Phase de découverte
Logée dans un boite aux couleurs de Seymour Duncan, la POLARON est accompagnée d'un petit livret contenant les instructions d'utilisation, de deux autocollants logotés ainsi que 4 bandelettes scratch, à la fois très utiles pour les "pedalboarder » et frustrantes pour les autres, qui n'auront pas de quoi rendre la pédale stable lorsqu'utilisée à même le sol.
Lors de ce rapide tour de découverte, nous voyons des choses habituelles (entrée et sortie jack ainsi qu'alimentation 9/18V – secteur uniquement, pas de pile possible) et d'autres qui le sont moins, telle la prise jack intitulée KEYS – dont nous expliquerons l'utilité un peu plus bas.
En façade, nous trouvons deux footswitches silencieux intitulés BYPASS et PRESETS, un ensemble Depth/Rate/Stages accompagné d'un Reso, jouxtant des contrôles moins habituels tels les Sensibility et Tune, dont nous creuserons l'impact après avoir branché la Polarion (et peut être lu le manuel...). Nous notons la présence de 4 petites LED (1/2/3/FS) indiquant ainsi la possibilité de sauvegarder 3 de ses réglages favoris. La sérigraphie laisse entendre que certains contrôles ainsi que les deux footswtiches peuvent adopter des fonctions secondaires.
Décollage
A la pression du Bypass, première satisfaction : pas de baisse de volume – ce qui est une très bonne chose au regarde de l'absence de réglage de balance entre le son original et le son traité. Cette POLARON apparait très musicale, pour peu que ce qualificatif ait ici un sens. Tandis que certains phasers sont volontairement froids, celui ci ne l'est absolument pas, ayant une saveur toute analogique et vivante.
Nous passons rapidement les contrôles habituels de Depth et Rate, permettant d'évoluer d'un lent et très léger effet à un résultat plus extrême, annihilant toute trace de l'instrument à l'origine du son.
Une majorité des pédales d'effet de phase historique est de type 2, 4 voir 6 Stages (ou paliers). Seymour Duncan offre ici au guitariste la possibilité de choisir la richesse de la modulation, allant de 2 à 16 stages. Vous pourrez entendre les différences selon le nombre de paliers dans la vidéo de test, mais rappelons très rapidement ci-dessous de quoi nous parlons :
De manière vraiment très simplifiée, l'effet "phaser" est le résultat obtenu en envoyant un signal (celui de votre guitare) dans une série de filtres constitués d'une résistance et d'un condensateur, au sein desquels il va être divisé en deux puis traité indépendamment par chaque composant.
La partie "A" du signal va ainsi passer par la résistance ou le condensateur, tandis que l'onde de la partie "B" va être inversée et ensuite être injectée dans le composant électronique restant (résistance ou condensateur donc). En résulte une différence de phase entre les deux signaux lorsqu'ils se retrouvent en sortie de filtre. Cette étape est ensuite répétée (il s'agit ici du nombre de stage) et le résultat du changement de phase superposé au signal original entraine la création de l'effet sonore que nous connaissons, avec une impression de fréquences hautes et basses qui bougent (effet de "vague" à mes oreilles), se croisant parfois (renforcement) ou s'opposant (trous ou notchs).
Le TUNE définit le centre de la plage du filtre, tandis que le RESO gère sa "résonnance", à savoir la réinjection du signal filtré par les différents étages à un endroit défini du cycle, afin d'accentuer tel ou tel aspect (fréquences aiguës, basses, distorsion...).
L'ensemble de ces 5 contrôles permet de sculpter très précisément les sonorités du Polaron, que vous pourrez ensuite enregistrer très facilement dans un des 3 emplacements dédiés. Cette sauvegarde (grâce au digital) se réalise très facilement et sans trop de surprise en pressant les deux footswitches une seconde. La réussite de l'opération se traduit par le clignotement rapide de la LED pendant (de longues) 5 secondes. A noter que seule la position des potentiomètres Depth / Rate / Tune est enregistré : comme l'indique le manuel, il aurait été nécessaire de digitaliser le signal passant par les STAGES et RESO pour pouvoir enregistrer ces paramètres... Certains apprécieront le parti du "tout analogue" tandis que d'autres regretteront de ne pouvoir réellement sauvegarder l'intégralité des sonorités favorites.
Ces presets pourront ensuite être rappelés via le footswitch le plus à droite. Cet interrupteur permet également, après une pression longue, de passer en mode TAP TEMPO et de gérer ainsi au pied le "RATE".
Le petit plus
Une des autres particularités de ce phaser est le mode ENV, accessible en pressant longuement le switch gauche – que la pédale soit activée ou non. Cette configuration va permettre de fixer (via le potentiomètre SENS) la sensibilité de la pédale et de l'effet : la pédale va désormais réagir à l'attaque que vous exercer sur l'instrument, l'effet ne se déclenchant qu'au dessus du palier défini. Cela transforme la Polaron en un outil très créatif et réactif, permettant une réponse immédiate à vos nuances de jeu. Il faudra prendre quelques minutes pour régler judicieusement et finement cette sensibilité selon votre guitare, le morceau et votre humeur du moment. A noter que le switch de droite peut ici inverser la polarité de l'enveloppe.
Profitons-en pour expliquer la présence de l'entrée dénommée KEY : lorsqu'un signal de guitare traverse un compresseur ou un étage de distorsion, sa dynamique peut être drastiquement réduite. Dans ce cas, le mode ENV se ferait nettement plus discret et peu probant. SEYMOUR DUNCAN a ainsi envisagé l'utilisation d'un séparateur de signal en amont, l'envoyant d'une part vers (par exemple) une pédale de distorsion chainée ensuite à l'Input de la Polaron, et d'autre part vers l'entrée KEY. Ainsi, le mode ENV ne réagira non pas au signal à faible dynamique reçu de la pédale de distorsion mais à celui existant juste avant le passage par la distorsion.
Il est aussi possible de s'éviter tout cela et de simplement mettre la Polaron avant la distorsion... la position d'un phaser par rapport à l'étage de gain étant une affaire de gout. Même si on doute que beaucoup se servent de cela, cette fonctionnalité a le mérite d'exister.
Concluons
Avec cette POLARON, Seymour Duncan propose une pédale de phaser très aboutie et réussie. Si l'on s'en tient à l'utilisation "basique" de ce type d'effet, nous avons entres les mains une très bonne pédale de phase vivante, entièrement analogique, capable du minimum comme du maximum. Les sonorités sont agréables et on trouve très rapidement des réglages matérialisant LE phaser que nous avons chacun en tête, et sans perte de volume. Si on rajoute ensuite le Tap Tempo, les 3 mémoires ainsi que le mode ENV, nous obtenons pour un peu moins de 300€ une pédale de phaser extrêmement complète et polyvalente. Une réussite.
Prix conseillé : 299€ TTC