Tom Petty And The Heartbreakers

Heureusement, les différences existent. En bon rocker, Tom Petty n’hésite pas à envoyer la grosse artillerie en termes de boogie… et ce dès le premier titre, Jefferson Jericho Blues, dont le riff fera date dans la discographie du bonhomme. Mais Mojo va plus loin encore. I Should Have Known It ferait passer les Heartbreakers pour Monster Magnet. On attend maintenant un album entier de stoner de leur part car, si I Should Have Known It est un avant goût de ce qui est à venir, on est déjà impatient de connaître la finalité ! Enfin, Good Enough, intelligemment placé en dernière piste, voit le groupe se libérer dans la meilleure « jam section » de l’album. Le morceau en profite pour repositionner la guitare dans son rôle de « pourvoyeur de soli déchirants » de la plus belle des manières.

Mojo se fait également remarquer par ses ballades et c’est relativement nouveau pour le groupe. Malgré des ressemblances à la limite du plagiat de l’éternel Robert Zimmerman, The Trip to Pirate's Cove et Something Good Coming ont de solides arguments à faire valoir. La première, construite comme une berceuse hypnotique où la gratte lead de Mike Campbell se fond merveilleusement bien sur le travail de la section rythmique, et la seconde, plus triste et un brin plus téléphonée, sont d’excellents écrins pour la voix gémissante et multi-facettes de Tom Petty.

Toutefois, avec ses quinze titres, Mojo n’évite pas les ratés. Candy voit le groupe imiter du mieux possible Creedence Clearwater Revival. L’exercice, s’il est techniquement réussi, manque cruellement de motivation et d’âme. La même remarque sera faite à propos de Takin’ My Time ou High In The Morning qui ne possèdent pas suffisamment l’ADN de Tom Petty pour réellement faire adhérer. Tout le contraire de Don’t Pull Over, un des tout meilleurs titres de Mojo, qui parvient à fusionner les univers des deux plus grands Bob de l’histoire de la musique - Marley et Dylan – tout en signant un beat ravageur de reggae rock. Une sacrée surprise qui montre que le groupe en a encore sous la pédale, trente-quatre ans après la parution de son premier album.

Dans sa quête effrénée du blues, on peut se demander pourquoi Mojo ne présente aucune reprise. Cela aurait sans nul doute permis au disque de se délester de ses titres les plus faibles – assez nombreux finalement – pour se concentrer sur des interprétations censées et sensibles de trésors plus ou moins connus de leur public. Tom Petty n’a peut être pas la force de frappe d’un Gary Moore, la subtilité d’un Dylan ou l’énergie d’un Springsteen mais Mojo nous rappelle, qu’avant tout, son succès est dû à sa science de la composition. Une écriture forte qui reste crédible quels que soient les arrangements – rock, folk ou blues – et qui font notre bonheur depuis pas moins de quatre décennies.

Line-up :
Tom Petty (chant+guitare)
Mike Campbell (guitare)
Benmont Tench (claviers)
Ron Blair (basse)
Scott Thurston (guitare+harmonica)
Steve Ferrone (batterie)

Discographie :
Tom Petty And the Heartbreakers, 1976
You're Gonna Get It, 1978
Damn The Torpedoes, 1979
Hard Promises, 1981
Long After Dark, 1982
Southern Accents, 1985
Pack Up The Plantation, 1985
Let Me Up (I've Have Enough), 1987
Into The Great Wide Open, 1991
Greatest Hits, 1993
Playback, 1995
She's The One, 1996,
Echo, 1999
The Last DJ, 2002
Live Anthology 1978-2007, 2009
Mojo, 2010

Tracklisting de Mojo (en gras les morceaux essentiels) :
1. Jefferson Jericho Blues 3:24
2. First Flash of Freedom 6:53
3. Running Man's Bible 6:02
4. The Trip to Pirate's Cove 5:00
5. Candy 4:12
6. No Reason to Cry 3:04
7. I Should Have Known It 3:36
8. U.S. 41 3:01
9. Takin' My Time 4:21
10. Let Yourself Go 3:23
11. Don't Pull Me Over 4:05
12. Lover's Touch 4:24
13. High In the Morning 3:36
14. Something Good Coming 4:11
15. Good Enough 5:57


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