vraie progressivité, et la machine ne devrait avoir aucun souci à faire taire le batteur de tout à l'heure qui vous traitait de bling-bling. (HAHA ! Hum..... ) J'apprécie la dynamique globale, les réglages réellement efficaces voire drastiques. La couleur sonore globale est à mon goût un peu froide, je ne suis pas certain que le fameux "nanotube" fasse dans les faits mieux qu'un bon MOSFET, mais on dira que le format mini ne fait pas de miracles et qu'on aura jamais dans 500 grammes la fulgurance d'un push-pull de 6L6 alimenté à mort...
- Le canal Clean est vraiment très très clair, ne tordant que si on le pousse vraiment en bout de course en baissant le master, et le boost appliqué sur le canal clair nous donne un clean "touch sensitive" bien pêchu et musical, j'aime beaucoup ! La reverb s'avère plutôt subtile et servira plus à décoller l'instrument du mix que vraiment en gros effet audible.
-Le canal Vintage me fait penser à du Vox, salissant de jolie manière et ayant une réserve de gain permettant d'aller tâter des terrains assez fuzzesques au grain très serré qui devraient ravir les fans de stoner !
- Le canal Classic, clairement inspiré Marshall, est tout aussi versatile, allant selon les réglages d'un crunch léger jusqu'à lâcher les chiens façon thrash des nineties.
- Le canal Modern est au final peut être celui qui m'a le moins plu, ayant un grain pas désagréable mais devant être considérablement modéré, tant au gain qu'à l'EQ, pour ne pas être brouillon avec un grain excessivement serré, voire même un son "abeilles" si on n'y prête pas attention... En fait, les réglages sont si extrêmes qu'ils ne sont pas exploitables sur la totalité de leur course et il s'agira de prendre le temps de régler l'animal au micro-poil pour obtenir le son désiré !
Au passage le noise gate s'avère plutôt efficace, voire très efficace, en mode "metal". Il permet même les grosses syncopes de Hardcore qui coupent bien le son nettement. Juste un truc par contre, je pense que c'est une erreur de conception qu'ils corrigeront sur les prochaines versions : ils ont mis la reverb AVANT le noise gate, ce qui rend celle-ci inexploitable une fois le gate activé.... Wut da phoque ??
Les nombreux "sous-réglages" latéraux, pas pour les gros doigts. En fait, sors même le tournevis !
Comme souvent sur ces machines, la sortie recording me paraît exploitable, sans plus, laissant passer un peu trop d’aiguës et raidissant un peu la dynamique. J'aurais aimé que la simu de HP de cette sortie soit débrayable, mais on contournera le problème en se branchant sur le SEND de la boucle d'effets vers sa simulation de HP favorite.
Extraits sonores du BluGuitar AMP1
Les extraits ont été enregistrés dans Cubase sans post-traitement . Le canal gauche est une prise micro au moyen d'un T-Bone MB75 sur un haut-parleur VHT Chromeback. Le canal droit est une prise via la sortie "REC OUT". La carte son est une Steinberg UR22, la guitare une Fender Stratocaster Standard 60th Anniversary montée en HSS Tom Anderson.
Conclusion
Pour moins de 650 euroboules, 4 canaux, un boost, tout analogique, un power amp 100 watts, le tout tenant dans le gigbag ou sur un pedalboard, c'est déjà un exploit en soi qui mérite d'être salué et je pense que la machine ravira nombre de guitaristes pros ayant besoin d'une solution ultra-nomade pour voyager léger vers leurs prestataires.
Sa polyvalence est extrême, et tous les canaux sont entre le très correct et le très très bien, même si elle nécessite de longs moments de réglages pour aboutir au son désiré (mais on a rien sans rien) et si quelques détails de conception me font dire que ce n'est pas (encore) le Saint Graal et que vivement la version AMP2, cet engin est une vraie alternative à creuser !
Les plus
- Sons, particulièrement clean et low gain
- Boost très très bon
- Aussi petit que léger et puissant
- Etendue des réglages
- Matériel optionnel intéresssant
- Assez stylé pour faire guigner le batteur
Les moins
- Plastique un peu cheap
- Reverb avant le noise gate
- Simu de HP moyenne et pas débrayable
- Easylocks en option payante :/
- Mode d'emploi un peu lourd et pourtant assez indispensable
moins de watts, certes, mais le son velouté et puissant du high gain !
produit très sympa dans sa globalité sauf le canal moderne qui à mes oreille ne sonne pas top!
Le clean est inspiré d'ampli californien avec le bright swithc engagé, Le Classic des JMP et le modern des JCM.
Quant au manuel j'ai l'impression que vous avez bloqué parce qu'il n'est pas en français. Dommage car il regorge d'infos et de conseils d'utilisation (de la réverb à l'utilisation en groupe). En tout cas il est clair que si vous l'avez lu c'est en diagonale.
Sauf qu'il y a un mode preset qui permet d'utiliser les 3 boutons pour... 3 presets :-)
Les presets se composent du réglage du canal + l'éventuel reverb + l'éventuel boost.
Tu règles un son qui te plait, tu appuies sur un des boutons 3 secondes et hop c'est stocké.
On peut donc avoir par exemple un clean avec reverb fort, un clean avec reverb+boost et un crunch sans reverb (avec le canal vintage par exemple)
ou encore
un clean avec reverb, un vintage sans et un vintage avec boost
ou encore
un vintage a la limite du breakup, un vintage bien crunchy et un classic pour le lead avec le poil de reverb qui va bien.
ou encore... Enfin z'avez compris l'idée.