Ce projet d'album de reprises,
Révisionnisme, mûrit depuis pas mal de temps. Comment expliquer qu'il se fasse maintenant plutôt qu'à un autre moment ? Fallait-il rétablir le nom de The CNK ?
Hreidmarr : On y pensait effectivement depuis des années, et on s’est posé la question de savoir si on sortait d’abord un album original, ou cet album de reprises. On savait que certains allaient nous reprocher ce choix, soit parce qu’il ne serait pas perçu comme un « vrai » album, soit parce qu’après seulement deux albums, c’est « trop tôt », mais comme d’habitude, on s’est dit : «
rien à foutre ».
Avez-vous enregistré le disque au fil de l'eau ou en une session ?
H. : Une seule. À l’ancienne, car on est des vieux cons. Il y a eu deux phases. On a commencé à bosser au studio Zoe H sur les arrangements, la pré-production. Nous avons ensuite enregistré et mixé au Drudenhaus, parce qu’en plus d’être des vieux cons, nous sommes aussi des hipsters, et nous voulions un chouette son analogique, pas juste un truc tout compressé par un branleur avec un Pro Tools.
Qui a contribué aux idées de titres à reprendre ?
H. : Tout le monde. La démarche de base était simple. Chacun a amené une liste d’une dizaine de morceaux qu’il aimerait reprendre, y compris Snowy, qui a été considéré comme un membre du groupe à part entière sur cet album. Mais évidemment, on s’est retrouvé avec quelque chose comme une cinquantaine de morceaux, et il a bien fallu faire des choix. On en a beaucoup débattu, puis, par élimination, on est parvenu au tracklist de l’album. Mais c’est un processus qui a pris beaucoup de temps, et qui nous a valu des discussions plutôt animées (rires). Au final, on a tenté de laisser de côté le sentimentalisme à la con, pour privilégier l’efficacité, la cohérence de l’ensemble, et faire en sorte que tout cela sonne comme un véritable album de CNK, même si bien sûr, on sait qu’il restera toujours un peu à part.
Il y a 11 titres sur
Révisionnisme, dans des styles d'origines assez variées et des rendus éclectiques. Fort de cette expérience, peux-tu nous définir ce qui pour toi rend une reprise, sinon bonne, au moins digne d'intérêt ?
H. : Aimer le morceau, comprendre le groupe et son essence, c’est un début. Ne pas trahir cette essence, tout en s’appropriant le morceau, c’est l’exercice le plus délicat. Pour moi une bonne reprise doit sonner comme un morceau du groupe qui la reprend, et à la limite, si on ne connait pas l’original, on ne devrait même pas pouvoir l’identifier en tant que « reprise ». Tout cela en gardant cette essence dont je parlais. Et c’est beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît.
H. : Oui, on a commencé à travailler sur des ébauches, dont pas mal ont été abandonnées en cours de route car elles ne fonctionnaient tout simplement pas à la sauce CNK. Il y avait effectivement « Because The Night », que nous avons vraiment retourné dans tous les sens avant de la laisser tomber, ou encore
«
Free Bird » de Lynyrd Skynyrd,
«
God of Thunder » de Kiss,
«
Wave of Mutilation » des Pixies ou
«
Bad to the Bone » de Georges Thorogood…
Comment
Snowy Shaw s'est retrouvé si fortement impliqué sur
Révisionnisme ?
H. : Cela fait des années que l’on se connaît, on s’est rencontré à l’époque où lui et moi étions tous les deux signés sur Osmose, lui avec Notre Dame, moi avec Anorexia. On s’apprécie mutuellement, et on parlait depuis longtemps de faire quelque chose ensemble. Et l’album de reprises était le contexte idéal pour ce genre de collaboration. Collaboration, révisionnisme, what else ?
L'album s'ouvre sur un medley de Gary Glitter. Pourquoi ce choix ?
H. : On est über fans de Gary Glitter ! A la base, c’était une idée de Snowy et moi. Il m’avait parlé de reprendre «
Rock n’ Roll part II », sauf que ce morceau est un peu succinct au niveau du chant (ça doit se limiter à «
hey hey hey »)… Je lui ai donc proposé de le compiler avec deux autres gros hits, à savoir
«
Angel Face », et
«
Do You Wanna Touch », aux lyrics plein de jolies métaphores…
À l'inverse de ce choix surprenant, il y a du Slayer, qui est le groupe le plus attendu. Vous ne pouvez pas vous empêcher de faire dans les extrêmes (rires) ?
H. : Perso, j’aurais préféré
Johnny Rebel, mais voilà, je ne suis pas tout seul.
Révisionnisme est sorti depuis trois bons mois. Quels genres de retours, positifs et négatifs, avez-vous reçus qui vous ont le plus surpris ?
H. : Curieusement, on n’a pas vraiment eu de retours négatifs, ou plutôt, ils ont cessé après la sortie de l’album, c’était plus des a priori négatifs, genre : «
Quoi un album de reprises ? C’est naze, bande de feignasses… ». Mais depuis, tout le monde est à peu près d’accord pour dire qu’on est les meilleurs, ce qui n’est guère surprenant.
As-tu entendu l'album de reprises de
Therion,
Les Fleurs du Mal ? Ton avis sur la démarche et le résultat ?
H. : Oui, j’ai écouté, c’est vraiment de la merde.
J'imagine que The CNK a également quelques compositions originales prêtes. À quel horizon prévois-tu de les sortir et dans quelle veine se situent-elles ?
H. : Cela fait déjà quelque mois que l’on travaille sur le prochain album, on doit avoir quelque chose comme une dizaine de morceaux, dont certains sont pas mal avancés. Ça va aller relativement vite je pense, on espère enregistrer dans le courant de l’année, peut-être cet été. Pour l’instant, je dirais que les nouveaux morceaux sont plus orientés guitare, assez violents, avec un côté plus « street ». Je pense que ça va surprendre pas mal de monde.
Quelles sont vos envies actuelles en termes de scène ?
H. : Tourner à l’étranger, comme on commence à le faire. On prépare aussi un gros show à Paris le 1er mars au Divan du Monde, avec nos amis toxicomanes de
Diapsiquir, et les Joy Division français,
Varsovie.