Tankrust – The Fast of Solace

Publié le 24/02/2016 par Nicolas Didier Barriac
Tant qu'il y aura du metal il y aura du death Old School ! C’est avec ce crédo que Tankrust s'est mis en tête de sortir sa musique. Encore perfectible, elle montre néanmoins quelques signes très encourageants de résilience. Le chanteur du gang, KooTôh, a pris quelques instants pour nous conter les spécificités de cette "rouille de réservoir".

Ça faisait un moment qu'on n’avait pas entendu un groupe de death aussi ancré dans l'Old School en France. Qu'est-ce qui te plait dans cette scène qu'on ne retrouve plus trop dans les productions actuelles ?   
KooTôh : Plus qu’une réelle volonté c’est sans doute le fait que cela a bercé l’adolescence de chaque membre du groupe. On aime la scène Old School par ce qu’elle nous a fait entrer dans le metal, et a fait grandir ses racines en nous. Mais on aime tout autant découvrir des nouveaux groupes, des nouveaux styles qui peuvent nous surprendre et nous emporter ! Après, c’est sûr que quand on compose on retrouve forcément cette influence Old School, qui est là même sans qu’on y pense.

Malgré tout, Tankrust n'a pas occulté tout ce qui a pu se faire depuis le début des années 90. En dehors de ces influences Old School qu'est-ce qui nourrit principalement le groupe ?   
K. : On se nourrit de ce qui vient du metal au sens large. Chaque membre ayant des influences variées et différentes, ce sera des petits bouts de ces influences qui vont être distillés dans les morceaux par touches plus ou moins marquées. Du hardcore, du brutal death, du metalcore... Difficile de citer précisément des sources tellement elles sont nombreuses ! Ce qui nourrit le groupe c’est justement cet océan global et inépuisable du metal qui se perpétue… et notre fraternité bien sûr !

A la fois la pochette et la production sont réussies pour The Fast Of Solace. C'est difficile pour un nouveau groupe de soigner ces « points de détail » ? Souvent, le manque de moyens ou le manque de recul face à l'importance de ces facteurs fait agir dans la précipitation…    
K. : Merci. On a effectivement tenu à ne rien laisser au hasard ou à l’à peu près. L’aspect financier reste un obstacle modéré. On peut recourir à des gens compétents et avoir une bonne production sans se ruiner, de nos jours. Le manque de recul ou de prise de conscience sur l’importance d’une telle prod’ est effectivement handicapant, ce qui fait que nous avons pris notre temps. Mais, à partir du moment où on est investi entièrement dans le projet, ce n’est plus un point de détail, c’est un passage obligé, qu’il faut concrétiser au mieux !

Quelle est la signification du titre de l'album ? On pourrait le traduire par « le jeûne du réconfort » mais du coup le lien avec l'illustration est assez spécial (rires).     
K. : (rires) Merci ! On est toujours ravis quand il y a un intérêt porté à ces points-là. Ça rejoint la question que tu posais précédemment, de ces choses qu’on a soignées ! Tu as très bien traduit le titre. Cela signifie qu’on refuse de se laisser bercer par les douces paroles ou images qu’on nous sert afin de nous faire oublier les problèmes de notre quotidien. On préfère rester lucides, même si la vérité n’est pas (toujours) belle. L’illustration a donc un double symbole : le premier est d’être l’empreinte du passé qui perdure et fait lien avec le présent. Le deuxième est d’être ce squelette qui symbolise le jeûne. C’est spécial... mais pas par hasard !

Quels sont les 3 morceaux que tu recommandes d'écouter sur The Fast Of Solace pour qu'on en prenne la température ?   
K. : Personnellement je dirai DMZ, Barbarians et Autonomy Des morceaux du passé et du présent qui donnent une idée de l’éventail des compos et de l’énergie qu’on veut y insuffler

Vous dégagez énormément d'énergie en live. Vous êtes encore à un stade où les compositions vous servent d'exutoire ou c'est juste votre nature ?   
K. : Les deux mon général ! La musique a toujours été notre exutoire et on aimerait que nos compos le soient pour le public. D’un autre côté, je crois que c’est indissociable de notre nature. Cette énergie, on l’a en quantité et on la distribue autant qu’on peut sans jamais nous économiser ! Sur la scène ou dans la fosse, on vit pour cette vague qui t’emporte !

La plupart des groupes « Old School » ont fini par évoluer vers d'autres types de metal voire carrément de musique. Sur The Fast Of Solace, un morceau me fait penser à un autre style : Cleaver. Penses-tu que Tankrust va suivre une trajectoire musicale surprenante ?    
K. : Je crois qu’on essaiera de toujours nous surprendre nous mêmes ! Cleaver est un exemple du fait qu’on compose sans penser à un type de metal en particulier mais à tout ce qui nous plaît. Du coup, on suivra certainement une trajectoire qui sera peut être pas orthodoxe mais qui comportera toutes ces nuances qui nous font vibrer. Je suis donc incapable de te dire ce à quoi ça ressemblera mais je suis sûr que ça aura toujours de l’énergie et que malgré tout, on nous reconnaîtra dans ces nouveaux morceaux.

Un morceau figure en double par rapport à l'EP que vous avez sorti en 2013 : Dead Pools. Pourquoi ce choix et pourquoi en avoir écrit une nouvelle version deux ans plus tard ?    
K. : Au moment où on a enregistré l’EP on savait qu’on pouvait encore faire évoluer certains morceaux. Dead Pools est très fédérateur et on trouvait que ça méritait qu’on lui donne une seconde vie sur l’album. En écho à ce qu’on avait œuvré avant mais avec plus de puissance !

Les membres du groupe ont pas mal d'expériences dans d'autres combos. Pour ta part, où as-tu joué et qu'est-ce que ça apporte à Tankrust aujourd'hui ?  
K. : Question complexe. Mes précédentes expériences musicales ont été moins metal que pour les autres membres de Tankrust et surtout moins abouties. J’ai évolué avec Tankrust donc c’est surtout le groupe qui m’apporte des choses. Les autres membres ont certainement apporté une vision extérieure très bénéfique, une maturité qui ont donné plus de profondeur et une véritable identité au groupe.  Pour ma part c’est aujourd’hui que j’ai démarré un projet parallèle (Clegane, groupe de Doom) parce que Tankrust m’a fait mûrir musicalement. Je pense qu’en retour, cette expérience va m’apporter plus de sérénité dans le groupe.

Quels sont les groupes avec qui tu aimerais partager l'affiche ? Et pour qui rêverais-tu s'assurer la première partie ?   
K. : (rires) Si tu poses la question aux cinq membres tu auras cinq réponses différentes ! On pourra certainement te citer toute une liste de groupes avec lesquels chacun d’entre nous rêve de partager une affiche, comme Kronos, Raised Fist, Waltari, ou (plus gros) Judas Priest, Lamb of God… On a d’ailleurs déjà eu la chance d’être sur des affiches avec des groupes comme Septic Flesh ou Debauchery, et c’était génial, des gars vraiment sympas en plus ! Mais au final, on aime partager la scène avec tous ceux qui dégagent cette énergie et cette fraternité qu’on essaie de véhiculer. C’est sûr qu’une grosse scène ça met des étoiles dans les yeux, mais une petite salle bondée avec des groupes qui se donnent à fond et qui font la fête, c’est des putains de moments aussi !

 Tankrust – The Fast of Solace
Almost Famous
www.tankrust.com