Knaggs Keya

Publié le 06/11/2013 par Erig Le Badec
Knaggs (non, pas Stagg...) est une relativement petite firme de huit collaborateurs fondée en 2009 par le luthier Joe Knaggs après 25 ans de bons et loyaux services chez Paul Red Smith. Il est entre autres le designer de la fameuse Singlecut de chez PRS, ainsi que des modèles Starla et Mira. Ses guitares aux noms imprégnés de culture américaine native se veulent simples, sobres mais de très haute facture. Nous testons ici une Keya « Tier 2 », d'inspiration Les Paul en finition Winter Solstice.

Balcon V.I.P !

Chaque guitare Knaggs comporte la mention Tier 1,2, ou 3, signifiant « gradin » ou « niveau » en anglais. Ce grade est un indice de complexité relative à la finition, ainsi que quelques autres détails, on reste dans le très haut de gamme pour les trois valeurs. Les Tier 1, les plus soignées, sont pourvues d'un épais binding sur le corps et sur le manche, de beaux inlays étoilés sur le manche et sur la tête, se voient réservées les plus belles essences de bois pour la table rapportée, ainsi que de belles mécaniques Waverly et une paire de humbuckers Lindy Fralin. Les Tier 2 ne proposent pas de binding pour le manche, celui du corps est plus discret, les mécaniques sont standard et les Fralin sont remplacés par des Seymour Duncan. Les tiers 3, encore un petit cran en dessous, n'ont pas de table rapportée, perdent les jolies incrustations « morning star » au profit de marques type « dots » basiques.

La Tier 2 que nous avons ici frappe par le sérieux de la finition. Bien que la table en érable flammé soit censée être de second choix, elle est de toute beauté. Il en va de même pour la finition « Winter Solstice », qui personnellement m'a davantage rappelé les violentes décolorations que l'on affligeait à nos jeans d'adolescents des 90's que les plaines enneigées du Dakota du Nord sous un soleil caressant... Le vernis nitrocellulosique est parfait. Bref, nous avons ici du bel ouvrage.

Lutherie

Nous avons donc ici un corps doublecut en acajou et sa table en érable. Le dos du corps est sculpté pour un meilleur confort au niveau des côtes. Le manche collé de 24 frettes au diapason 24.75 ,également en acajou, comporte un touche en palissandre. La tête de manche est de type 3x2. Le bloc chevalet est de type tuno-matic, mais il s'agit ici du chevalet Influence fabriqué par Knaggs. La base du cordier est plus grande que sur le modèle standard, et joint les deux uniques inserts du chevalet. L'électronique est élémentaire : les deux micros humbucker Seymour Duncan Seth Lover (micro se rapprochant en tonalité et en niveau de sortie de ceux qui trouvaient Gibson d'antan) sont contrôlés par un sélecteur à trois positions, un potentiomètre pour le volume et un autre pour la tonalité. Comme il existe le concept de « superstrat », nous avons ici affaire à une « Superpaul ». Knaggs à gardé l'esprit Gibson originel, joué sur la cosmétique et a inclus quelques modifications utiles comme le double cutaway, les deux frettes supplémentaires et la légère cavité sur le dos du corps.


Sur le terrain

Testée sur un Suhr Badger 30, cette guitare nous a impressionné. Ce qui frappe d'emblée, et même à vide, c'est l'incroyable sustain que la Keya délivre. On jurerai que Joe Knaggs a caché un compresseur quelquepart... Il n'en est évidemment rien. Le attaques de la main droite sont extrêmement bien rendues, que l'on joue au doigts ou que l'on use violemment du médiator, et laissent vite place à de belles notes tubulaires très longues. Il m'a rarement été donné d'entendre une telle chose sur une guitare branchée dans un bête canal clair. Du fait de ses micros à double bobinage, la Keya chante dans un registre profond et rond, mais on entend très bien un filet de fréquences aiguës et cristallines transparaître dans le spectre. C'est très particulier et très beau. J'ai remarqué la même chose sur les différentes vidéo de la Keya disponibles le web. Le modèle que j'ai eu dans les mains n'avait donc rien d'exceptionnel par rapport aux autres instruments de la série, ce qui peut arriver parfois... En saturé, la Keya se comporte comme une Les Paul, avec un je ne sais quoi de plus moderne, peut-être un léger trou quelquepart dans les médiums. Le son ne devient jamais boueux, et la brillance observée en clair est l'assurance que l'on peut jouer des accords complexes à fort gain sans qu'il deviennent de la bouillie. C'est une guitare légère, réactive, on en perçoit bien les résonances dans les mains. Elle régalera les amateurs de feeback à l'ampli : la conduction du son est parfaite, et l'on pourra se prendre pour Santana à faible gain. Le profil du manche, d'inspiration LP 59 mais un poil plus fin, est très facile à jouer et conviendra ceux qui exècrent les petits manches mais cherchent tout de même un côté « autoroute ». Dans un registre classic rock étendu, s'aventurant parfois vers la fusion ou des styles plus énervés, la Keya a tout bon.



Verdict

L'empreinte du meilleur de PRS se retrouve à tous les niveaux, nous avons ici une guitare digne des fameuse Private Stock. PRS a ses adeptes et ses détracteurs, ils semble logique que la Keya plaise et déplaise aux mêmes. Certains diront qu'il lui manque peut-être un petit côté rock'n'roll sauvage, et l'on rechignera à raison de la balancer sur l'ampli en fin de concert. Les sonorités de la Keya sont à l'image de son look. C'est un instrument de très haute voltige, classieux, basé sur un grand classique mais de réalisation moderne. Mais l'excellence a un prix !

Enregistré au showroom de Guitars Rebellion.

Prix public : environ 4000 € (2500 € pour la Tier 3 et 6200 € pour la Tier 1)

Les plus
Le sustain, absolument incroyable
Le sérieux de la finition
Le timbre, notamment dans le suraigu en clair
Le confort de jeu

Les moins
Très chère !
L'esprit un peu trop « propre », mais c'est une question de goût


Note : Il y a eu un problème de driver audio pendant l'enregistrement de la vidéo, il en résulte un léger buzz pas très joli que l'on peut entendre sur certaines notes. Merci de ne pas trop nous en vouloir !
 

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