Fender Stratocaster VG : la simulation vue par Fender

Publié le 07/04/2008 par Guitare Live
Qui a dit que les légendes ne pouvaient pas se sortir d'un train-train sclérosé sous peine d'abîmer leur prestigieuse image ? Loin des énièmes signatures dont seule la couleur ou la finition change, la Stratocaster VG se positionne sur un terrain complètement inconnu de Fender : la simulation guitare. Sur ce marché jusque-là tenu par Line6, Fender arrive avec du lourd pour s’imposer : une Stratocaster pouvant imiter quatre types de guitares et permettant des accordages alternatifs ! Remarquez, pour 2200€, il y a intérêt à ce que ça vaille le coup !
Une Stratocaster, à la base, c'est pas complètement donné. Même si l'on compare aux prix des Les Paul Standard ou d'autres marques, où il est difficile de trouver une guitare de si grande qualité que la Stratocaster, la VG affiche tout de même 2200€ prix catalogue. Si l'on retire les 1300 € que vaut la Stratocaster Standard et le système micro midi de Roland qui vaut 150€, on se retrouve avec un système à environ 750€. Voyons cela de plus près.

D'un point de vue lutherie, la Fender Stratocaster VG est complètement standard. Seuls petits changements, elle n'est équipée que d’un potentiomètre de tonalité (contre deux en temps normal) et de pontets Stainless Steel habituellement absents sur les modèles Standard. On espère d'ailleurs, avec l'arrivée des New American Standard, que les VG auront elles aussi droit au petit lifting (voir banc d'essai sur les New American Standard). Un seul point noir, pas vraiment important mais qu'il convient de signaler, dans la parfaite lutherie de la VG : les plaques de protection arrière sont vissées directement sur le dos de la guitare. Pas vraiment esthétique. On aurait pu espérer au moins un chanfrein ou des plaques usinées sur les côtés, mais là, c'est du brut de brut...

On attaque avec les simulations.
Le bouton modélisations a cinq possibilités. La première est le N (neutre) permettant de jouer avec une Stratocaster tout ce qu'il y a de plus normal. On note d'ailleurs que l'autre bouton est inactif. Logique, vu qu’à ce moment là, la modélisation n'est pas encore en marche.

La position S est censée imiter le son d'une Stratocaster. Bizarre me direz-vous, puisqu’on joue déjà sur une Stratocaster. Il y a deux raisons logiques à ce choix. Première raison, on a vu qu'en position neutre, la Fender Stratocaster VG n'avait pas sa simulation activée. Or, pour utiliser le système d'accordage, il faut que le capteur midi soit actif.
La seconde raison est avancée par Fender. L'émulation serait celle d'une Stratocaster au corps en frêne et non en aulne. Il est vrai que sur les guitares le changement de dynamique est différent, mais sur la simulation... c'est assez… difficile à déceler. Cette première simulation, toute considération de bois mise à part, reste tout de même très sympathique et elle vous permettra de jouer avec un son assez convaincant de Stratocaster les différents accordages proposés par la Stratocaster VG.

Passons à la position T : pour moi, la moins convaincante de toutes. On trouve des choses à faire avec, mais rien de bien grand à mon goût. Je tiens à préciser que je ne suis pas non plus le plus fervent admirateur de la Telecaster, même si j'apprécie en jouer une de temps en temps... Peut-être est-ce pour cela que la simulation de cette guitare ne me parle pas vraiment...

La position H : H pour humbucker, c'est-à-dire simulant des micros double bobinage. Sur cette position, pas mal de choses à faire, certaines positions de micros font vraiment leur petit effet ! Beaucoup plus de présence et de « chaleur » (difficile de parler de la même chaleur que lorsqu'on joue sur une vraie guitare à humbucker) dans les clairs et une bonne possibilité pour les sons hautement saturés ! C'est très complémentaire et très utile à mon avis.
 

Position A : A pour acoustique. C'est généralement là que les simulations pèchent un peu. L'acoustique a des propriétés tellement denses qu'il est déjà difficile de l'amplifier de manière fidèle, alors pour la simuler, l’opération devient très difficile ! La VG s'en sort pas mal ici aussi. Les ballades tranquilles en accords ouverts sont très convaincantes. Les sons cristallins ne sont pas mal du tout. En revanche, si vous tentez de malmener la Stratocaster dans cette position, vous tendrez vers un son un peu brouillon (j'ai dit « un peu », n'exagérons rien !) et auquel il manquera ce claquant propre aux guitares acoustiques à cordes acier. Le positionnement du sélecteur sur ce mode acoustique à un réel intérêt. Sur le micro grave, le son est assez bizarre et difficilement exploitable. Mais sur le micro aigu et les positions intermédiaires, le son bien plus convaincant !

Les accordages.
Au début un peu gadgets, on s'aperçoit rapidement qu'on se prend au jeu ! Les accordages disponibles sont :
- le D drop tunning , accordage standard à l'exception de la corde grave qui se retrouve en Ré grave.
- L'open tunning de Sol (très utilisé dans le blues et le rock) Sol-Ré-Sol-Si-Ré-Sol.
- Le fameux Dadgad (pour les accros du picking) Ré-La-Ré-Sol-La-Ré, comme son nom l'indique.
- Le B correspondant à un accordage de guitare Baritone (manche plus long permettant de s'accorder de manière standard mais plus bas tout en gardant une dynamique normale).
- Un mode douze cordes pour terminer, que je n'ai pas trouvé à mon goût. Il ressemble plus à un pitch ajouté avec une sorte de chorus. Je ne suis pas très fan... Mais je suis persuadé que c'est une histoire de goût. On ne peut pas plaire à tout le monde.

Simulation acoustique, accordage 12 cordes Simualtion Humbucker micro centre Simulation Stratocaster micro grave Son Stratocaster sans simulation micro grave Simulation Telecaster Simulation Telecaster Simulation Humbucker micro chevalet Simualtion acoustique position micro chevalet Sans Simulation micro grave Stratocaster

Même si quelques positions ne me semblent pas très utiles, la VG reste une guitare très polyvalente et est loin d'être un simple gadget. Les défauts que j'ai trouvés sur ce banc d'essai sont du côté de celui qui joue, notamment au niveau du touché. Pour un auditeur au contraire, lors d'un concert par exemple, la différence sera difficile à saisir entre l'original et la simulation. Et vous aurez la joie de jouer tout ça sur une lutherie de Stratocaster ! C'est donc un instrument relativement bien réussi et qui fera le bonheur des musiciens professionnels et accompagnateurs de studio ou des amateurs éclairés s'amusant sur des reprises diverses et variées.

La polyvalence
La lutherie irréprochable des Fender
La finition des plaques dans le dos de la guitare
La position douze cordes pas très satisfaisante