De A à Z, PRS ne fait aucune faute.
...De Goût
Le manche est tiré dans un très bel acajou brésilien à la fibre très régulière et à la teinte légèrement plus claire que celle du corps. Une finition plus sobre pour le côté pile que pour le côté face largement plus travaillé. La touche en palissandre ornée par le “Bird” standard se termine logiquement sur une tête plaquée en palissandre également surmontée de la célèbre Signature “Paul Red Smith”.
Alors pour le prix, j’ai inspecté ce manche collé à la loupe, de haut en bas, de bas en haut, je cherche encore un défaut. Ça me gène un peu, c’est trop parfait. Donnez-moi, je ne sais pas, une frette un peu rentrée en force, une fibre un peu dégueu sur l’acajou du manche, un micro point de colle sur le plaquage de la tête, faites quelques chose bon sang, montrez-nous que ce sont des humains faillibles qui on monté cette guitare !
Rien à faire, la lutherie est absolument impeccable. Avec beaucoup d’élégance, le corps en acajou arbore une fière table bombée en érable figuré. C’est pas du 10-top, mais je préfère. Mis à part l’aspect visuel de cette option, elle n’apporte rien au niveau sonore et vient bien souvent alourdir, selon mes critères, un visuel déjà flamboyant. Donc à la différence du 10-top, les fibres de la table ne semblent pas danser follement avec la lumière mais restent sagement en position, laissant pleine place à la teinte violette.
Si cela est difficile à voir sur la photo (et encore plus sur la vidéo), il n’y a pas qu’une teinte violette sur cette guitare. On aperçoit à divers endroits une première couche d’un bleu (je dirais Aquablue pour rester dans les teintes PRS) passé avant la teinte améthyste finale. On profite ainsi de reflets qui éclaircissent la table sans pour autant laisser la clarté d’un érable naturel jurer et trouer de manière trop violente le visuel.
Loin de vouloir masquer la qualité de l’érable, la table marque sur sa tranche un type d’inlay qui vient affiner l’empilement “érable teinté/tranche de la table” à l’acajou du dos.
J’ai fait le tour de la lutherie, je crois que techniquement et visuellement, il n’y a pas grand chose à dire. C’est parfaitement exécuté.
L’équipement
L’accastillage est, lui aussi, basique sans être banal. Ceci dit, si le vibrato traditionnel PRS ne m’a pas fait plus d’effet que ça, j’ai été très surpris par la précision des mécaniques à blocage PRS Phase III. Une grande précision et une très bonne stabilité offrent une tenue d’accord chirurgicale. Et ça, peu importe le type de musique qu’on joue, on ne crache pas dessus !
Le set micro 59/09 (comprenez micro type 59’ développé en 2009) manche et chevalet est contrôlé par un sélecteur 5 positions, un volume et une tonalité.
Les splits disponibles sur les versions SE et S2 feraient double emploi avec les positions intermédiaires.
Position 1 : Micro manche
Seul, c’est une humbucker propre et avec une grosse présence basse et médium comme on peut s’y attendre. Il semble différer légèrement d’un 59’ traditionnel car il est un peu plus précis et peut-être un brin moins chaud. Un meilleur équilibre entre les bas et hauts médiums lui confère cette propreté qui marque largement le son global de la guitare.
Position 2 : Micro manche en simple, micro aiguë en double (montage en parallèle)
Une position qui offre de l’air au son du micro aiguë. On respire un peu et en jouant avec la tonalité, le résultat devient très intéressant en son clair et crunch. Jusqu’à 5, la tonalité ne coupe que les fréquences aiguës. Au delà on écrase le son qui devient peu exploitable.
Position 3 : Micro manche et chevalet
Beaucoup d’énergie ici ! Même si ce n’est pas celle que j’ai préférée, les basses, médiums et aiguës sont très présentes. Clean, crunch et disto sont les bienvenus !
Position 4 : micro manche et chevalet en simple bobinage (montage en parallèle)
A l’instar de la position 2, cette position intermédiaire offre un claquant où les fréquences aiguës prennent parfois le pas. Sur un son clair type Fender Twin, ça devient envahissant au point de devoir couper quasiment les aiguës de l’ampli ou de baisser la tonalité pour garder un son audible. L’avantage est que l’on joue avec une dynamique folle ; parfait pour une cocot funk qui va ressortir parfaitement dans un mix.
Position 5 Micro chevalet
Du mal à retrouver l’idée du 59’ dans ce micro. Très propre, très clair, il semble plutôt tailler pour assumer les solos. Sa clarté et sa définition lui donnent un très bon rendu du crunch à la disto, avec beaucoup de gain.
En conclusion
La PRS Custom 24 est un instrument incroyable. Elle sonne de manière unique et n’a rien à envier aux autres grandes marques.
La qualité de fabrication, les bois et l’équipement en font un instrument exceptionnel. J’ai pourtant quand même du mal à être complètement d’accord avec un prix aussi élevé.
Mais quoi qu’il en soit, il est difficile de trouver un instrument identique. Il faudra s’orienter assurément vers un instrument de luthier, seul un artisan chevronné est capable de fournir cette somme de travail.
Mais au delà du prestige et de la qualité de la guitare, il me semble que la PRS Custom 24 devrait faire partie du set de tout bon musicien de studio. Pour les autres, c’est une histoire de goût.
Prix public : 3115 euros
Les plus :
- L’équilibre des sonorités
- La finition sublime
- La teinte
- la propreté du son (trop ?)
Les moins :
- Un prix très peu accessible
- La propreté du son (trop ?)
Fiche technique :
Table bombée en érable (flammé ou ondé)
Corps : acajou
Manche : acajou profil pattern thin
Tête plaquée en palissandre
Touche : palissandre
Marquage de touche : Birds
Micros :
Chevalet : Uncovered 59/09 Treble
Manche : Uncovered 59/09 Bass
Vibrato PRS
Mécanique PRS Phase III
Option :
Table 10-top