Les Danois de Volbeat, en s’emparant d’influences allant de Johnny Cash à Metallica en passant par Rancid, ont réussi à trouver un créneau encore vierge quelque part entre le punk rock, le rock’n’roll originel et le heavy metal. Le résultat, bien qu’assez spécial, est suffisamment dépaysant pour justifier la propagation de leur éblouissant succès national – numéro un des ventes – aux autres pays européens. Thomas Bredahl, guitariste et homme de l’ombre du groupe, partage avec nous quelques-unes des recettes de fabrication de leur identité musicale.
J’ai cru comprendre que tu n’étais pas issu d’une famille de musiciens. Comment t’es venu le goût de la musique ?
Thomas Bredahl : Par une guitare qui traînait dans un placard. Elle appartenait à ma mère. Elle l’avait achetée quand elle était jeune. J’étais fasciné par l’objet mais je n’avais jamais essayé d’en jouer. Un jour je l’ai prise en mains et j’ai essayé de suivre ce qui passait à la radio. C’était dur car je n’y connaissais rien et l’instrument n’était même pas accordé ! Ensuite, je me rappelle que j’écoutais beaucoup de trucs avec mon walkman. C’était bien car au moins on pouvait écouter des albums entiers. Avec un lecteur CD on pouvait zapper plus facilement et puis dans la voiture ça recommence toujours à la piste n° 1 (rires) ! Avec des cassettes, lorsque j’allais en vacances dans le sud de la France depuis le Danemark, je passais de bons moments. J’écoutais presque uniquement de la musique anglo-saxonne et comme je ne comprenais rien aux paroles je chantais en yaourt. Plus tard, j’ai demandé des cours de guitare et je me suis retrouvé dans une école très orientée sur la guitare acoustique. J’aimais le son mais le fait de faire ses « devoirs » me déplaisait. C’était un travail trop solitaire. En plus, à ce moment là je m’intéressais de plus en plus au rock…
Je me suis retrouvé dans une association de jeunes à jouer des reprises de trucs du moment ou des classiques de Deep Purple. Je m’intéressais beaucoup au grunge de Nirvana et de Soundgarden qui était en plus assez facile à jouer. Et puis j’ai découvert Green Day sur les conseils d’un ami avec l’album Dookie. C’était la révélation : des plans de guitare simples, de très bonnes chansons et une énergie affolante. Ensuite j’ai remonté leurs influences (Rancid, The Offspring, etc.) et me voilà ! Ça a mis le temps (rires) !
Au sein de Volbeat, tu n’es pas la personne qui écrit le plus... Est-ce que tu vis bien cette situation ?
Thomas Bredahl : C’est vrai. Michael Poulsen, le chanteur / guitariste et leader de Volbeat, réalise environ 90% du boulot. Il compose la majeure partie de notre musique et de nos paroles. Néanmoins, il arrive au reste du groupe d’ajouter quelques idées et puis sur le travail spécifique à la guitare, Michael et moi nous renvoyons souvent la balle. Rien n’est trop rigide. Pour les arrangements, parfois on enlève certains éléments, parfois on en rajoute d’autres. Cette fois-ci nous avons essayé de davantage jouer ensemble et je crois que ça s’entend. Mais le compositeur principal reste Michael et tout le mérite (ou presque) lui revient.
Il y a quand même le terme « guitar » dans le nom du nouvel album : ça prouve bien que tu as une place hyper importante dans le groupe !
Thomas Bredahl : (rires) Et pourtant c’est également Michael qui l’a trouvé ! Mais tous les membres du groupe sont plus ou moins fans de Social Distortion et il y a une chansons avec les paroles suivantes « I’m a guitar gangster without a tune. » Nous trouvions que Guitar Gangster ça claquait pas mal ! Nous avons un son assez américain donc cela avait du sens pour un de nos disques ! Et nous adorons les films de gangsters bien qu’aujourd’hui les gangsters ressemblent plutôt à des hommes d’affaires… Mais il fallait rajouter un truc à notre titre car nous aimons les longs noms d’albums. Le terme « Cadillac » s’est imposé encore une fois à cause de l’influence de l’imagerie américaine. En plus Elvis est très connu pour le cadeau d’une Cadillac à une vieille dame qui salive devant une vitrine. Enfin, « blood » est assez naturel (rires). En tant qu’ex-métalleux, il nous faut notre dose de sang ! De plus, nos paroles parlent d’amour mais pas de manière sirupeuse et nous voulions dire par là qu’il y a beaucoup de « blood, sweat and tears » dans l’amour. C’est donc un titre complexe avec plein de références qui s’est construit quasiment de la même façon qu’une de nos chansons !
Le nom Volbeat vient-il du nom d’un album de l’ex groupe de Michael (Dominus) : Vol. Beat ?
Thomas Bredahl : Exactement. C’est dingue, quand j’y pense, que Michael jouait dans un groupe de death avec un chant pas possible ! Il est venu vers Volbeat car il voulait exprimer son amour des vieilles chansons des années 50 comme celles d’Elvis ou de Fats Domino. Le « Vol. » est une abréviation de Volume, en fait. Mais un mot ça sonne bien et ça possède un meilleur impact visuel. Pour ma part j’ai aussi joué dans un autre groupe, Gob Squad, et nous avons réussi à sortir trois albums en dix ans !
Pour rester dans l’esprit du titre de votre nouvel album : quel est ton film de gangsters préféré (rires) ?
Thomas Bredahl : Récemment j’ai vu American Gangster et c’était très réussi. Ca montrait la vie d’un gangster qui faisait les choses bien, d’une certaine façon. Je suppose que la plupart des « vrais » gangsters ne sont pas aussi sympathiques que lui et font beaucoup de mal autour d’eux. Après je me dois de mentionner le grand classique : Le Parrain.
Quel est ton guitariste préféré ?
Thomas Bredahl : Je ne suis pas très friand des guitaristes démonstratifs. Ça va paraître bête mais un type comme Billy Joe de Green Day me plaît énormément. Quand j’entends ce qu’il fait sur les albums Warning et American Idiot où le son du groupe a pris des proportions inédites, je suis très impressionné. Il joue très bien de la gratte même s’il ne frime pas. James Hetfield est également très efficace. Tout le contraire de Kirk Hammett (rires). Angus Young ou Mike Ness sont également très doués pour donner une dimension supplémentaire à des plans assez standards. Dans les guitaristes plus récents, je pense que le mec de Billy Talent est très… talentueux (rires).
Et enfin, si tu devais acheter une Cadillac, quelle couleur choisirais-tu ?
Thomas Bredahl : (rires) Originales, ces questions ! Je ne sais pas si je pourrais me payer ça un jour. En plus, il pleut tout le temps au Danemark. Le noir ou le rose me paraissent le plus cool. Si j’ai plein d’argent à mettre en l’air, je le ferais, mais sérieusement avec le temps danois ça ne sert à rien d’investir là-dedans (rires). J’aimerais bien en conduire une, un jour, juste pour m’amuser avec.
Volbeat – Guitar Gangsters And Cadillac Blood
Mascot Records
www.volbeat.dk
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